Manon Aubry, eurodéputée du parti La France Insoumise et présidente du groupe de la Gauche au Parlement européen, est en déplacement depuis samedi en Cisjordanie, où elle documente la colonisation des terres palestiniennes, jugée illégale par l’Organisation des Nations unies et la Cour internationale de Justice.
Selon elle, le gouvernement israélien souhaite l’expulser après qu’elle a montré la situation quotidienne des Palestiniens. Elle indique : « Je me suis vu notifier la révocation de mon autorisation de séjour et un risque d’arrestation dès que je franchirai un point de contrôle, bien que je sois entrée légalement sur le territoire avec un visa valide ».
Sur ses réseaux sociaux, la députée dénonce les violences que les Palestiniens affirment subir au marché d’Hébron : « Les colons israéliens nous jettent des pierres sur la tête depuis les bâtiments qu’ils nous ont volés. C’est pour ça que ce grillage a été installé au-dessus de nos têtes, mais maintenant ils nous lancent même de l’acide ». Elle décrit le marché comme partiellement réoccupé illégalement par des colons, l’autre partie étant à l’abandon faute de vie commerciale, tandis que des Palestiniens, selon elle, circulent hagards entre des points de contrôle surveillés par des militaires israéliens surarmés. Elle ajoute que certaines routes sont réservées aux colons israéliens et interdites aux Palestiniens, une situation qu’elle qualifie d’apartheid.
La députée indique que son expulsion fait suite à une demande publique de Boaz Bismuth, député de la Knesset et président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense, membre du parti Likoud de Benjamin Netanyahu, qui a demandé publiquement son arrestation et son expulsion. Selon Manon Aubry, Bismuth aurait déclaré : « Dès qu'elle posera le pied à un poste frontière, elle sera immédiatement arrêtée et expulsée. Profite de tes derniers instants dans notre beau pays », la qualifiant de « propagatrice de calomnies et de haine ».
Dans une vidéo, elle affirme qu’Israël veut l’empêcher de montrer la réalité de la colonisation et du régime d’apartheid, et explique : « Vous le savez, ça fait plusieurs jours que je me trouve ici, dans l’État palestinien, mais il se trouve que ça n’a pas plu à un député du Likoud, qui a demandé que je sois expulsée. Ceux qui ont la légitimité d’un État, c’est la Palestine, et en réalité, ils ne veulent pas que je montre ce qu’il se passe, les routes réservées aux Palestiniens, les violences au quotidien, les humiliations et les nombreux checkpoints qui pourrissent la vie des Palestiniens ». Elle assure qu’elle ne cédera pas aux intimidations.
Manon Aubry a répondu publiquement en mentionnant Boaz Bismuth, accusant certains propos du député d’être analysés par la Cour internationale de Justice comme éléments de preuve sur la situation du gouvernement israélien envers le peuple palestinien. Elle ajoute : « Ce n’est pas en expulsant celles et ceux qui rendent compte des crimes contre l’humanité de votre gouvernement que vous ferez disparaître votre culpabilité ».
Selon le communiqué de la députée, « en tant que puissance occupante, l’État israélien s’arroge un pouvoir discrétionnaire sur l’entrée et la sortie du territoire occupé de Cisjordanie » et agit « pour isoler le peuple palestinien du reste de la communauté internationale, afin d’asseoir toujours plus sa domination sur les territoires occupés ».
Pour rappel, en juillet dernier, la Cour internationale de Justice a jugé illégale l’occupation israélienne des territoires palestiniens et a appelé à l’évacuation de toutes les colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
Selon l’ONU, les violences des colons israéliens contre les Palestiniens en Cisjordanie ont fortement augmenté, octobre ayant enregistré le plus grand nombre d’attaques mensuelles depuis près de vingt ans. D’après le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), ces incidents ont causé victimes, destructions et déplacements, affectant notamment les enfants. [AA]







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