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Guerre au Soudan - Les paramilitaires annoncent leur accord pour une proposition de trêve humanitaire

Jeudi 6 Novembre 2025

Les paramilitaires au Soudan, en guerre contre l’armée depuis plus de deux ans, ont annoncé jeudi leur accord à une trêve humanitaire proposée par les pays médiateurs. L’armée n’a pas commenté dans l’immédiat cette annonce.

 

Celle-ci survient moins de deux semaines après la prise par les Forces de soutien rapide (FSR) d’El-Facher, dernière capitale régionale de la région du Darfour, dans l’ouest du pays, qui était aux mains de l’armée.  

 

Depuis le 26 octobre, l’ONU a fait état de massacres, viols, pillages et déplacements massifs de population.

 

L’accès pour l’acheminement des aides humanitaires est quasiment impossible depuis des mois au Darfour et au Kordofan voisin, les deux régions les plus touchées par la guerre.

 

Trois mois

 

La proposition du groupe dit du Quad, qui regroupe l’Arabie saoudite, les États-Unis, l’Égypte et les Émirats arabes unis, stipule une trêve humanitaire de trois mois dans le pays, a déclaré jeudi à l’AFP un haut responsable saoudien qui s’exprimait sous couvert d’anonymat.  

 

Cette source a précisé que des efforts seraient déployés pendant cette période pour réunir en Arabie saoudite les deux camps en guerre en vue de négociations sur un accord de paix permanent.  

Guerre au Soudan : les paramilitaires annoncent leur accord pour une  proposition de trêve humanitaire

 

Les FSR, dirigées par le général Mohamed Daglo, ont fait état de « leur accord pour s’engager dans la trêve humanitaire » qui avait été proposée en septembre par le Quad, selon un communiqué publié jeudi sur leur chaîne Telegram.  

 

Après une réunion sur cette proposition portée par Washington, l’administration pro-armée basée à Port-Soudan avait fait savoir mardi qu’elle comptait poursuivre la guerre tout en présentant un plan pour « faciliter l’accès à l’aide humanitaire » et restaurer « la sécurité et la paix ».

 

Le chef de l’armée soudanaise, Abdel-Fattah Al-Burhane, a répété jeudi que ses forces continuaient « de défaire l’ennemi ».  

 

« Bientôt, nous vengerons ceux qui ont été tués et maltraités […] dans toutes les régions attaquées par les rebelles », a dit le général dans un discours télévisé.  

 

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a encore exhorté mardi les belligérants à « venir à la table des négociations » et « mettre fin à ce cauchemar de violence ».

 

Le conflit entre l’armée et les paramilitaires a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire contemporaine, selon l’ONU.

 

De multiples témoignages, étayés par des vidéos publiées par les paramilitaires des FSR sur les réseaux sociaux, décrivent des atrocités dans la région d’El-Facher, coupée du monde.

 

Des images satellite analysées par le laboratoire de l’université américaine de Yale y montrent des « activités d’élimination des corps », avec notamment des traces « correspondant à des fosses communes ».

 

Selon le rapport du laboratoire Humanitarian Research Lab (HRL), des données aériennes récentes indiquent aussi qu’« un massacre est en cours sur le site de l’ancien hôpital » pour enfants.

 

« Dix millions de déplacés »

 

Depuis la chute d’El-Facher, les violences continuent dans la région du Darfour, mais les combats se concentrent au Kordofan, une région stratégique du centre du Soudan, car située entre la capitale Khartoum, contrôlée par les militaires, et le Darfour, aux mains des paramilitaires.  

Au Soudan, les paramilitaires annoncent leur accord pour une trêve  humanitaire, immédiatement rejetée par l'armée

 

Les FSR y ont déjà pris le contrôle de Bara et assiègent plusieurs villes, dont Kadougli et El-Obeid, provoquant de grands mouvements de déplacements de civils en fuite.  

 

« Dix millions de personnes [sont] déplacées à l’intérieur du Soudan et plus de trois millions de personnes ont dû chercher refuge dans les pays voisins du Tchad, de l’Égypte, du Soudan du Sud, de l’Éthiopie », a détaillé jeudi Shashwat Saraf, directeur au Soudan de l’ONG « Norvegian refugee Council » (NRC) au cours d’un webinaire.

 

La responsable du plaidoyer NRC Soudan, Mathilde Vu, a pour sa part souligné que les deux camps avaient « systématiquement violé le concept de base du droit international humanitaire en entravant l’accès humanitaire dans certaines villes », au Darfour et au Kordofan.

 

« Nous avons vu les lignes de front bouger. Nous n’avons vu aucun signe de la part des parties belligérantes pour déposer les armes ni signal indiquant que les vies seraient respectées », a-t-elle dit. [AFP]

 
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