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Les JOJ 2026 comme instrument de soft power pour le Sénégal (Par Dr. Alioune Aboutalib LÔ)

Jeudi 23 Octobre 2025

A travers les JOJ, le Sénégal a une incroyable occasion de déployer à la face du monde ce pour quoi un investisseur, un touriste, un étudiant, un globe-trotter, un digital nomade pourraient choisir le… Sénégal comme destination de séjour ou d’affaires. Du 31 octobre 2026 au 14 novembre 2026, notre pays sera la capitale mondiale du sport de la jeunesse. Tous les projecteurs seront braqués sur ce territoire ouest-africain qui devrait recevoir des centaines de participants, des centaines de journalistes et des milliers de visiteurs. Pour le Sénégal, avec un événement aussi fortement médiatisé, les objectifs sportifs doivent s’allier à des objectifs stratégiques extra-sportifs.
 

Objectifs sportifs 

 

Même si « l’essentiel est de participer » comme le concevait Pierre de Coubertin, le Sénégal doit se préparer à briller sportivement comme tout pays organisateur d’événements sportifs. L’enjeu est aussi de montrer le potentiel de notre jeunesse dans le domaine du sport, devenu aussi une industrie qui pourrait espérer davantage d’investissements au Sénégal au sortir des JOJ. 

 

Organisation et infrastructures 

 

Pour les évènements sportifs grandeur nature, le premier défi est toujours celui de l’organisation et des infrastructures. Le Sénégal doit être en mesure de relever ce challenge qui lui permettrait de devenir une référence dans le domaine, un benchmark pour tous les pays africains, et surtout de la sous-région. Alors que ce seront les premiers Jeux Olympiques organisés sur la terre africaine, Dakar doit aussi montrer que le continent qui court encore derrière l’organisation de ces compétitions (depuis la Coupe du Monde de 2010 en Afrique du Sud), est bien capable d’abriter ces événements en s’alignant sur les meilleurs standards mondiaux.

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Le stade Léopold Sedar Senghor, un des lieux d'attraction des JOJ  


Le pays doit surtout en profiter pour « showcase » (mettre en valeur) ses infrastructures haut de gamme, autant sur le plan sportif, culturel mais surtout touristique. Tout au long des jeux, les visiteurs doivent être en mesure, via des expositions, de découvrir tout le potentiel du pays, ses lieux touristiques, ses hôtels, ainsi que son hospitalité, notre « Téranga » légendaire. Celui qui découvre le Sénégal lors des JOJ doit avoir l’envie d’y revenir.

 

Lier l’image de nos marques (entreprises) à celle du pays 

 

Eric Dénécé disait que « les instruments de la puissance américaine sont autant CNN et Hollywood, Coca Cola, McDonald et Nike, la langue, les phénomènes culturels ou de mode de vie, que les porte-avions ou les missiles de croisière ». Les marques de voiture allemandes ont positionné l’Allemagne comme une référence incontournable dans l’industrie de l’automobile. Ces exemples montrent que l’image d’un pays et son savoir-faire sont aussi véhiculés par les entreprises qui la représentent.

Le Sénégal doit être capable de mettre en exergue ses meilleures entreprises qui interviendront dans l’organisation des JOJ. Alors que le pays cherche à se positionner comme un hub numérique dans le cadre du New deal technologique, les JOJ sont une occasion de donner de la visibilité à nos entreprises intervenant dans le domaine de la digitalisation de façon à les intégrer dans notre stratégie de country branding. Même si nous n’avons pas encore suffisamment de champions nationaux, le domaine digital pourrait être une belle niche, pour booster nos startups mais aussi en devenant une référence dans ce domaine en Afrique de l’Ouest.

 

Culture

 

Linda Yueh (2020) affirme que : « L'investissement peut être motivé par les ‘esprits animaux ‘de John Maynard Keynes, c'est-à-dire que les décisions ne sont pas nécessairement fondées sur des mesures conventionnelles du risque, mais sur des perceptions et des croyances. L'impact économique du soft power, qui peut améliorer la réputation d'un pays, ne doit pas être sous-estimé. » Dans un contexte où la situation et réputation économiques du Sénégal sont fortement écornées par une dette à plus 130% de son PIB, le gouvernement doit davantage miser sur ses attributs qualitatifs pour rester attractifs. Les JOJ seront une parfaite vitrine pour mettre en relief la belle culture sénégalaise, la paisibilité du pays, notre belle façon de vivre en communion et dans la tolérance ainsi que la richesse de la diversité ethnique. Notre identité de pays de paix et de stabilité doit être un des leviers majeurs à rentabiliser pour renforcer notre attractivité.

ImageLa culture en quête d'une place de choix dans le déroulé des JOJ 2026

 


Pour mettre en œuvre ces stratégies, les organisateurs et l’État doivent aller au-delà de la conception strictement sportive de l’évènement. Durant les deux semaines de compétition, des programmes culturels (concerts, danses, programme cinématographique spécial, conférences culturelles, etc) doivent se juxtaposer aux compétitions sportives. Les médias devront aussi être suffisamment exploités pour renforcer la visibilité nationale et internationale de l’événement. Un narratif alliant JO et identité africaine doit se construire. Des stands d’entreprise, d’université ou des agences de l’État doivent jalonner les infrastructures sportives exploitées.

 

Les JOJ, comme beaucoup d’évènements et de disciplines sportifs, constituent un moyen de mettre en valeur le potentiel de soft power d’un pays. Il serait bien de définir avec plus de précision une doctrine de diplomatie économique et publique dans le cadre de la Vision Sénégal 2050 et de faire du sport une des niches qui permettrait au pays de renforcer son attractivité et son image de marque. En attendant, le potentiel des JOJ devra être exploité avec un sens pointu de la stratégie. 

 

Dr. Alioune Aboutalib LÔ

PhD en Relations Internationales

Consultant international indépendant

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