L’Afrique cristallise les passions, concentre des tensions, mais elle est elle-même un creuset de solutions pour résoudre ses propres contradictions. A l’heure où les ressources naturelles représentent un facteur grandissant de déstabilisation politique pour de nombreux pays, décideurs politiques, responsables d’organisations internationales, universitaires et membres influents des sociétés civiles du continent ont déposé sous le baobab du 6e Sommet annuel de Tana des grappes de plaidoyer en faveur de la sécurité et de résilience en Afrique.
Wangari Maathai, un leadership modèle
Le thème central et transversal de la rencontre de cette année a porté sur la gouvernance des ressources naturelles, richesses colossales qui irriguent le continent de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud mais dont il n’est pas certain qu’elles bénéficient quantitativement et qualitativement aux populations africaines. D’où la double question préjudicielle posée en débat par le président Yoweri Museveni d’Ouganda : «A qui appartiennent les ressources naturelles ? A qui profitent-elles ?».
Deux interrogations amplifiées en amont par Ellen-Johnson Sirleaf, chef de l’Etat du Libéria et présidente en exercice de la Cedeao, marraine du 6e Sommet, dans un message solennel délivré aux 250 participants par Amos Sawyer : «comment se fait-il que les Africains vivent et se débattent dans la pauvreté au regard de toutes ces richesses présentes sur leurs sols ?»
Les points de vue ont été nombreux et souvent pertinents pour éclairer sur les meilleures pratiques susceptibles de faire en sorte que les ressources naturelles servent en premier aux Africains et au développement de leurs pays. Cependant, le chemin identifié comme le meilleur et le plus sûr pour y arriver a fait l’unanimité : le leadership.
A cet égard, c’est la figure de feu Wangari Maathai qui a été offerte en exemple de base. L’activiste kényane, écologiste et Prix Nobel de la paix, a été élevée au rang d’icône de ce que l’Afrique doit réaliser en matière d’environnement pour la défense et le développement des écosystèmes. Le leadership légitime et fort qu’elle a incarné a permis d’arrêter un projet «anti-environnemental» faramineux de 200 millions de dollars dans le parc de Nairobi, a rappelé le Camerounais Akere Muna, président de la Conférence internationale sur l’anti-corruption et commissaire aux sanctions du Groupe de la Banque africaine de développement.
«Le leadership n’est pas le bruit que l’on fait, ce sont les actes de progrès que l’on pose», a souligné l’expert anti-corruption qui animait une conférence sur l’héritage de Maathai. Des actes de progrès qui restent incompatibles avec les 30 milliards de dollars que les pays en développement perdent chaque année pour faits de corruption sous diverses formes, a précisé Ian Shugart, le sous-ministre des Affaires étrangères du Canada, lors d’une des sessions du forum.
«Gangs de politiciens criminels»
Le leadership dont l’Afrique a besoin, «stable et fort» sans être dictatorial, est justement invoqué par le Dr Obiageli Ezekwesili, conseillère principale à l’Africa Economic Development Policy Initiative, dans une intervention fortement applaudie. Selon l’économiste nigériane, c’est ce type de leadership qui peut et doit détruire «le gang des politiciens criminels qui administrent les économies africaines».
Au regard des contraintes liées par l’impératif de bonne gouvernance et de développement des pays du continent, a ajouté Obiageli, «on a besoin que ces gens là partent, on ne peut pas se contenter de constater que cela se passe ainsi sous nos yeux.» Alors, «il faut mettre fin aux conversations artificielles quand nos institutions sont en train d’être détruites.»
La complexité des difficultés à surmonter et l’importance «cruciale» des questions de politique économique pour tous les pays africains impliquent un changement radical dans «le processus de recrutement de nos dirigeants» qui ne garantit pas actuellement «une bonne gestion» des pays et des ressources, a plaidé le Dr Ezekwesili. Le drame pour elle est qu’«en Afrique, les politiciens les plus incompétents peuvent devenir des présidents.»
Dans l’expression d’une foi en le présent et en l’avenir du continent, l’experte nigériane a brandi l’exemple du pays hôte du sommet. «L’Ethiopie a certes profité de ses avantages comparatifs pour progresser sur le chemin du développement, a-t-elle souligné. Mais ce qui se passe dans ce pays n’aurait jamais été possible sans une volonté politique et sans un leadership.»
Egalement très présent dans les sessions du Forum, le président ougandais, en chemise blanche ample, relax dans les travées d’une des grandes salles de l’hôtel Blue Nile sur les rives du Lac Tana, a ajouté à l’absence de leadership, «un déficit de stratégie et d’idéologie» qu’il a imputé aux technocrates et leaders politiques du continent. Ainsi, Museveni a fustigé l’erreur qui consiste à sacraliser l’éducation en tant qu’élément fondamental à partir duquel l’Afrique construirait son développement.
