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Les désaccords Valls-Hamon au cœur du 2e débat de la primaire

Lundi 16 Janvier 2017

PARIS (Reuters) - Les désaccords entre Manuel Valls et Benoît Hamon ont dominé dimanche le deuxième débat de la primaire de la gauche, en particulier sur l'accueil des migrants et le cannabis, Arnaud Montebourg restant en retrait de cette confrontation pour défendre notamment une offensive pour réorienter l'Europe.

Une autre différence est apparue sur la place du chef de l'Etat entre un ancien Premier ministre mettant en avant son expérience et Benoît Hamon, qui a regretté l'"immaturité de la démocratie française à guetter (...) le président providentiel".

"Ça n'existe pas", a ajouté l'ancien ministre de l'Education nationale, exprimant son désir de "rassembler la gauche non pas sur sa personne mais sur les thèmes" qu'il défend.

Selon un sondage Elabe pour BFM TV, Arnaud Montebourg a été jugé le plus convaincant (29%), devant Manuel Valls (26%) et Benoît Hamon (25%) par les 1.053 téléspectateurs testés. Chez les seuls sympathisants de gauche, Benoît Hamon arrive en tête avec 30%, devant Manuel Valls (28%) et Arnaud Montebourg (24%).

Invité lui aussi à s'exprimer sur la place du chef de l'Etat lors des plus de deux heures et demie de débat sur BFM TV et iTELE, Arnaud Montebourg a promis de combattre "un mur des puissants" constitué des grandes fortunes et des banques.

Face à ce mur, "une présidence forte, c'est celle qui défend l'intérêt des Français", a dit l'ex-ministre de l'Economie. "C'est ce qui a manqué ces derniers temps", a-t-il ajouté, une pique à François Hollande et Manuel Valls.

Arnaud Montebourg a développé ce thème, en défendant un projet économique pour l'Europe.
"Nous devons mettre fin à l'austérité", a-t-il dit, en promettant de "rouvrir les hostilités" contre un bloc conservateur et dénonçant les accords commerciaux en cours de négociation, accusés d'organiser le "désarmement unilatéral".

CHOC SUR L'ACCUEIL DES MIGRANTS
La politique d'accueil des migrants a provoqué la première nette opposition des débats précédant le premier tour, Manuel Valls s'opposant à la plupart de ses six concurrents.

L'ancien Premier ministre a défendu avec vigueur l'attitude de la France, qui a accueilli depuis 2015 moins de migrants que d'autres pays européens, l'Allemagne au premier rang.
"J'en ai assez qu'ici comme ailleurs on mette toujours cause la France", a dit Manuel Valls. "Ou on ouvre les frontières ou on est capable de les maîtriser !"

Il a reconnu que la France n'avait pour l'heure accueilli que 5.000 réfugiés sur les 30.000 qu'elle a promis, et défendu cet objectif, plus faible s'il est rapporté au nombre d'habitants que celui promis ailleurs, en expliquant que les Français ne souhaitaient pas un accueil massif.

La France - un des pays "les moins volontaires pour faire face à ce qu'était cette détresse" - n'a pas été à la hauteur, a déploré Benoît Hamon, interpellant directement Manuel Valls et jugeant que "nous pouvons accueillir davantage de migrants".

Avec Manuel Valls, "nous avons un désaccord profond" sur l'accueil des réfugiés, a expliqué Vincent Peillon, reprochant à l'ancien Premier ministre d'avoir fait "la leçon" en Allemagne à la chancelière Angela Merkel, qu'il avait accusée devant des journalistes d'avoir ouvert les portes de l'Europe aux migrants.

Manuel Valls et Benoît Hamon se sont également opposés sur le projet de ce dernier de légaliser le cannabis, un produit interdit mais largement consommé en France, Arnaud Montebourg et Vincent Peillon ne donnant pas de réponse définitive.

"IL FAUT DES INTERDITS", DIT VALLS
La prohibition n'est efficace ni contre la consommation ni contre le trafic, a assuré Benoît Hamon, qui prône de légaliser la distribution pour la contrôler et répondre plus efficacement aux "addictions extrêmement graves" liées au cannabis.

Manuel Valls a au contraire jugé qu'"il faut des interdits dans une société". "Si vous légalisez le cannabis, vous aurez de toutes façon un cannabis plus dur, coupé autrement, qui alimentera d'autres trafics", a-t-il assuré.

Sur l'élection de Donald Trump et la politique du président russe Vladimir Poutine, un large consensus est apparu entre les candidats sur la nécessité d'affirmer l'indépendance de la France tout en construisant davantage l'Europe de la Défense.

Manuel Valls a, à cette occasion, répété son intention d'imposer une taxe carbone européenne sur les produits américains si le président Donald Trump décidait de ne pas respecter les engagements environnementaux de la COP21.

Un dernier débat opposera les sept candidats le 19 janvier avant le premier tour, le 22. Une dernière confrontation opposera les deux finalistes le 25 janvier avant le deuxième tour, prévu le 29.

Sept candidats sont en lice, les socialistes Manuel Valls, Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Vincent Peillon, Sylvia Pinel du Parti radical de gauche, Jean-Luc Bennahmias, du parti Front démocrate et l'écologiste François de Rugy.

Le Parti socialiste a prévu quelque 7.500 bureaux de vote et espère une forte participation, à l'image de celle de la primaire de la droite pour laquelle plus de quatre millions d'électeurs s'étaient déplacés en novembre.
 
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