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Antony Blinken plaide pour un cessez-le-feu "immédiat" à Gaza

Jeudi 21 Mars 2024

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a plaidé jeudi pour un cessez-le-feu "immédiat" entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, assiégée et au bord de la famine, lors d'une nouvelle tournée dans la région qui l'a conduit au Caire.

 

Les Etats-Unis, alliés historiques d'Israël, ont pour la première fois présenté un projet de résolution à l'ONU appelant à un "cessez-le-feu immédiat" dans le territoire palestinien, plongé dans une crise humanitaire majeure après cinq mois et demi de guerre.

 

Ce changement de position a été annoncé mercredi par Antony Blinken en Arabie saoudite, première étape de sa tournée au Moyen-Orient qui se poursuivra vendredi en Israël.

 

M. Blinken a toutefois souligné que ce cessez-le-feu devrait être lié à la libération des otages enlevés durant l'attaque menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre, qui a déclenché la guerre.

 

Jeudi, le ministère de la Santé du Hamas a annoncé la mort d'au moins 65 personnes dans des frappes israéliennes en 24 heures. Des témoins ont fait état de raids dans le centre du territoire et de combats autour de l'hôpital al-Chifa à Gaza-ville, dans le nord.

 

- Paysage de ruines -

 

Plus de 140 combattants palestiniens ont été tués depuis le début de l'opération d'envergure lancée lundi contre ce complexe hospitalier, a annoncé l'armée israélienne.

 

Des centaines de civils ont continué à fuir jeudi l'hôpital et ses alentours et gagné la côte pour échapper aux combats et aux bombardements.

 

Des images de l'AFP ont aussi montré d'épais nuages de fumée au dessus de Khan Younès, dans le sud. Dans la ville voisine de Rafah, des habitants inspectaient les décombres des maisons, dans un paysage de ruines.

 

Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque sans précédent dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort d'au moins 1.160 personnes, pour la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
 

Selon Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d'entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 33 seraient mortes.

 

En représailles, Israël a juré de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.

 

Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 31.988 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste.
 

Lors de sa sixième tournée au Moyen-Orient depuis le début de la guerre, M. Blinken a rencontré jeudi au Caire le président Abdel Fattah al-Sissi pour discuter des moyens de parvenir à un cessez-le-feu, avant une réunion avec les chefs de la diplomatie de cinq pays arabes - Egypte, Qatar, Arabie saoudite, Jordanie, Emirats arabes unis.

 

- Rencontre CIA-Mossad -

 

Ces ministres ont appelé conjointement à "un cessez-le-feu complet et immédiat" et à "l'ouverture de tous les points de passage entre Israël et la bande de Gaza", afin de laisser passer l'aide humanitaire.

 

Parallèlement, les discussions sur une trêve se poursuivent à Doha entre représentants des Etats-Unis, du Qatar et de l'Egypte.
 

Le chef du Mossad, les services de renseignement israéliens, David Barnea, et celui de la CIA, William Burns, doivent se rencontrer vendredi à Doha, a annoncé le gouvernement israélien.

 

"Je pense que le fossé se réduit et qu'un accord est tout à fait possible", a dit M. Blinken au média saoudien Al Hadath.

 

Mais un responsable du Hamas a affirmé que la réponse d'Israël à sa proposition de trêve, transmise par les médiateurs au Qatar, était "globalement négative" et pourrait "conduire les négociations vers l'impasse".

 

Le Hamas avait semblé à la mi-mars ouvrir la porte à une trêve associée à une libération d'otages, après avoir longtemps réclamé un cessez-le-feu définitif en préalable à tout accord.

 

Depuis le début de la guerre, les Etats-Unis ont mis leur veto à plusieurs résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU appelant à un cessez-le-feu à Gaza, estimant que cela aurait bénéficié au Hamas.

 

Washington, qui appelle Israël à faire de la protection de la population une "priorité", redouble à présent de pressions sur son allié pour qu'il ne lance pas l'offensive terrestre annoncée sur Rafah, redoutant de lourdes pertes civiles.

 

Cette ville adossée à la frontière fermée avec l'Egypte abrite, selon l'ONU, près d'un million et demi de personnes, pour la plupart des déplacés.

 

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, affirme qu'une offensive sur Rafah est nécessaire pour vaincre le Hamas.

 

- "Les enfants meurent de faim" -

 

Afin de soulager un peu la population, plusieurs pays organisent quotidiennement des parachutages de nourriture et ont ouvert un couloir maritime depuis Chypre vers Gaza, mais tous soulignent que ces voies d'approvisionnement ne peuvent se substituer aux routes terrestres.

 

Chypre a déclaré jeudi vouloir faire partir "autant de bateaux que possible" vers Gaza, lors d'une réunion internationale consacrée à ce couloir humanitaire.

 

"Les enfants meurent de faim. Ils sont privés de nourriture", s'est alarmé jeudi le Comité des droits de l'enfant des Nations unies, renouvelant son appel à un cessez-le-feu.

"Même les miettes sont difficiles à trouver", affirme-t-il.

 

Israël impose un siège complet à la bande de Gaza depuis le début de la guerre et contrôle strictement l'aide humanitaire qui arrive principalement depuis l'Egypte via Rafah.

 

Cette aide reste très insuffisante face aux immenses besoins des 2,4 millions d'habitants de Gaza et ne parvient que très difficilement dans le nord, où vivent actuellement plus de 300.000 personnes selon l'ONU.

 

Les agences de l'ONU ont averti que la famine sévirait d'ici le mois de mai dans cette partie du territoire en l'absence de mesures "urgentes".

 

"Le siège, la faim et les maladies deviendront bientôt les principales causes des morts à Gaza", a averti sur X le commissaire général de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini. [AFP]

 
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