Connectez-vous

LE SENEGAL, A L’ENDROIT A L’ENVERS : Ils ont marqué l’année 2016, ils risquent de faire 2017

Mardi 10 Janvier 2017

L’année 2017 est arrivée avec ses perspectives et incertitudes. Elle pourrait être marquée par l’ombre tutélaire de son prédécesseur, 2016, fortement teintée de politique, de gaz, de pétrole et de corruption. Les acteurs ont joué leur rôle, chacun en ce qui le concerne, avec les moyens disponibles, dans le timing choisi, selon l’agenda établi. Mais la particularité de 2017, c’est d’être une année électorale de très grande importance, autant pour Macky Sall en quête d’une assemblée nationale aussi docile que celle de la 12e législature en poste depuis son arrivée à la magistrature suprême, que pour des oppositions désireuses de poser les jalons d’une alternance politique au sommet dans un peu plus de deux ans, en 2019. A une date électorale qui n’aurait jamais existé n’eût été le reniement historique fondateur d’une image désormais accolée au chef de l’Etat.
 

Macky Sall : Un reniement suprême

Un Président de la République ne peut en aucun cas ne pas marquer une année. Depuis son accession à la magistrature suprême, Macky Sall occupe donc le devant de la scène en sa qualité de Chef de l’Etat. Mais entre ses réalisations en termes d’infrastructures, de protection sociale, etc., son action a été fortement brouillée par un chapelet de scandales que son pouvoir a vite fait d’étouffer et de ranger aux oubliettes d’une histoire seulement vieille de moins de cinq ans. L’explosion des marchés de gré à gré a été un marqueur de cette gouvernance débridée, volontariste, autoritaire.

Mais le de ce septennat est et reste le reniement, par le président de la république, de son engagement de réduire son mandat à un quinquennat. Etonnant retournement de veste chez un candidat et un chef d’Etat dont la crédibilité et la fiabilité auprès de l’opinion reposaient grandement sur ces facteurs-là. Un engagement qu’il avait également pris devant Amadou Makhtar Mbow, président des Assises nationales, lorsqu’il a cru devoir signer la Charte de gouvernance démocratique afin de rallier les forces politiques et sociales qui étaient sceptiques sur ses capacités à ne pas gouverner n’importe comment.

Pour le chef de l’Etat, 2017 sera une année déterminante : c’est le temps d’élections législatives capitales pour la survie de son pouvoir. A cet égard, un fichier électoral clairement identifié à l’issue d’un processus d’inscriptions inclusif prenant en compte le maximum de citoyens est indispensable pour la crédibilité des scrutins. 

Entre une gestion plus transparente des secteurs comme les hydrocarbures, une administration moins politicienne des faits de corruption et (enfin ?) une plus grande satisfaction des besoins sociaux et économiques des Sénégalais, le président de la république a assez de dossiers ur la table pour voyager un peu moins en 2017…
 

Aliou Sall : une histoire (pas finie) d’or noir
L’autre Sall qui a fortement marqué l’année 2016 est Aliou, le petit-frère du Président de la République, devenu en un laps de temps « Monsieur pétrole et gaz » du Sénégal. Des amours avec les hydrocarbures scellées, dit-on, lors de son passage au Bureau Economique de l’ambassade du Sénégal à Beijing, entre 2008 et 2011. En particulier avec le dénommé Frank Timis dont il sera plus tard, après l’arrivée de Macky Sall au pouvoir, un collaborateur en business, ici et en Afrique.

Du reste, Aliou Sall n’a jamais réussi à s’extirper de ce bourbier vite enflammé par l’opposition et les organisations de la société civile inquiètes de constater les incongruités créées par les liens entre politique et affairisme. Malgré le soutien du gouvernement et de son frère de président, l’histoire a retenu qu’Aliou Sall, un beau jour, a préféré démissionner de ses activités liées aux hydrocarbures pour se consacrer au Marketing du business de Timis, ailleurs en Afrique. Mais il est possible que ce ne soit que la fin d’un épisode d’une histoire nébuleuse qui rebondira à coup sûr.
 

