Connectez-vous

Haïti - Des centaines de prisonniers en fuite après l’assaut de gangs sur une prison

Dimanche 3 Mars 2024

Au moins trois personnes ont été tuées et des centaines de détenus se sont échappés de la principale prison d’Haïti après que des gangs armés eurent pris d’assaut l’établissement pendant la nuit.

 

Cette évasion marque un nouveau pic dans la spirale de la violence en Haïti et survient alors que les gangs affirment un plus grand contrôle sur la capitale. Le premier ministre en difficulté Ariel Henry est à l’étranger pour tenter d’obtenir le soutien d’une force de sécurité soutenue par les Nations unies pour stabiliser le pays.

 

Dimanche matin, les corps de trois personnes blessées par balle ont été vus gisants au sol à l’entrée de la prison, grande ouverte, sans gardiens en vue.

 

Les policiers, à bord d’une seule voiture de police stationnée à l’extérieur de l’établissement, n’ont pas voulu dire ce qui s’était passé.

 

Arnel Remy, un avocat spécialisé en droits de la personne qui dirige une organisation à but non lucratif travaillant dans les prisons, a déclaré sur le réseau social X que moins de 100 détenus, sur les quelques 4000 que compte l’établissement, sont toujours derrière les barreaux.

 

Parmi ceux qui ont choisi de rester figurent 18 anciens soldats colombiens accusés d’avoir travaillé comme mercenaires lors de l’assassinat du président haïtien Jovenel Moïse, en juillet 2021. Samedi soir, au milieu des troubles, plusieurs Colombiens ont partagé une vidéo plaidant de toute urgence pour leur vie.

 

« S’il vous plaît, aidez-nous s’il vous plaît », a déclaré l’un des hommes, Francisco Uribe, dans le message vidéo de 30 secondes largement partagé sur les réseaux sociaux. « Ils massacrent les gens sans discernement à l’intérieur des cellules. »
 

Durant le chaos, la police a également lancé un appel à l’aide.

 

« Ils ont besoin d’aide », a déclaré un syndicat représentant la police haïtienne dans un message publié sur les réseaux sociaux portant un emoji « SOS » répété huit fois. « Mobilisons l’armée et la police pour empêcher les bandits de s’introduire dans la prison. »

 

Des policiers dépassés

 

Les affrontements armés font suite à une série de manifestations violentes qui se sont développées depuis un certain temps, mais ils sont devenus plus meurtriers ces derniers jours, lorsque M. Henry, le premier ministre, s’est rendu au Kenya pour sauver un projet de mission de sécurité en Haïti qui serait dirigée par ce pays d’Afrique de l’Est. M. Henry a pris ses fonctions de premier ministre après l’assassinat de Jovenel Moïse et a reporté à plusieurs reprises les projets d’élections parlementaires et présidentielles, qui n’ont pas eu lieu depuis près d’une décennie.

 

Dans le cadre d’attaques coordonnées par des gangs, quatre policiers ont été tués jeudi dans la capitale lorsque des hommes armés ont ouvert le feu sur des cibles, notamment l’aéroport international d’Haïti. Des membres de gangs ont également pris le contrôle de deux commissariats de police, incitant les civils à fuir, effrayés, et obligeant les entreprises et les écoles à fermer.

 

En raison des violences à l’aéroport, l’ambassade américaine à Port-au-Prince a déclaré qu’elle suspendait temporairement tous les voyages officiels en Haïti.

 

La police nationale d’Haïti compte environ 9000 agents pour assurer la sécurité de plus de 11 millions de personnes, selon l’ONU. Les agents sont régulièrement dépassés et désavantagés face à des gangs puissants, dont on estime qu’ils contrôlent jusqu’à 80 % de Port-au-Prince.

 

Jimmy Chérizier, un ancien policier d’élite connu sous le nom de « Barbecue » et aujourd’hui à la tête d’une fédération de gangs, a revendiqué la recrudescence des attentats. Il a déclaré que l’objectif était de capturer le chef de la police haïtienne et les ministres du gouvernement et d’empêcher le retour d’Ariel Henry.

 

Le premier ministre, neurochirurgien, a ignoré les appels à sa démission et n’a pas fait de commentaire lorsqu’on lui a demandé s’il pensait qu’il pouvait rentrer chez lui en toute sécurité.

 

Il a signé vendredi des accords de réciprocité avec le président kenyan William Ruto pour tenter de sauver le projet de déploiement de la police kenyane en Haïti. La Haute Cour du Kenya avait statué en janvier que le déploiement proposé était inconstitutionnel, en partie parce que le marché initial manquait d’accords de réciprocité entre les deux pays.

 

La violence a compliqué les efforts visant à stabiliser Haïti et à ouvrir la voie à des élections. Les dirigeants caribéens ont déclaré mercredi qu’Ariel Henry avait accepté de programmer un vote d’ici la mi-2025 – une date lointaine susceptible de rendre encore plus furieux les opposants du premier ministre. [Associated Press]

 
Nombre de lectures : 221 fois











Inscription à la newsletter