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Les gangs continuent d'étendre leur emprise sur la capitale haïtienne, alerte l'ONU

Jeudi 21 Mars 2024

Les gangs continuent d'étendre leur emprise sur la capitale haïtienne, alerte l'ONU

Les gangs armés étendent encore leur emprise sur la capitale Port-au-Prince, a averti jeudi la coordinatrice spéciale de l'ONU en Haïti, au moment où les négociations en vue de former des autorités de transition à la tête du pays semblent en passe d'aboutir.

 

"Au cours des derniers jours, les gangs ont avancé dans de nouvelles zones de la capitale", a déclaré jeudi Ulrika Richardson, la coordinatrice humanitaire de l'ONU pour le pays.

 

"Nous voyons des personnes arriver de plusieurs endroits autour de Port-au-Prince avec des blessures par balles", a-t-elle raconté lors d'un point presse vidéo depuis Haïti, ajoutant qu'"un très grand nombre de personnes ont dû fuir leur quartier" à mesure que les gangs avancent.

 

Ces bandes armées contrôlaient déjà en 2023 80% de la capitale selon l'ONU et sont accusées de nombreuses exactions: meurtres, viols, pillages et enlèvements contre rançon.

 

"La situation en Haïti et à Port-au-Prince en particulier est passée de très inquiétante à extrêmement alarmante", a alerté Mme Richardson, décrivant un quotidien fait de "barrages routiers, son des tirs d'armes, et beaucoup de tension dans les rues".

 

La capitale a été notamment marquée ces derniers jours par des affrontements à Pétion-Ville, banlieue aisée de Port-au-Prince.

 

Des hommes armés ont tenté mardi soir et mercredi de prendre le contrôle de plusieurs quartiers de cette commune, où quatorze corps sans vie ont été retrouvés lundi.

 

Après une matinée relativement calme jeudi dans l'agglomération de Port-au-Prince, des tirs ont été entendus dans le centre-ville de la capitale dans l'après-midi, selon des habitants interrogés par l'AFP.

 

Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est par ailleurs déclaré jeudi "gravement préoccupé par le flux illicite d'armes et de munitions vers Haïti", et a réaffirmé l'obligation des Etats membres à respecter l'embargo en vigueur sur les armes.

 

- Attente -

 

Haïti, qui vivait déjà une profonde crise politique et sécuritaire, est en proie à un regain de violences depuis le début du mois, lorsque plusieurs gangs ont uni leurs forces pour attaquer des lieux stratégiques de Port-au-Prince dans le cadre d'une lutte contre le Premier ministre Ariel Henry.

 

Très contesté, ce dernier n'a pas pu regagner son pays après un déplacement au Kenya au début du mois. Il a accepté de démissionner le 11 mars.

 

Le même jour, plusieurs pays et organisations comme la Communauté des Caraïbes (Caricom) s'étaient réunis d'urgence en Jamaïque.

 

Un futur conseil présidentiel de transition, qui doit notamment être composé de représentants de partis politiques haïtiens, avait été annoncé à l'issue de la réunion.

 

Ce conseil doit tenter de remettre le pays, dont des pans entiers sont aux mains des gangs armés, sur le chemin de la stabilité.

 

Après plusieurs jours de pourparlers, chaque groupe s'est a priori accordé jeudi matin sur un choix de représentant, et le parti de gauche Pitit Desalin, qui avait initialement renoncé à se faire représenter, est revenu sur sa décision, selon un correspondant de l'AFP.

 

Le secrétaire général de l'ONU a salué jeudi le fait que "les parties prenantes haïtiennes ont toutes choisi leur représentant pour le conseil présidentiel de transition" et a appelé à "maintenir l'élan et le travail de cohésion", selon son porte-parole adjoint Farhan Haq.

 

Haïti reste pour l'heure sans président ni parlement: le dernier chef d'Etat, Jovenel Moïse, a été assassiné en 2021. Et le pays n'a connu aucune élection depuis 2016. Ariel Henry, nommé par Jovenel Moïse, aurait dû quitter ses fonctions début février.

 

- Choléra -

 

En attendant, la capitale est confrontée à une grave crise humanitaire.

 

"Moins de la moitié des établissements de santé de Port-au-Prince fonctionnent normalement", a indiqué jeudi le directeur général de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus, évoquant des pénuries de médicaments et de produits sanguins.

 

Et "l'épidémie de choléra (...) pourrait reprendre si la crise se poursuit", a-t-il mis en garde.
 

L'aéroport de Port-au-Prince reste fermé tout comme une partie du port, a également précisé Ulrika Richardson, évoquant des difficultés d'accès aux carburants.

 

"Le reste du pays ne connaît pas les mêmes violences que la capitale, mais subit des conséquences: la disponibilité des carburants y est moindre, par exemple", a-t-elle souligné.

 

Plusieurs camions citernes ont toutefois pu être chargés dans le principal terminal pétrolier de la capitale jeudi après plus de trois jours d'inactivité, selon un correspondant de l'AFP.

 
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