Karim Wade : Gracié puis liquidé
Condamné par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) à six ans de prison et 138 milliards, Karim Wade a été le détenu le plus célèbre du pays. En séjour à la prison de Rebeus, c’est à la surprise générale qu’il est gracié par le Président Macky Sall dans la nuit du 23 au 24 juin 2016, puis exilé au Qatar. Pour le pouvoir, c’était une patate chaude qu’il fallait éloigner du champ politique. L’opération semble avoir réussi, pour le moment, en attendant des jours meilleurs. Sera-t-il de la partie pour les législatives de juillet prochain ? Rien n’est moins sûr, en dépit de la conviction toute convenue affichée par ses fidèles et par le Parti démocratique sénégalais. Au fond, tout dépendrait certainement du contenu du deal qu’il a signé avec le pouvoir… Mystère et boule gomme.

 

Khalifa Sall : Pas encore affranchi ! 

Prudence et précaution jusqu’à semer le doute chez certains de ses partisans qui le verraient bien s’émanciper enfin de la tutelle d’Ousmane Tanor Dieng et du parti socialiste ! Tel apparaît Khalifa Sall. Au Ps, le maire de Dakar est perçu comme un adversaire interne qui avance à visage masqué, hors de la ligne officielle de soutien au président de la république à travers la coalition Benno Bokk Yaakaar. Alors qu’Ousmane Tanor Dieng est de plus en plus englué dans la nasse de Macky Sall, Khalifa Sall se veut désormais le réceptacle de l’héritage de Senghor. Il en paie le prix avec ses « camarades », mais aussi avec le pouvoir qui s’acharne à enlever toute substance à l’institution municipale qui a en charge la capitale. Ici et là, son appel à voter « non » au référendum du 20 mars 2016 ne lui sera jamais pardonné tant qu’il ne prêtera pas allégeance à Macky Sall… 

En 2017, il sera encore bousculé en vue des législatives du 2 juillet. Une victoire ou une défaite dans la capitale déterminera son avenir politique comme candidat potentiel à la présidentielle de 2019. Après son triomphe avec Taxawu Dakar aux locales de 2014, sa victoire aux élections du Hcct, un mouvement Taxawu Sénégal pourrait être en lice pour les élections parlementaires de cette année. Même sans le soutien de son parti, il y participera avec le groupe des ‘’rebelles’’ qui lui est resté fidèle pour démontrer qu’il a sa place dans le landerneau politique sénégalais. 
 

Marième Faye Sall : Ministre de l’Action sociale bis ! 

C’est à croire qu’elle a été élue ! Sous prétexte de venir en aide aux nécessiteux et aux couches de la population qui ont besoin d’aide, Marième Sall joue finalement un véritable rôle de ministre des Affaires sociales et, incidemment, en charge de l’élargissement des bases politiques du pouvoir. Ses descentes filmées dans les banlieues puis la diffusion-dissémination des vidéos qui en sont tirées sur les réseaux sociaux complètent les inaugurations intempestives de projets divers auxquelles se livre le chef de l’Etat. 

Le caractère capital des législatives du 2 juillet prédispose Marième Faye à devoir encore être plus présente sur le terrain cette année. Cette année encore, elle jouera un grand rôle politique dans la confection des listes de députés. Comme avec les ministres, elle aura ses parlementaires, des parents, des fidèles, des recommandé(e)s, etc. 
 

