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Dérives liberticides.

Dimanche 13 Janvier 2019

« Le mépris des lois c’est le commencement de la décadence ». Jean Pellerin.
 
Le vacarme du parrainage et ses conséquences incalculables sur l’élection présidentielle du 24 février 2019 ont pris le dessus sur toutes les autres questions sociales voire judiciaires qui secouent de plein fouet le pays de la Teranga. En effet, la politique politicienne couvre tout le champ social, oriente et dicte même les sujets de discussion ou les os à ronger par la masse silencieuse dans les bus, dans nos maisons et places publiques…
 
Nous sommes tellement obnubilés par le discours politique des uns et des autres, par les analyses de nos journalistes au titre pompeux de politologue, par les idioties et sarcasmes de responsables de la mouvance présidentielle ou de l’opposition, par des amuseurs publics ou troubadours qui ont investi le champ médiatique, que nous n’avons pas pris la peine de nous arrêter ne serait-ce qu’un moment pour analyser froidement la sanction judiciaire infligée à notre compatriote monsieur Assane Diouf (photo) à l’exception notable de son avocat qui a dénoncé le caractère inique  voire  incompréhensible de la décision du tribunal correctionnel de Dakar.
 
Entendons-nous bien. Il ne s’agit en aucune façon de cautionner les insultes et insanités de monsieur Assane Diouf. Ces propos sont à rejeter. Ils dénaturent même la quintessence de son analyse sur la réalité sociale du pays puisque les esprits naïfs ou en quête de sensation s’arrêtent uniquement sur ses invectives sordides et outrageantes en feignant d'oublier par ci et là les fléaux et les goulots qui étranglent le Sénégal.  C’est tout le tort de notre compatriote qui lui a valu des déboires et une sanction inhumaine en dépit même de ses saillies incendiaires ignobles.
 
Dans sa délibération du 8 janvier 2019, le tribunal correctionnel de Dakar a souhaité sanctionner monsieur Assane Diouf à la hauteur de son inconduite vis-à-vis des autorités de la République à l’instar du président Macky Sall au-delà même des dispositions légales. On peut sanctionner certes un  contrevenant aux lois et règlements de la République, mais uniquement dans les limites prescrites par le législateur.
 
Cependant, dans l’affaire Assane Diouf, la décision du tribunal correctionnel est difficilement tenable sur le plan stricto sensu du droit. Les restrictions et privations du juge correctionnel à son encontre sont de trop et violent manifestement ses droits les plus élémentaires. Rien ne peut justifier ces contraintes qui visent à isoler un détenu, de surcroît un citoyen sénégalais élargi par la justice. N’est-ce pas que la réinsertion sociale de n’importe quel détenu est au cœur de l’action de la justice ? Ou bien la réinsertion est-elle réservée seulement à une certaine élite ? Ou est-ce que le juge correctionnel a voulu montrer la voie à tous nos compatriotes qui se donnent à cœur joie dans la toile en proférant des insultes et autres insanités immondes sur le président de la République ou qui s’attardent à vilipender une certaine aristocratie maraboutique ?
 
La justice n’est pas de la vengeance. Le juge ne peut déroger à la règle de droit en créant de nouvelles sanctions que le législateur n’a pas prévues. Un abus de pouvoir est perceptible dans les conclusions du tribunal correctionnel dans l’affaire Assane Diouf.
 
Le tribunal correctionnel de Dakar a vu en monsieur Assane Diouf un danger incontrôlable pour les autorités de la mouvance présidentielle. C’est la raison pour laquelle il s'est permis au-delà des dispositions légales de créer des sanctions disciplinaires liberticides visant à embastiller la liberté d’expression de monsieur Assane Diouf.
 
Pourtant, un député du peuple, Moustapha Cissé Lô, durant tout le septennat du président Macky Sall, n’a épargné personne. Il s’est toujours singularisé avec arrogance et mépris dans le registre des invectives et insultes. Aucune poursuite à son encontre. Il est comme un intouchable. Pourquoi donc cette justice de deux poids deux mesures ?
 
Un citoyen lambda ne doit en aucune manière commettre certaines forfaitures surtout en public. Il est plus facile de sévir contre un homme qui ne dispose pas de soutiens de taille au niveau des hautes autorités de la République et au sein de l’aristocratie maraboutique du pays.
 
A l’exception notable de son avocat maître Clédor Ciré Ly, les autres membres de la société civile et les militants des droits de l’homme ont gardé un silence des momies sur ces contraintes qui constituent une véritable menace pour la liberté de nos compatriotes. Certes, monsieur Assane Diouf ne prend pas de gants pour vilipender nos politiciens professionnels, mais ce n’est pas une raison de plus pour lui infliger une sanction qui à terme risque de l’isoler et d’en faire un individu irrécupérable pour la sanction.
 
Et pourtant, des individus plus dangereux que notre compatriote Assane Diouf sont choyés par les médias publics et privés. Ces personnes issues de l’élite intellectuelle ou autres sont des contre modèles pour la jeunesse de ce pays. A elles, toutes les fautes même les pires turpitudes sont tolérées par hypocrisie. Les plus naïfs d’entre nous se réjouissent d’entendre leurs points de vue sur les questions saillantes alors que tout compte fait elles causent un énorme tort à la société et participent de concert avec leurs alliés du pouvoir au délitement des valeurs.
 
S’il est permis à des repris de justice, des violeurs, des assassins, des détourneurs de deniers publics d’avoir droit à la parole et de pouvoir l’exercer en toute quiétude et sans aucune gêne devant plusieurs millions de Sénégalais sur les plateaux de télé et de radio, il est inconcevable que le tribunal correctionnel de Dakar refuse à monsieur Assane Diouf ces mêmes droits.
 
Cette décision, une première dans l’histoire judiciaire du Sénégal, est une mesure privative de liberté sans aucun fondement juridique. Le plus ahurissant dans cette décision est le fait que le tribunal exige du condamné Assane Diouf un suivi psychiatrique. A partir du moment où le tribunal se penche sur une approche psychanalytique pour essayer de combattre les dérives langagières du prévenu Assane Diouf,  on sort de facto du registre de la justice pénale. Un aliéné mental voire un fou ne peut pas être poursuivi ni condamné. 
 
Qui peut empêcher à un déséquilibré mental de parler et même de trop parler ? On ne s’attarde pas sur les délires d’un fou. Le tribunal correctionnel de Dakar a voulu balayer d’un trait les sorties intempestives de monsieur Assane Diouf en les considérant comme celles d’un malade mental à soigner. Qui peut penser réellement que monsieur Assane Diouf est un fou qui choisit lui-même les personnes et autres autorités qui méritent d’être abreuvées d’insultes ?
 
Personne, dans ce pays, n’est plus à l’abri d’un abus de pouvoir manifeste du fait même que beaucoup de nos compatriotes sont préoccupés  par des problèmes de survie et ne pensent même plus à dénoncer et à condamner l’émiettement progressif de nos droits et libertés sous le magistère du président Macky Sall.
 
La terreur est l’arme des faibles qui ont perdu à jamais le sens de la mesure et de la justesse dans leurs actes de décision ou de gestion quotidienne du pouvoir.
 
massambandiaye2012@gmail.com
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