Connectez-vous

Enseignement supérieur : Monsieur le Ministre, l'urgence n'est pas d'être visible, mais d'être utile (Par Doudou NDIAYE)

Mercredi 16 Juillet 2025

Alors que les universités publiques du Sénégal sont confrontées à des défis majeurs (retards de bourses, manque de logements étudiants, amphithéâtres insuffisants), le ministère de l’Enseignement supérieur semble s’engager dans une autre direction. Celle de la communication ostentatoire, aux accents de grand spectacle, là où la sobriété et l’efficacité seraient attendues.

 

Ce mardi 15 juillet 2025, il a reçu les médias au Terrou-Bi autour d’un "déjeuner de presse" consacré à l’Agenda national de Transformation de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (ANTESRI 2050). À peine digéré ce lancement en grande pompe, les ANESRI s’ouvriront le 17 juillet au CICAD de Diamniadio, dans un format qui laisse présager encore plus de frais somptuaires, dans un contexte où les ressources publiques sont sous tension.

 

Mais ce qui irrite le plus, c’est la prétention à l’innovation dans un secteur qui a déjà connu de profondes réflexions, souvent portées par des experts reconnus, dans et hors du Gouvernement. Mary Teuw Niane, Mbaye Thiam, Olivier Sagna, Abdoulaye Diagne,  pour ne citer qu’eux, ont tous contribué et été témoins, à divers niveaux, à des diagnostics clairs et à des recommandations structurées sur l’enseignement supérieur sénégalais. À quoi bon refaire les mêmes constats, à coups de forums et d’effets d’annonce, si ce n’est pour entretenir une illusion de rupture ?

 

Pis encore : le choix des lieux. Le ministère et les universités ne manquent pas d’espaces capables d’abriter ces rencontres. Des structures comme l’EBAD, l’IFAN, ou même l’UCAD 2 disposent de salles tout à fait adaptées voire adaptables, à de telles discussions. Pourquoi alors préférer des hôtels hors de prix et le CICAD, quand nos propres institutions académiques peuvent accueillir ces moments d’échange à moindre coût et avec plus de symbolique ?

 

Il est temps de dire les choses clairement : l’université sénégalaise n’a pas besoin d’un programme-spectacle, mais d’un plan d’action concret, sobre et ancré dans l’existant. La priorité n’est pas la mise en scène, mais la mise en œuvre.

 

Et ce n’est pas en négligeant les savoirs déjà produits ni en ignorant les expertises locales que l’on construira l’université de demain

 

D'autant plus que le ministère lui-même reconnaît, par ses propres actions, la capacité d’accueil des installations universitaires. Le 27 mai 2025, le ministre n’a-t-il pas présidé un séminaire stratégique à l'UCAD sur les usages pacifiques des technologies nucléaires, en présence de l'ambassadeur de Corée et de plusieurs autorités académiques ? Cet événement, de portée internationale, a démontré la capacité de l'université à accueillir des manifestations de haut niveau. Le 8 mai 2025, ne s’est-il pas tenu à l’UCAD 2 une importante réunion avec les responsables des établissements privés d'enseignement supérieur, en présence de l'ensemble des acteurs du secteur et des services centraux du ministère ?                                                                                                                                                                                              Ces exemples récents prouvent que nos universités sont en mesure, symboliquement et techniquement, de mener le débat sur leur propre avenir. L'Etat a tout intérêt à en faire des lieux d'expression, au lieu de les contourner.

 

Ce que la communauté universitaire attend, ce ne sont pas des slogans, mais des actes. Du «  Jub - Jubal – Jubbanti ». Il ne s'agit pas de remettre en cause le besoin de réforme, qui est réel et urgent, mais de s'interroger sur les méthodes. Car la transformation ne viendra pas d'un nouvel agenda tous les cinq ans, mais d'un engagement clair à mettre en œuvre ce qui a déjà été convenu, avec les ressources disponibles. Une véritable rupture avec le passé exige que nous sortions du cycle des annonces et des événements coûteux pour aller vers la sobriété, l'efficacité et la cohérence. «  Jub - Jubal – Jubbanti ». 

 

Cela implique de mobiliser l'expertise locale, de s'appuyer sur les structures existantes et de donner du sens à la dépense publique, en particulier dans un contexte de contraintes budgétaires.

