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ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR - Les universités africaines appelées à se réinventer

Mercredi 9 Novembre 2016


La 3e édition des « Débats du monde Afrique » a vécu. C’était au Grand théâtre de Dakar, sur le thème « Le défi de l’enseignement supérieur en Afrique de l’Ouest : informer, orienter et inspirer ».

Devant un parterre de ministres, de journalistes dont Jérôme Fenoglio, directeur du journal Le Monde, Serge Michel, rédacteur en chef du « Monde Afrique », de penseurs, intellectuels, universitaires et d’étudiants, le premier ministre sénégalais est revenu sur les enjeux de ce panel.
« Les défis de l’enseignement supérieur sont multiples et multiformes. L’un des défis majeurs du système éducatif, c’est d’assurer l’adéquation de la formation aux besoins de l’économie pour une employabilité des jeunes demandeurs d’emplois », a-t-il souligné d’emblée, déplorant que « nous ne formons pas assez d’ingénieurs ».
 
Ruptures
Dans la foulée, Mahammed Abdallah Dionne a appelé à des ruptures dans la formation pour doter nos économies en croissance permanente des ressources humaines de qualité dont elles ont grandement besoin. «Pour disposer de ressources humaines de qualité capables de contribuer à la croissance et à l’émergence économique, il est nécessaire que l’on opère les ruptures indispensables pour ouvrir des perspectives nouvelles permettant le développement de notre système d’enseignement et de formation qui promeut l’excellence », a indiqué le chef du gouvernement.

Il est une exigence fondamentale que la formation reçue dans les universités sénégalaises et africaines en général soit en adéquation avec les besoins en emplois. « Notre problème en Afrique est l’absence de perspectives en matière d’emploi. C’est donc le défi des dirigeants africains de trouver de nouvelles perspectives à l’insertion des jeunes pour éviter qu’ils ne sombrent dans le radicalisme religieux », a-t-il souligné.
 
A en croire, le Premier ministre, le Sénégal s’est inscrit dans cette démarche, en décidant de réformer en profondeur son système d’enseignement supérieur désormais orienté vers l’enseignement des sciences et de la technique pour relever les défis du développement. En 2013, le Sénégal a organisé des concertations sur l’enseignement supérieur présidées par le Professeur Souleymane Bachir Diagne (voir entretien) et qui ont accouché de 68 mesures phares pour réformer ce sous-secteur.
 
L’une des principales conclusions de cette concertation est de redonner une place de choix à l’enseignement des sciences et techniques, mais aussi à la formation professionnelle. D’où la politique de création d’Instituts supérieur d’enseignement professionnelle (Isep) dans les capitales régionales et départementales en vue de la formation des techniciens intermédiaires capables de répondre aux besoins en main d’œuvre des entreprises. 
 
Redéfinition des savoirs
A la suite du Premier ministre, les professeurs Achille Mbembe, de Witwatersrand university en Afrique du Sud et Felwine Sarr, économiste à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, ont livré à l’assistance leur vision croisée de ce que doit être l’enseignement dispensé dans les universités africaines pour les années à venir. « L’enseignement relève-t-il d’un marché global ou d’un bien public accessible à tous, ou bien est-ce un produit comme les autres, qui se vend et s’achète », s’est interrogé d’entrée de jeu l’historien camerounais. Répondant à sa propre interrogation, il a estimé que « l’avenir du continent se joue sur cette question de l’enseignement », indiquant que l’âge d’or des universités nationales est révolu et qu’il faut retourner à la vocation universaliste de l’université.  
 
Pour Felwine Sarr, l’enjeu « c’est d’adapter les universités africaines aux nécessités de transformations sociales et économiques, au-delà de la mission universelle de transmettre le savoir ». Pour ce faire, la problématique préalable à résoudre est de « convenir du type de savoirs à produire et pour quel type d’individus pour le monde à venir ».
 
En écho, Achille Mbembe a estimé que « pour une redéfinition des savoirs, les Africains doivent apprendre à désapprendre pour se débarrasser des savoirs obsolètes et embrasser les savoirs spécialisés dans une économie de plus en plus financiarisée ». A ce propos, Felwine Sarr, auteur d’Afrotopia, a appelé « à articuler les humanités et les sciences pour développer les savoirs africains ghettoïsés ».
 
Pour sa part, Pr Ibrahima Thioub, recteur de l’Ucad, a invité à « la transformation mutuelle » de l’enseignement supérieur en Afrique pour entrer dans le monde de demain. » Ce qui, à son avis, demande des moyens financiers importants. (Mamadou SARR)

 
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