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Joe Biden pas pressé de courtiser Benyamin Nétanyahou

Jeudi 11 Février 2021

Le coup de fil se fait attendre. Mais le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, chouchouté comme jamais par Donald Trump, va devoir composer avec un Joe Biden beaucoup moins pressé d’afficher la même proximité et, au-delà, de s’impliquer dans l’épineux dossier israélo-palestinien.
 
Si « Bibi » fait mine de minimiser cette attente de trois semaines depuis l’entrée en fonctions du nouveau président des États-Unis, le chef de la branche internationale de son parti, le Likoud, a lui décidé mercredi de l’interpeller directement.
 
« Le moment est peut-être enfin venu d’appeler le dirigeant d’Israël, le plus proche allié des États-Unis ? », a lancé dans un tweet Danny Danon. Et pour enfoncer le clou, il a fourni à Joe Biden un numéro de téléphone pour joindre son premier ministre.
 
Côté américain aussi, Nikki Haley, ex-ambassadrice aux Nations unies sous Donald Trump, a accusé le gouvernement Biden de « snober » un « ami comme Israël » tout en faisant « ami-ami » avec « un ennemi comme l’Iran ».
 
De fait, Benyamin Nétanyahou, en pleine campagne pour sa survie politique, avait été habitué par l’ex-président républicain à recevoir des coups de pouce préélectoraux. Mais le démocrate n’a pas grand-chose à gagner à en faire autant avant les législatives israéliennes du 23 mars.
 
D’autant que si Donald Trump voulait satisfaire sa base chrétienne évangélique très attachée à la défense d’Israël, Joe Biden risque lui rapidement de mécontenter cet allié clé en revenant dans l’accord sur le nucléaire iranien que le gouvernement israélien n’a cessé de dénoncer.
 
« Nous sommes évidemment dans une tout autre situation », estime Jeremy Ben Ami, président de l’organisation progressiste juive américaine J Street. S’il assure que Joe Biden a « une relation personnelle ancienne et bonne » avec Israël, il souligne aussi que son équipe était souvent déjà aux manettes entre 2009 et 2017 sous Barack Obama, dont les liens étaient plus tendus.
 
« Le président Obama avait fait de la résolution du conflit israélo-palestinien une priorité de politique étrangère dès le début de son mandat, sans grand résultat », ajoute Michele Dunne, du cercle de réflexion Carnegie Endowment for International Peace.
Au-delà des relations personnelles, Washington veut donc prendre son temps.
 
« Dure réalité »
 
Là où Donald Trump avait promis d’entrée de jeu, en 2017, de trouver « l’accord ultime » entre Israël et les Palestiniens, sans jamais y parvenir, l’administration Biden affiche sa prudence.
 
Le nouveau chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a certes assuré que la « solution à deux États » était la seule viable, renouant ainsi avec le consensus international malmené par le milliardaire républicain.
 
Or cette « solution » est « devenue impossible à mettre en œuvre », estime Michele Dunne, « mais ni les Israéliens ni les Palestiniens n’ont encore présenté une alternative ».
 
« La dure réalité, c’est que nous sommes très loin d’une percée pour la paix et d’une résolution finale » avec « la création d’un État palestinien », a semblé acquiescer lundi Antony Blinken sur la chaîne CNN.
 
Affichant des ambitions très modestes, il a appelé les deux camps à ne prendre aucune « décision unilatérale qui éloignerait encore davantage les perspectives de paix ». Pas question, dans l’immédiat, d’évoquer un retour à la table des négociations.
 
Pour Jeremy Ben Ami, les États-Unis doivent se borner pour l’instant à « maintenir en vie la possibilité de négociations, plutôt que de présenter une grande initiative nouvelle ».
 
Preuve d’un certain embarras, l’administration Biden n’a pas encore précisé sa position sur la longue liste de décisions unilatérales favorables à Israël prises par Donald Trump et son secrétaire d’État Mike Pompeo.
 
Le nouveau gouvernement a confirmé qu’il maintiendrait l’ambassade américaine à Jérusalem, que les États-Unis continueront à considérer comme la capitale de l’État hébreu malgré les protestations internationales.
 
À l’inverse, il a promis de rouvrir la mission diplomatique palestinienne à Washington, et de rétablir l’aide aux Palestiniens coupée ces dernières années.
Mais sur d’autres sujets, il semble toujours à la recherche d’un équilibre.
 
Antony Blinken a refusé de se prononcer définitivement sur la reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan syrien annexé en 1981. Et il ne s’est pas exprimé sur la décision de Mike Pompeo de ne pas juger les colonies israéliennes en Cisjordanie contraires au droit international.
 
« Sous l’administration Trump, les Israéliens ont eu un feu vert pour faire ce qu’ils voulaient en Cisjordanie et aller de l’avant avec l’annexion » des colonies, « nous espérons qu’on leur opposera un feu rouge le plus vite possible », affirme Jeremy Ben Ami. (AFP)
 
 
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