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TERRORISME : Le Cemga Cheikh Guèye dresse un tableau sombre pour le Sénégal

Mercredi 7 Décembre 2016

TERRORISME : Le Cemga Cheikh Guèye dresse un tableau sombre pour le Sénégal
La troisième édition du Forum sur la paix et la sécurité en Afrique a pris fin cet après-midi au Centre international de conférence Abdou Diouf de Diamniadio. C’est le panel de Haut niveau des chefs d’Etat et de gouvernement qui a mis fin à cette rencontre annuelle.
Mais auparavant, dans la matinée, un autre panel a eu lieu : il a réuni les chefs d’Etat major des armées de quatre pays : Sénégal, Nigeria, Burkina Faso, ainsi que le Général Pierre de Villiers, patron des armées françaises. La modération a été assurée par le général Babacar Gaye.
 
A cette occasion, le nouveau chef d’Etat-major de l’armée sénégalaise, le Général Cheikh Guèye, a dressé un portrait extrêmement inquiétant de la situation actuelle du Sénégal face aux menaces terroristes. Du fait de sa proximité naturelle avec la bande sahélo-saharienne, immense zone de non-droit où prospèrent « activités illicites et criminelles », notre pays est plus que jamais dans l’œil du cyclone.
 
Entre la protection espérée de « saints hommes », un « simple sursis » et une « conjonction favorable des astres », a dit le général Guèye, « la liste est longue lorsque les Sénégalais épiloguent sur la menace terroriste » chez nous. Pourtant, a-t-il noté, « la vérité est plus prosaïque » que cela « et pourrait se résumer en ces quelques mots : certes, le Sénégal n’a jamais été la cible d’actes terroristes d’envergure ; il n’est pas plus menacé qu’un autre pays ; il a conscience de ne pas être à l’abri définitif d’attaques. »
 
Selon le Cemga, « une appréciation rationnelle des tendances lourdes du terrorisme international » combinée aux données tirées  d’études effectuées à partir du contexte sous-régional et régional et à la « prise en compte de dynamiques internes à la société sénégalaise » laissent penser que des risques pèsent effectivement sur le pays.
 
Aujourd’hui, les groupes terroristes fonctionnent en mode transnational, ciblant en grande partie les pays occidentaux lesquels leur mènent une lutte acharnée en accentuant la protection de leurs espaces territoriaux respectifs. C’est alors que les bandes terroristes se déportent sur d’autres pays en profitant, selon le général Guèye de « mesures de sécurité moins strictes ». Les Etats-Unis en ont fait les frais à Nairobi et à Dar Es Salam en 1998.
 
Clairement la place de carrefour international qu’occupe Dakar a des avantages réels, « mais sur le plan géostratégique, elle induit des vulnérabilités sur le plan sécuritaire exploitables par des terroristes », a expliqué le général Cheikh Guèye. « La même logique prévaut concernant le dynamisme de la diplomatie sénégalaise et ses prises de position en faveur de la démocratie, de la liberté et des droits de l’homme », a ajouté le chef des armées. Des raisons suffisantes pour que le Sénégal soit « une cible potentielle de certains milieux fondamentalistes », en plus d’autres facteurs.
 
L’autre « signal inquiétant pour le Sénégal » réside dans la proximité immédiate de pays en conflits qui pourraient « servir de bases de repli, de préparation et de départ d’activités terroristes », a soutenu le général Guèye. Qui met à l’index la poudrière malienne. « La menace pourrait s’étendre sans préavis au Sénégal » sur le modèle des attaques parties du territoire malien pour atteindre Grand-Bassam  et Ouagadougou. »
 
Si Al Qaeda et Aqmi sévissent au Mali, Boko Haram continue d’ensanglante le Nigeria, rappelle le militaire, en dépit de son changement d’identité. « Si la secte n’est pas neutralisée », ses actions pourraient se propager dans toute l’Afrique de l’Ouest et atteindre ainsi le Sénégal. Comme dans une sorte d’avant-goût, un certain Diokhané entraîné par Boko Haram a tenté d’installer une cellule djihadiste au Sénégal. »
 
Théoriquement éloignée, même la Libye constitue dorénavant une menace, a averti Cheikh Guèye. Les groupes terroristes subissent de fortes pressions militaires qui les ont poussées à adopter une « stratégie de dispersion dans l’essence sahélo-saharien, notamment en direction de l’ouest et du sud du territoire libyen. « Il s’y ajoute que de nombreux pays piégés dans ce pays sur les chemins de l’immigration pourraient être recrutés par l’Etat islamique. »
 
Le problème est d’autant plus complexe qu’il est fait état d’immenses trafics d’armes dans le sud libyen. Pour le chef des armées sénégalaises, des compatriotes ayant fait les bourbiers irakien et syrien pourraient être tentés de revenir au pays « pour mettre en pratique un savoir-faire terroriste déjà acquis. »
 
En outre, les exigences de la mondialisation dans son volet circulation des biens et services, la disponibilité des techniques liées à l’internet et la porosité des frontières alimentant les émigrations clandestines, aggravent considérablement les risques de passages à l’acte. A ce niveau, relève le militaire, le Sénégal est quasi impuissant au regard des contraintes que lui imposent ses engagements internationaux dans le domaine des migrations dans l’espace Cedeao.

La pression démographique
« Le Sénégal est dans la ligne de mire des terroristes qui gravitent à ses portes  et qui peuvent saisir toutes opportunités pour agir. » (Momar Dieng)
 
 
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