 

Les universités sénégalaises ne demandent pas un spectacle, mais une stratégie. Il ne s'agit pas d'un grand lancement, mais d'une politique ferme, continue et inclusive. Ce que les étudiants, les enseignants et les administrateurs demandent, ce ne sont pas des conférences, des déjeuners , des dîners dans des hôtels de luxe, mais des mesures concrètes : des bourses payées à temps, des logements décents, des salles de classe disponibles, des programmes utiles et des carrières sûres.

 

Certes beaucoup de bonnes initiatives ont été prises par le ministère depuis l’arrivée de Dr Diouf, mais Il est temps d’investir plus dans l’action que dans la rhétorique. Il est important de comprendre cela, car il n'y a plus beaucoup de marge de manœuvre. Il ne s'agit plus d'être visible. Il s'agit d'être utile. C'est ainsi que j'interprète la dernière sortie du Premier ministre Ousmane Sonko.
 

Doudou Ndiaye

SOURCE : MA REVUE DE PRESSE
 
Le Dr Abdourahmane Diouf, ministre de l'Enseignement supérieur du Sénégal
Le Dr Abdourahmane Diouf, ministre de l'Enseignement supérieur du Sénégal
Nombre de lectures : 250 fois


1.Posté par Me François JURAIN le 16/07/2025 12:54
Où est la rupture promise? On parasite les grands hotels pour des "petits dejeuners presse", des conférences blabla, toujours évidemment dans des lieux huppés, et privés, ect...On est en train de faire la même chose qu'avant, mais en pire! De l'ACTION, de l'ACTION maintenant, et vite! Assez de blabla et place aux vrais problèmes: il y a trop d'étudiants par rapport à la capacité d'accueil, Une capacité d'accueil imprévisible, en raison d'une démographie incontrôlée, et trop d'étudiants qui n'ont pas leur place en faculté.

La solution toute trouvée, depuis de nombreuses années, et pas qu'ici, c'est baisser le niveau. Il faut cesser de raisonner en pourcentage: qu'est-ce que ça veut dire, DANS TELLE VILLE? DANS TEL LYCÉE? 95% d'élèves ont été reçus au bac? De mon temps, c'est à dire avant 1968, on raisonnait en capacité et niveau, pas en pourcentage: le bac était un examen difficile, mais qui avait une valeur, ce qui est normal puisque c'est la porte d'entrée des facultés. Maintenant, le bac est devenu une formalité, on a terriblement baissé le niveau, afin de procéder à des distributions gratuites: il ne faut donc pas s'étonner, puisque les facultés sont devenues des supermarchés, où tout le monde peut rentrer! Trop d'étudiants, trop de bacheliers, et en parallèle, impossible de trouver un plombier, un menuisier, un maçon qui sache travailler correctement!

Beaucoup de jeunes, qui encombrent les facultés, parce que manifestement ils n'y ont pas leur place, parce qu'ils ne sont pas au niveau et qu'ils n'auront jamais ce niveau, parce que ce ne sont pas des "intellectuels", peuvent faire d'excellents maçons menuisiers, ou peintres, et gagner plus que confortablement leur vie, en exerçant le métier pour lequel ils sont faits. Ces mesures ne coutent pas cher, et peuvent être prises rapidement. Il suffit de créer ou développer de véritables centre d'apprentissages, d'orienter ceux qui peuvent réussir dans un métier manuel, et sélectionner ceux qui sont faits pour un métier plus "intellectuel". Ces mesures sont simples, et elles deviennent vitales, et pas seulement au SENEGAL.

Les universités sont en train de crever, à cause d'un niveau tellement bas que cela en devient ridicule, et le phénomène n'est pas que sénégalais. Quand est-ce que l'on remettra les métiers manuels à leur juste place ? Cela permettrait d'avoir des artisans compétents, ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui, et de contribuer grandement à l'économie du pays. J'ai autour de moi une dizaine de personnes, qui auraient aimé faire construire une maison ici, mais qui ont abandonné faute de compétences artisanales.

Alors, pour trouver de vraies solutions à de vrais problèmes, inutile d'aller se donner en spectacle dans les hôtels huppés de la place: les bonnes décisions peuvent se prendre tranquillement dans un bureau que je peux supposer climatisé, du ministère, par un ministre qui peut et qui veut contribuer au changement tant promis, et qui tarde à venir.
Moins de blabla, plus d'ACTION! Il faut agir, et vite!
Me François JURAIN

Nouveau commentaire :













Inscription à la newsletter