«C’est une vision fragmentée de ce que nous devrions faire. Si l’on éduque alors qu’il n’y a pas d’électricité, comment nous en sortirions-nous ?», s’est-il interrogé en réaction aux propos du délégué de l’Union africaine ?
Wangari Maathai, un leadership modèle
Le thème central et transversal de la rencontre de cette année a porté sur la gouvernance des ressources naturelles, richesses colossales qui irriguent le continent de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud mais dont il n’est pas certain qu’elles bénéficient quantitativement et qualitativement aux populations africaines. D’où la double question préjudicielle posée en débat par le président Yoweri Museveni d’Ouganda : «A qui appartiennent les ressources naturelles ? A qui profitent-elles ?».
Deux interrogations amplifiées en amont par Ellen-Johnson Sirleaf, chef de l’Etat du Libéria et présidente en exercice de la Cedeao, marraine du 6e Sommet, dans un message solennel délivré aux 250 participants par Amos Sawyer : «comment se fait-il que les Africains vivent et se débattent dans la pauvreté au regard de toutes ces richesses présentes sur leurs sols ?»
Les points de vue ont été nombreux et souvent pertinents pour éclairer sur les meilleures pratiques susceptibles de faire en sorte que les ressources naturelles servent en premier aux Africains et au développement de leurs pays. Cependant, le chemin identifié comme le meilleur et le plus sûr pour y arriver a fait l’unanimité : le leadership.
A cet égard, c’est la figure de feu Wangari Maathai qui a été offerte en exemple de base. L’activiste kényane, écologiste et Prix Nobel de la paix, a été élevée au rang d’icône de ce que l’Afrique doit réaliser en matière d’environnement pour la défense et le développement des écosystèmes. Le leadership légitime et fort qu’elle a incarné a permis d’arrêter un projet «anti-environnemental» faramineux de 200 millions de dollars dans le parc de Nairobi, a rappelé le Camerounais Akere Muna, président de la Conférence internationale sur l’anti-corruption et commissaire aux sanctions du Groupe de la Banque africaine de développement.
«Le leadership n’est pas le bruit que l’on fait, ce sont les actes de progrès que l’on pose», a souligné l’expert anti-corruption qui animait une conférence sur l’héritage de Maathai. Des actes de progrès qui restent incompatibles avec les 30 milliards de dollars que les pays en développement perdent chaque année pour faits de corruption sous diverses formes, a précisé Ian Shugart, le sous-ministre des Affaires étrangères du Canada, lors d’une des sessions du forum.
«Gangs de politiciens criminels»
Le leadership dont l’Afrique a besoin, «stable et fort» sans être dictatorial, est justement invoqué par le Dr Obiageli Ezekwesili, conseillère principale à l’Africa Economic Development Policy Initiative, dans une intervention fortement applaudie. Selon l’économiste nigériane, c’est ce type de leadership qui peut et doit détruire «le gang des politiciens criminels qui administrent les économies africaines».
Au regard des contraintes liées par l’impératif de bonne gouvernance et de développement des pays du continent, a ajouté Obiageli, «on a besoin que ces gens là partent, on ne peut pas se contenter de constater que cela se passe ainsi sous nos yeux.» Alors, «il faut mettre fin aux conversations artificielles quand nos institutions sont en train d’être détruites.»
La complexité des difficultés à surmonter et l’importance «cruciale» des questions de politique économique pour tous les pays africains impliquent un changement radical dans «le processus de recrutement de nos dirigeants» qui ne garantit pas actuellement «une bonne gestion» des pays et des ressources, a plaidé le Dr Ezekwesili. Le drame pour elle est qu’«en Afrique, les politiciens les plus incompétents peuvent devenir des présidents.»
Dans l’expression d’une foi en le présent et en l’avenir du continent, l’experte nigériane a brandi l’exemple du pays hôte du sommet. «L’Ethiopie a certes profité de ses avantages comparatifs pour progresser sur le chemin du développement, a-t-elle souligné. Mais ce qui se passe dans ce pays n’aurait jamais été possible sans une volonté politique et sans un leadership.»
Egalement très présent dans les sessions du Forum, le président ougandais, en chemise blanche ample, relax dans les travées d’une des grandes salles de l’hôtel Blue Nile sur les rives du Lac Tana, a ajouté à l’absence de leadership, «un déficit de stratégie et d’idéologie» qu’il a imputé aux technocrates et leaders politiques du continent. Ainsi, Museveni a fustigé l’erreur qui consiste à sacraliser l’éducation en tant qu’élément fondamental à partir duquel l’Afrique construirait son développement.
«C’est une vision fragmentée de ce que nous devrions faire. Si l’on éduque alors qu’il n’y a pas d’électricité, comment nous en sortirions-nous ?», s’est-il interrogé en réaction aux propos du délégué de l’Union africaine ?