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Élection présidentielle de 2024 - Talonné par DeSantis, Trump se prépare pour une longue primaire

Lundi 6 Mars 2023

Dans les couloirs de la conférence conservatrice CPAC, le visage politique du Parti républicain semblait presque inchangé par rapport à l’apogée de la présidence de Donald Trump. De fervents admirateurs de l’ancien président – souvent vêtus de paillettes – se bousculaient pour se prendre en photo avec n’importe quel membre de la famille Trump se trouvant à proximité. Les chants « Nous aimons Trump ! » résonnaient dans les couloirs.

Mais en dehors des limites de ce rassemblement amical, Donald Trump et sa campagne ont commencé à s’adapter à la nouvelle réalité de 2024. L’ancien président est peut-être le favori pour l’investiture républicaine, mais il n’est plus le leader unique de son parti.


Donald Trump (g) et Ron DeSantis
Donald Trump (g) et Ron DeSantis

Après un début laborieux, l’équipe de Trump se prépare activement à l’éventualité d’une longue primaire pour choisir le candidat républicain à la présidence en 2024. Cela signifie qu’elle doit s’organiser sur le terrain pour participer à une lutte potentielle pour les délégués qui pourrait se prolonger jusqu’à l’année prochaine. Cela signifie également qu’il doit se battre avec son adversaire, Ron DeSantis, gouverneur de la Floride, qui est en pleine ascension sans être officiellement candidat, pour obtenir des donateurs et des soutiens.
 
Il s’agit d’un travail fastidieux que Trump a été lent à entreprendre lors de sa campagne de 2016, propulsée par sa célébrité, mais désorganisée. En 2020, il s’est servi de son statut de candidat sortant pour faire fuir toute contestation sérieuse.
 
Pour cette troisième fois, Trump et son organisation se concentrent sur les rouages traditionnels d’une campagne. Cela illustre le niveau de compétitivité auquel on s’attend pour la course à l’investiture républicaine, malgré le statut inégalé d’ancien président de Donald Trump et son avance dans les sondages. Mais la menace d’inculpation qui pèse sur l’ancien président n’est qu’une des raisons pour lesquelles 2024 pourrait se dérouler de la manière la moins traditionnelle qui soit.
 
M. Trump a déclaré samedi que même les inculpations ne l’inciteraient pas à quitter la course, tout en dénigrant les procureurs qui le surveillent en Géorgie et à New York. Son discours à la Conservative Political Action Conference (CPAC), la vitrine annuelle de la droite américaine, a démontré qu’un élément de sa force politique perdure : la loyauté des militants vocaux en colère contre la vieille garde du parti.
 
« Je suis votre guerrier. Je suis votre justice », a déclaré Trump dans un discours émaillé de griefs qui s’est étiré sur plus de 90 minutes. « Et pour ceux qui ont été lésés et trahis, je suis votre châtiment. »
 
Les campagnes s’activent
 
Le discours n’était que le quatrième évènement public de Trump depuis le début de sa campagne, il y a près de 16 semaines. Mais il accélère maintenant son calendrier public, avec la planification en cours de son premier grand rassemblement de 2024 et de deux discours sur ses politiques qui auront lieu ce mois-ci, selon deux personnes familières avec la planification.
 
De façon notable, Ron DeSantis – qui devrait se présenter mais n’a pas encore déclaré ses intentions – n’a pas participé à la CPAC. Il a plutôt entrepris une tournée dans plusieurs États pour promouvoir son nouveau livre sur sa gouvernance de la Floride comme modèle pour la nation. Dimanche, DeSantis a prononcé un discours sur sa vision du parti à la bibliothèque présidentielle Ronald Reagan en Californie.
 
Les deux hommes ont des voyages prévus à Davenport, dans l’Iowa, au cours des deux prochaines semaines – visitant l’État où commence le processus d’investiture républicaine.
 
« Le président Trump est toujours le candidat principal. Mais c’est une course beaucoup plus ouverte qu’elle ne l’a été par le passé. » (Charlie Gerow, stratège républicain et vice-président de la CPAC)
 
M. Trump a remporté le sondage annuel de la CPAC par une large marge, et pour la troisième année consécutive, DeSantis était son plus proche rival. Trump s’est prévalu de sa victoire et a juré de « finir ce que nous avons commencé ».
 
