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Abdou Mbacké Ndao (Président du Mouvement de solidarité Internationale, maire de Mbacké) «Il faut des programmes endogènes pour retenir les jeunes»

Mardi 6 Septembre 2016

Abdou Mbacké Ndao (Président du Mouvement de solidarité Internationale, maire de Mbacké) «Il faut des programmes endogènes pour retenir les jeunes»
Comment comprenez-vous cela ?
Cette situation est déplorable et regrettable. Voir des jeunes sénégalais périr dans les mers juste parce qu’ils sont à la quête d’un Eldorado trompeur nous a poussés à activer le troisième volet du programme du Msi dans le cadre de la migration. (…) L’émigration est un mirage car ce que les candidats au départ croient n’est pas la réalité sur le terrain. Mais cela se comprend parce qu’il y a un degré de désolation et de désenchantement notables qui poussent les jeunes à embrasser la mer. Après une légère baisse du phénomène, on constate qu’il a repris malgré les moyens injectés par le régime d’Abdoulaye Wade. On a constaté aussi qu’au niveau de l’exécution des programmes mis en place, les résultats escomptés n’ont pas été atteints. Ce qui donne l’impression que le gouvernement actuel fait dans la continuité malgré ses ambitions de bien faire, la mise à disposition de moyens additionnels, des programmes de jeunes, le Pse. 
 
Que préconisez-vous pour la réussite des projets et programmes mis en place ?
D’abord, il faut mettre les hommes qu’il faut, à la place qu’il faut. C’est bien de mettre des moyens et des programmes, mais dans l’exécution les ressources humaines ne sont pas outillées en termes d’expérience ou de connaissances appropriées sur la matière pour la combattre. C’est à ce niveau que j’invite le gouvernement à se rapprocher du capitaine Antonio M. Padron, élevé au rang d’officier international maritime pour ses résultats en matières de sauvetages de migrants atteignant le nombre de 30 mille âmes et son expérience programmatique pour fixer les jeunes. Pour lui, avec le quart de ce qui a été dépensé jusque-là, on pourrait freiner définitivement ce phénomène.
 
Et ensuite ?
Ensuite, il faut que les programmes soient endogènes, que les projets pour fixer les jeunes sur leurs territoires soient l’émanation des localités où vivent ces candidats au départ. A Mbacké par exemple, on pourrait tenir compte du potentiel local avec la ville sainte de Touba qui utilise à elle seule des centaines de milliers de moutons, de bœufs, de poulets et d’œufs par an. Et ces produits nous viennent de la Mauritanie, du Mali, de Louga, etc. On pourrait accompagner la jeunesse à explorer ce secteur de l’élevage pour approvisionner la zone et capter les milliards qui y sont dépensés et les réinvestir dans la localité…
 
Comme maire de Mbacké, que faites-vous pour contribuer à fixer les jeunes ?
Dès notre arrivée, nous avons mis sur pied un programme communal pour d’abord payer les dettes qui bloquaient nos actions. Cette année nous avons prévu de faire bénéficier aux jeunes conducteurs de moto jakartas des permis de conduire. Nous sommes également disposés à octroyer à l’agence de la maison de l’outil (Anamo) un site pour édifier un centre de formation. Nous avons un projet d’habitat social avec des Espagnols qui doivent recruter les jeunes  de la localité comme main d’œuvre…

Par ailleurs, j’ai proposé un programme de retour au bercail des émigrés qui sont à la retraite ou qui occupent des postes de responsabilité dans certaines industries européennes. Par exemple, on pourrait faire revenir ceux qui travaillent en Italie dans le secteur du cuir et rouvrir une société comme Bata où ils mettront à profit leur expertise et leur expérience tout en restant chez eux. Et on part de la tannerie, la teinture, la manutention, bref toute la chaine du cuir pour confectionner des chaussures, sacs, ceintures avec un modèle africain et sénégalais, à écouler dans la sous-région et partout dans le monde.
 
 
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