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MAME LESS CAMARA (JOURNALISTE) :« L’originalité de la situation au Ps, c’est l’installation d’une opposition interne qui refuse de partir.»

Lundi 20 Février 2017

Pour notre confrère, éminent analyste politique et enseignant, il est possible qu’une candidature éventuelle du maire de Dakar à l’élection présidentielle de 2019 soit finalement un acte destiné à sauver l’honneur du doyen des partis politiques au Sénégal. Un témoignage pour l’histoire en quelque sorte.


Que vous inspire la situation actuelle du parti socialiste avec l’affaire Khalifa Sall ?
L’affaire Khalifa Sall est, de même abord, la conséquence de l’absence de débat au sein de la hiérarchie du parti socialiste. Le consensus permanent n’est qu’une apparence qui masque mal la prééminence de l’avis du chef du Parti. Cette situation s’est installée depuis que le bicéphalisme en vigueur au début des années 1960 avait failli mener le Sénégal au chaos, suite aux choix politiques contraires du Président Léopold Sédar Senghor et du chef du gouvernement de l’époque Mamadou Dia. L’ultra présidentialisme instaurée par le vainqueur, Senghor, perdure et constitue un obstacle au débat d’idées. Des leaders comme Djibo Kâ, Moustapha Niasse, Robert Sagna, Mamadou Diop, Souty Touré ont quitté le Ps dont la direction avait refusé de donner suite à leurs demandes de reconnaissances des courants politiques au sein du parti. L’originalité de la situation actuelle, c’est l’installation d’une véritable opposition interne qui refuse de partir, laissant le Ps aux mains de la direction.
 
Que comprenez-vous de sa stratégie ?
Khalifa Sall explore actuellement le Parti socialiste afin d’avoir une idée claire du rapport de forces entre lui et la direction. Au plan interne, il tâte le pouls du pays comme en attestent ses voyages à l’intérieur. Il devra s’ouvrir à des alliances électorales, mais exclusivement avec des forces électorales disposées à lui laisser le leadership de l’attelage. Cela va le contraindre à ne tisser des coalitions qu’avec des partis de petite envergure, ce qui est une hypothèque à son élection,
 
Face à Ousmane Tanor Dieng, Khalifa Sall est-il dans la tactique ou gère-t-il une stratégie ?
Tanor Dieng ne saurait être autre chose pour Khalifa Sall qu’un obstacle à surmonter pour mobiliser le parti, en majorité ou non, pour soutenir sa candidature. L’actuel Secrétaire général du Ps n’est pas un candidat à l’investiture de son parti. Il cherche, au contraire, à soutenir le président sortant, Macky Sall, candidat déclaré et leader de la coalition Bennoo bokk yakaar à laquelle appartient le Ps.
 
Beaucoup de ses supporters, sympathisants et même adversaires lui reprochent un attentisme un peu trop prononcé. Ont-ils raison ?
Khalifa Sall a trop attendu pour assumer, enfin, sa candidature. Cela entretient la confusion, car on ne sait pas s’il s’engage par ambition personnelle ou pour sauver l’honneur du Ps qui a toujours présenté des candidats à toutes les élections. Son discours teinté de nostalgie avec des références récurrentes à Léopold Sédar Senghor semble renforcer la thèse d’une candidature pour l’honneur du Ps.
 
Ses références nouvelles à Senghor et Abdou Diouf ne seraient-elles pas une fuite en avant face aux exigences qui l’interpellent ?
En se voulant l’héritier des grandes figures historiques du Ps (Senghor et Diouf totalisaient 39 ans à la tête de l’Etat), Khalifa Sall reprend, peut-être inconsciemment, la posture de Djibo Kâ il y a deux décennies. Il revendique la légitimité/rénovation du Parti socialiste. Cette posture avait mené Djibo Kâ hors du Ps alors que c’est Ousmane Tanor Dieng, chef de file de la légalité/refondation, qui avait remporté le bras de fer, Jusqu’où l’histoire va-t-elle se répéter ? On verra.
 
Au fond, le maire de Dakar n’est-il pas une simple victime du Président de la République ?
Je ne le crois pas. On ne saurait tenir Khalifa Sall pour une victime du Président Macky Sall. D’ailleurs il semble éviter l’affrontement direct avec le chef de l’Etat, alors que l’opposition du gouvernement à ses projets-phares aurait dû le faire entrer clairement en conflit avec le Président de la République. C’est Khalifa Sall qui a sans aucun doute trop tergiversé alors que le Ps vit le prologue d’un processus de scission réactivée en 1996 avec le Congrès sans débat qui consacrait la victoire du camp d’Ousmane Tanor Dieng. (Par Momar Dieng)
 
 
 
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