Le chef de l’opposition israélienne, Yaïr Lapid, a proposé mardi que l’Égypte assume la responsabilité de la bande de Gaza pour huit ans une fois la guerre terminée, en échange d’un allégement massif de sa dette.
« La solution consiste à confier à l’Égypte la gestion de la bande de Gaza pour une durée de huit ans, avec une option de prolongation jusqu’à 15 ans », a déclaré l’ancien premier ministre israélien devant un cercle de réflexion à Washington.
« Dans le même temps, sa dette extérieure sera remboursée par la communauté internationale et les alliés régionaux », a-t-il dit, en faisant valoir la situation économique en Égypte qui est « au bord du gouffre » et le risque d’une déstabilisation de ce pays qui pourrait « tomber aux mains des Frères musulmans ou pire ».
« L’Égypte dirigera une force de paix en partenariat avec les États du Golfe et la communauté internationale pour la gestion et la reconstruction de Gaza », dévasté par la guerre provoquée par l’attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023, a poursuivi M. Lapid devant la « Fondation pour la défense des démocraties (FDD) ».
Cela permettra, a-t-il dit, de créer les conditions d’une « autogestion » dans la bande de Gaza actuellement contrôlée par le Hamas, qui deviendrait « totalement démilitarisée ».
Selon lui, ce plan n’est pas « en contradiction » avec celui du président américain Donald Trump qui a proposé de prendre le contrôle du territoire palestinien et de déplacer ses 2,4 millions d’habitants en Jordanie et en Égypte.
Son projet a soulevé un tollé international, Israël l’a toutefois soutenu.
« Il convient de noter que la proposition ne contredit pas l’idée présentée par le président Trump selon laquelle les États-Unis et la communauté internationale reconstruiront Gaza », a ainsi affirmé M. Lapid.
« Bien au contraire. Elle crée la condition, les conditions de la reconstruction de Gaza. »
Il suggère encore que « l’Égypte prenne le contrôle de la bande de Gaza par le biais d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, y compris la sécurité intérieure et les affaires civiles ».
Des pays du Golfe, l’Égypte et la Jordanie ont tenu vendredi dernier un sommet « informel » à Riyad, pour discuter d’un plan alternatif au projet de Donald Trump, mais très peu de détails ont filtré. Un autre sommet arabe est prévu en Égypte le 4 mars.
Le coût de la reconstruction de la bande de Gaza est estimé à plus de 53 milliards de dollars, selon l’ONU.
Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a suspendu samedi la libération de 620 prisonniers palestiniens – prévue par l’accord – qui devait suivre celle de six otages israéliens par le Hamas.
« Peut-être la dernière chance » pour la solution à deux États, dit l’ONU
Les transformations en cours au Proche-Orient représentent « peut-être notre dernière chance » de parvenir à la solution à deux États, israélien et palestinien, a estimé mardi une responsable de l’ONU, mettant notamment en garde contre les appels à l’annexion de la Cisjordanie occupée.
« Le Moyen-Orient vit aujourd’hui une transformation rapide, à l’ampleur et l’impact incertains, mais qui représente une opportunité historique », a déclaré devant le Conseil de sécurité Sigrid Kaag, émissaire de l’ONU pour le processus de paix dans la région.
« Les peuples de la région peuvent sortir de cette période dans la paix, la sécurité et la dignité. Mais cela peut aussi être notre dernière chance de parvenir à la solution à deux États », a-t-elle averti.
Dans ce contexte, la poursuite de la colonisation en Cisjordanie, les opérations militaires israéliennes dans ce territoire palestinien occupé, et « les appels à l’annexion, représentent une menace existentielle pour la perspective d’un État palestinien viable et indépendant, et donc de la solution à deux États », a-t-elle insisté.
« La reprise des hostilités » à Gaza, où un cessez-le-feu fragile entre Israël et le Hamas est en vigueur depuis le 19 janvier, doit d’autre part « être évitée à tout prix », a-t-elle ajouté, appelant les parties à conclure les négociations sur la deuxième phase de l’accord de trêve.
La résolution du conflit ne pouvant être que « politique », la communauté internationale doit s’assurer que « Gaza reste une partie intégrante d’un futur État palestinien » et d’une unification de Gaza et de la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est.
« Il ne peut être question de déplacements forcés », a enfin affirmé Sigrid Kaag, alors que le président américain Donald Trump a dévoilé un plan qui envisage une prise de contrôle de Gaza et le déplacement de sa population hors du territoire.
« Les Palestiniens doivent pouvoir reprendre leur vie, reconstruire, et construire un avenir pour Gaza », a-t-elle plaidé.
Six nouveau-nés meurent en une semaine en raison d’une vague de froid
La Défense civile de Gaza a indiqué mardi que six nouveau-nés étaient morts au cours de la semaine écoulée dans la bande de Gaza en raison d’une vague de froid qui s’est abattue sur le territoire palestinien ravagé par la guerre.
« En raison d’une vague de froid intense et du manque de chauffage, nous avons enregistré la mort de six nouveau-nés au cours de la semaine écoulée jusqu’à aujourd’hui [mardi] », a déclaré à l’AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal.
Cinq des nourrissons sont morts dans le nord de la bande de Gaza, et le sixième est mort à Khan Younès, ville du sud du territoire palestinien, a-t-il précisé.
Si le cessez-le-feu en vigueur à Gaza depuis le 19 janvier a permis d’augmenter l’entrée d’aide humanitaire dans la bande de Gaza, des centaines de milliers de Palestiniens continuent de vivre sous des tentes dans de vastes zones détruites par 15 mois de guerre entre le mouvement islamiste Hamas et Israël.
Nombre d’habitants ont installé des abris de fortune sur les décombres de leurs maisons et luttent pour survivre pendant l’hiver, avec des températures descendues jusqu’à zéro degré Celsius au cours de la semaine écoulée.
Le Hamas, qui a conclu un cessez-le-feu avec Israël via la médiation de trois pays, a accusé à plusieurs reprises Israël de bloquer l’acheminement d’aide matérielle essentielle pour les 2,4 millions d’habitants de Gaza, dont la plupart ont été déplacés au moins une fois au cours de la guerre.
Celle-ci a été déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023. [AFP]







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