« Nous avions un Parti républicain qui était dirigé par des monstres, des néoconservateurs, des mondialistes, des fanatiques de l’ouverture des frontières et des imbéciles, a déclaré Trump. Mais nous ne retournerons jamais au parti de Paul Ryan, Karl Rove et Jeb Bush. »
 
Paul Ryan, ancien président de la Chambre des représentants, s’est récemment prononcé contre Trump. Il siège au conseil d’administration de Fox News, un réseau dont les choix de couverture récents frustrent l’équipe Trump. Jeb Bush, ancien gouverneur de Floride et rival de Trump en 2016, a parlé favorablement de Ron DeSantis.
 
De premières publicités contre DeSantis
 
En public et en privé, Trump a déjà commencé à s’en prendre à DeSantis, bien qu’il ne l’ait pas mentionné samedi. La campagne de Trump a dépensé une petite somme cette semaine pour diffuser ses premières publicités sur Facebook visant DeSantis, dont une avec une photo des deux hommes et la légende : « Sur la photo : Un apprenti qui apprend du maître ».
 
DeSantis a pour l’essentiel ignoré les railleries, même si, lors d’une apparition sur Fox News, il s’est attaqué de manière oblique aux luttes intestines qui ont affligé la Maison-Blanche de Trump en disant que son gouvernement « n’a pas eu une seule fuite ».
 
Le changement dans la dynamique politique peut être vu clairement dans la stratégie naissante des délégués de l’opération Trump.
 
Avant 2020, la campagne Trump incarnait avec succès l’establishment du parti. Depuis leur perchoir de la Maison-Blanche, ses conseillers façonnaient les règles du parti au niveau des États afin de rendre plus difficile pour ses rivaux d’accumuler des délégués. L’objectif – qu’ils ont atteint – était d’étouffer toute contestation des primaires avant qu’elle ne puisse se développer.
 
À l’approche de 2024, les perspectives de Donald Trump sont très différentes. Gardant des souvenirs des efforts déployés en 2016 pour empêcher sa victoire, l’équipe de Trump a multiplié les démarches auprès des organisations républicaines dans les États pour façonner à son avantage les règles de la convention où sera choisi le candidat républicain à la présidence, ainsi que celles sur l’accumulation de délégués.
 
Une primaire sans précédent
 
Il n’y a pas de précédent moderne pour la participation d’un ancien président à une primaire contestée, ce qui rend difficile d’évaluer la force politique de Trump pour la suite des choses.
 
Mais il existe des signes de la diminution de son influence au sein du parti. La collecte de fonds auprès de la base de l’ancien président a considérablement diminué. En 2021, lorsque Trump s’est exprimé à la CPAC dans son premier grand discours après l’émeute du 6 janvier au Capitole, il a amassé en ligne 3,2 millions de dollars américains en 48 heures. Le jour même et le lendemain de son annonce pour 2024, fin 2023, il a recueilli en ligne environ la moitié de cette somme – 1,6 million US –, selon les registres fédéraux.
 
De plus, certains de ses collaborateurs les plus anciens n’ont pas encore apporté leur soutien public. Lors d’un appel téléphonique privé il y a quelques semaines, M. Trump a demandé à la gouverneure de l’Arkansas, Sarah Huckabee Sanders, son ancienne secrétaire de presse à la Maison-Blanche, de le soutenir, et elle a répondu qu’elle ne le ferait pas encore, selon deux personnes au fait de la discussion, qui ont demandé de ne pas être nommées. M. Trump s’est montré déçu, mais pas en colère lors de l’appel, ont ajouté ces sources.
 
Un assistant de la gouverneure n’a pas répondu à une demande de commentaire, et Steven Cheung, un porte-parole de Trump, n’a pas abordé la question directement, disant que Trump avait le soutien des « Américains de tous les jours » et était « en tête par de larges marges de sondage en sondage ».
 
La quantité impressionnante d’objets liés à Trump à la CPAC était un rappel saisissant de l’emprise inégalée de Trump sur les militants de la base républicaine. Le hall d’exposition de la conférence était une sorte de bazar Trump. Un comité d’action politique pro-Trump avait installé une réplique du pupitre du bureau Ovale, un éventail étincelant d’accessoires niant le résultat de la dernière présidentielle était offert à la vente, et des militants tenaient un stand exhortant les participants à soutenir les personnes poursuivies dans l’émeute du 6 janvier 2021.
 
« DeSantis est un grand gouverneur, probablement le meilleur gouverneur de la nation », a déclaré Sarah Palin, ancienne candidate républicaine à la vice-présidence. Mais, a-t-elle ajouté, « personne ne peut se comparer à Trump ». (NEW YORK TIMES)
 
 
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