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Le Hamas annonce 24 morts à l’hôpital al-Chifa de Gaza, faute d’électricité

Vendredi 17 Novembre 2023

Des soldats de l'occupation dans les couloirs de l'hôpital Al-Shifa de Gaza
Des soldats de l'occupation dans les couloirs de l'hôpital Al-Shifa de Gaza

Israël avait autorisé peu avant, à la demande des États-Unis, l’entrée de deux camions de carburant chaque jour dans la bande de Gaza assiégée, où les pénuries d’essence ont mis hors service de nombreux hôpitaux, privés d’électricité, et mis à l’arrêt les livraisons d’aide humanitaire, menaçant la population de « famine » selon l’ONU.

 

Ces deux camions ne représentent toutefois qu’une toute petite partie des quantités d’essence, soit 50 camions, qui pénétraient quotidiennement dans la bande de Gaza avant le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre, selon l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).

 

Dans l’hôpital al-Chifa, le plus grand du territoire où l’armée israélienne a poursuivi vendredi ses opérations pour le troisième jour, la situation est « catastrophique » pour les patients, les déplacés et les soignants qui s’y entassent sans électricité « ni eau ni nourriture », a affirmé à l’AFP son directeur, le docteur Mohammed Abou Salmiya.
 

Selon l’ONU, 2300 personnes se trouvent dans l’enceinte de l’hôpital.

 

Le porte-parole du ministère de la Santé du Hamas, Ashraf al-Qidreh, a affirmé vendredi à l’AFP que « 24 patients » étaient morts « ces dernières 48 heures » à l’hôpital al-Chifa, « parce que les équipements médicaux vitaux ont cessé de fonctionner en raison de la coupure du courant », faute de carburant pour alimenter les générateurs.

 

L’armée, dont les chars encerclent toujours l’hôpital pendant que les combats font rage ailleurs dans la ville de Gaza, a indiqué à l’AFP qu’elle continuait à fouiller l’immense complexe abritant, selon elle, un repaire du Hamas installé notamment dans un réseau de tunnels, ce que le mouvement islamiste dément.

 

Israël a juré « d’anéantir » le Hamas, qui a pris le pouvoir en 2007 dans la bande de Gaza, depuis l’attaque qu’il a lancée sur le sol israélien le 7 octobre.

 

Cette attaque, d’une violence et d’une ampleur sans précédent depuis la création d’Israël en 1948, a fait 1200 morts, en grande majorité des civils, selon les autorités israéliennes.

 

Selon l’armée, 51 soldats israéliens sont morts au cours des combats dans le territoire palestinien.

 

Dans la bande de Gaza, les bombardements israéliens incessants menés en représailles à l’attaque ont fait 12 000 morts, majoritairement des civils, dont 5000 enfants, selon un nouveau bilan publié vendredi par le ministère de la Santé du Hamas.

 

Le ministère a affirmé que des dizaines de corps jonchaient les rues du nord de la bande de Gaza, et qu’il était impossible de les recenser à cause de l’intensité des frappes.

 

En parallèle à ses bombardements, Israël mène depuis le 27 octobre des opérations terrestres concentrées pour l’essentiel dans le nord du territoire, dans la ville de Gaza transformée en champ de ruines et autour des hôpitaux, accusant le Hamas de les utiliser comme des bases et de se servir des malades comme de « boucliers humains ».

 

Le froid

 

Depuis des semaines, l’ONU réclame la livraison massive de carburant dans la bande de Gaza, en particulier pour permettre aux hôpitaux de fonctionner et aux camions transportant l’aide humanitaire de circuler.

 

Le territoire est placé depuis le 9 octobre en état de « siège complet » par Israël, qui a coupé les livraisons de nourriture, d’eau, d’électricité et de médicaments.

 

Israël refusait jusqu’ici de laisser passer le carburant, affirmant que cela pourrait profiter aux activités militaires du Hamas, classé organisation terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et Israël.

 

En réponse à une demande des États-Unis, allié clé d’Israël, le cabinet de guerre israélien a annoncé avoir autorisé l’entrée quotidienne de deux camions-citernes « pour les besoins de l’ONU ».

 

Ce carburant devrait commencer à être acheminé samedi, selon un responsable américain, via l’Égypte et le poste-frontière de Rafah. L’accord prévoit de livrer jusqu’à 140 000 litres toutes les 48 heures, dont 20 000 seraient réservés à l’alimentation des générateurs nécessaires pour assurer le maintien des communications.

 

L’UNRWA a annoncé vendredi qu’elle ne pourrait plus coordonner la distribution de l’aide humanitaire en raison de la coupure des communications provoquée par le manque de carburant.

 

Selon l’ONU, 1,65 des 2,4 millions d’habitants de la bande de Gaza ont été déplacés par la guerre. La plupart ont fui vers le sud en emportant le minimum et survivent dans le froid qui s’installe.

 

Selon l’UNRWA, 70 % de la population n’a pas accès à l’eau potable dans le sud du territoire, où les égouts ont commencé à se déverser dans les rues.

 

Vendredi, à Rafah, des enfants blessés attendaient dans des ambulances de pouvoir être évacués via l’Égypte vers les Émirats arabes unis, selon des images de l’AFP.

 

« Au début, on nous ont dit qu’elle allait mourir. Elle a des fractures au crâne, au bassin et à la cuisse », a raconté Adam al-Madhoun, le père de Kenza, une fille de quatre ans amputée de la main droite après une frappe israélienne contre le camp de réfugiés de Jabaliya.

 

« Avec l’hiver qui approche à grands pas, les abris précaires et surpeuplés, ainsi que le manque d’eau potable, les civils sont confrontés à un risque immédiat de famine », avait averti jeudi le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies.

 

« Négociations délicates »

 

Vendredi, l’armée a annoncé avoir retrouvé la dépouille de Noa Marciano, une soldate de 19 ans otage du Hamas, en fouillant un bâtiment adjacent à l’hôpital al-Chifa. Le mouvement islamiste avait affirmé lundi qu’elle avait été tuée dans des bombardements israéliens.

 

L’armée estime qu’environ 240 otages, civils et militaires, ont été emmenés à Gaza le jour de l’attaque du Hamas.

 

En Israël, la pression s’accentue sur le premier ministre Benyamin Nétanyahou pour obtenir leur libération, alors que des pourparlers se tiennent via une médiation du Qatar.  

 

Pour le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, qui se dit « en contact avec le Hamas, avec d’autres parties internationales concernées et avec Israël », les négociations sont « très délicates ».

Israël a jusqu’ici refusé tout cessez-le-feu sans libération préalable des otages.

 

Les tensions sont aussi vives en Cisjordanie occupée. L’armée israélienne a annoncé vendredi avoir tué « cinq terroristes » à Jénine, bastion des mouvements armés palestiniens. Le Hamas avait revendiqué la veille une attaque contre un barrage de sécurité près de Jérusalem, dans laquelle un soldat israélien avait été tué.

 

À Hébron, deux Palestiniens ont été tués par « des balles de l’armée israélienne », selon le ministère palestinien de la Santé. [AFP]

 
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