Nafi Ngom Keïta – Ousmane Sonko: Hauts fonctionnaires de choc anti-corruption

- ‘’Liquidée’’ par l’émergence

Expulsée de la tête de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) par un décret présidentiel contesté, Nafi Ngom Keïta aura donné du fil à retordre au pouvoir pendant deux ans. Dénoncer publiquement (sans les citer) des conseillers, des ministres et des hauts fonctionnaires qui refusaient de déposer leur patrimoine comme le veut la loi, alerter l’opinion sur les entraves qui l’empêchaient de remplir sa mission, transmettre à la justice des dossiers de corruption concernant des proches du président de la république, contester sa mise à l’écart par le chef de l’Etat… L’inspectrice générale d’Etat a peut-être manqué de retenue dans sa communication, mais elle a donné une impulsion spectaculaire à la lutte contre la mal gouvernance au Sénégal. Une démarche qui n’a pas plu à Macky Sall. Seynabou Ndiaye Diakhaté, magistrat d’expérience, est arrivée pour donner une nouvelle direction à l’Ofnac. Mais ce changement a certainement constitué un véritable frein à la lutte contre la corruption, celle des grands responsables politiques aux commandes de sociétés publiques et parapubliques…
 

- Une « bombe » dans les valises

Durant l’année 2016, Ousmane Sonko, inspecteur principal des impôts et domaines s’est montré comme l’opposant le plus obstiné au régime en place. En réalité, il a été la bête noire du président de la république. Prétextant que M. Sonko usait et abusait d’éléments tirés de l’exercice de ses prérogatives pour meubler son discours d’opposant, le Président Macky Sall signa le 29 août 2016 le décret révoquant le leader du Parti ‘’Les patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef). Après le temps de la révélation, l’inspecteur des Impôts, alerte quand il le faut mais un peu en retrait, s’est attelé à massifier son parti tout en cherchant un espace d’opposition radicale dans lequel il entend inscrire son action en vue des échéances législatives du 2 juillet 2017. 

Cette année devrait être donc celle de la confirmation pour Ousmane Sonko. Son ouvrage attendu est déjà décrit comme un brûlot des indélicatesses dont le régime s’est rendu coupable dans plusieurs dossiers, en termes de gouvernance et de transparence.
 

Pris dans les filets, puis plus rien…

Cheikh Oumar Hann 

Le rapport publié par l’Ofnac a dévoilé des malversations financières graves au Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud). Pris la main dans le sec après investigations, Cheikh Oumar Hann, directeur général du Coud, s’est même permis de proférer des menaces contre celle qui était à la tête de cet organisme de vérification. Les Sénégalais qui attendaient son limogeage ont été surpris de voir de hautes personnalités de l’Etat prendre sa défense, créant au passage interrogation et sentiments de mépris. Son dossier a été transmis au procureur, selon Nafi Ngom Keïta, mais tout indique que le document sera enterré…
 

El hadji Cheikh Seck Ndiaye Wade

Il a été écroué pour corruption. El hadji Seck Ndiaye Wade, alors Directeur des transports routiers, avait été mis sous mandat de dépôt pour corruption passive, à la suite d’une enquête menée par l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac). Transféré à Reubeus, il n’y a pas passé beaucoup de temps puisque le Président Macky Sall l’a par la suite nommé président du Conseil d’administration (Pca) du Fonds d’Entretien routier autonome du Sénégal (FERA). 


Le veinard

Adama Bictogo : 12 milliards passés par pertes et profits

D’une certaine manière, cet Ivoiro-Burkinabè qui fait du business un peu partout est forcément dans l’actualité 2016 du Sénégal. Adama Bictogo, à qui le gouvernement avait offert l’ex-marché lucratif des visas biométriques d’entrée au Sénégal a marqué les esprits. En effet, suite à l’abandon du programme par le président de la république, la société Snedai qui est sa propriété a demandé réparation du préjudice né de l’exécution partielle de la convention signée avec le Gouvernement du Sénégal. Un pactole de 12 milliards de francs Cfa lui est ainsi versé à cause d’une politique de pilotage à vue… (Momar Dieng & Abdoulaye Mbow)

 

Nombre de lectures : 170 fois

Nouveau commentaire :












Inscription à la newsletter