Entre diplomatie et visas, dignité !

Un pays doit soutenir ses sportifs nationaux, en toutes circonstances. C’est en cela qu’il faut saluer la réaction du PM Ousmane Sonko face au refus de visas infligé à des membres de l’équipe nationale féminine de basketball par l’ambassade des Etats-Unis au Sénégal. Une posture de silence des autorités sénégalaises - pour ne pas affronter une humiliation béante - aurait été commode et, surtout, lâche ! Certains politiciens débonnaires, inconscients et adeptes de la tactique de l’Autruche se seraient contentés d’un « bof, je ne vais pas m’emmerder, ils trouveront solution… »  

Les prérogatives des agents diplomatiques étrangers dans l’attribution de visas sont sans doute respectables quoique souvent abusives. Mais la sortie du PM sénégalais contribue à leur rappeler la nécessité de faire preuve d’un peu plus de lucidité dans le traitement de certains dossiers liés à des intérêts nationaux bien compris. Elle est d’autant plus utile et pertinente qu’elle intervient dans le contexte de la publication d’une liste noire des 36 pays dont 25 africains (comprenant le Sénégal) dont les ressortissants pourraient être interdits d’entrée sur le territoire des Etats-Unis. 

Ambassade des USA aux Almadies (Dakar)
 

Les hommes politiques au pouvoir, dans tous les pays du monde, sont la voix de leurs compatriotes, les défenseurs institutionnels et politiques de leur droit à la dignité, les relais de leurs préoccupations, l’expression de leurs souffrances dites ou diffuses. Les grands pays assument cette posture en permanence. Sans état d’âme. Le Sénégal n’est pas un petit pays. Alors pourquoi pas ? 

Le coup de gueule du PM a une vraie dimension symbolique car les Américains et d’autres consulats occidentaux restent souverains dans leurs décisions. C’est donc surtout sa portée politique qu’il faut considérer dans le contexte d’une remise en cause de beaucoup de pratiques et de certitudes que des politiciens professionnels fossilisés par des décennies de carence et adeptes des combinazzioni sans fin ont cru éternelles. Le monde a changé !