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CHAMBRES CONSULAIRES - Vérités et enjeux d’un projet controversé

Jeudi 8 Septembre 2016

CHAMBRES CONSULAIRES - Vérités et enjeux d’un projet controversé
La réforme consulaire qui veut mettre en place une chambre consulaire unique au Sénégal, en lieu et place des 14 chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture est l’objet de grosses controverses au sein d’un patronat clivé entre d’une part le Cnp, la Cnes et le Meds, et l’industriel Serigne Mboup. 
 
Réforme. C’est certainement l’un des mots les plus usités dans l’espace public depuis l’accession de Macky Sall à la magistrature suprême. Mais doit-on réformer pour réformer ? Le sujet soulève une panoplie de questionnements au regard des polémiques relatives aux chambres consulaires.  Ou du moins, la polémique entretenue par presse interposée. Tout le brouhaha fait autour de l’avenir des Chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture ne pose pas forcément ce qui serait le vrai débat de fond. Les invectives, attaques personnalisées, accusations, ne seraient que la partie visible de l’iceberg car le mal semble plus profond. Un célèbre Président français - Valery Giscard d’Estain - disait : «tout le monde ne peut pas s’entendre sur les idées de tout le monde mais tout le monde peut s’entendre sur l’essentiel».
 
L’essentiel ici est que le secteur privé national est divisé sur la question. Deux camps  s’affrontent. C’est d’une part les initiateurs de la réforme (Cnes, Cnp, Mdes) et d’autre part Serigne Mboup, président de l’Union nationale des chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture, soutenu par le député Moustapha Cissé Lo, président de la chambre de commerce de Diourbel.
 
Le changement majeur de cette réforme c’est de regrouper les 14 Chambres de commerce du Sénégal en une entité forte certainement basée à Dakar. Si la réforme passe, il n’y aura plus de chambre de commerce régionale mais des antennes régionales.
 
Une réforme qui divise et inquiète
 Pour le chef de service assistance aux entreprises à la Chambre de  commerce de Ziguinchor, Alassane Souané, il est vrai qu’il faut suivre la Cedeao afin d’avoir une chambre forte et unie au Sénégal à l’instar d’autres pays comme la Guinée, le Mali, la Cote d’Ivoire. Toutefois, tempère-t-il, il faut tenir compte du fait que le Sénégal, avec l’Acte 3 de la décentralisation, s’est engagé dans la territorialisation des politiques publiques. M. Souané de se demander si cette volonté d’avoir une chambre consulaire unique serait en phase avec la politique de décentralisation de l’Etat.
 
Du côté de l’Unacois-Jappo, on craint que cette réforme réduise le pouvoir d’initiative des chambres de commerce situées dans les autres régions. Cité par nos confrères de l’Observateur, son premier vice-président, Cheikh Cissé, fustige la réforme. Selon lui, quand on transforme une chambre de commerce en délégation régionale, on lui ôte beaucoup de pouvoirs, de légitimité et d’autonomie. «Ce serait anti-démocratique».
 
Revenant à la charge, Alassane Souané s’interroge : «avoir une chambre nationale forte aiderait-il à répondre aux besoins spécifiques des régions ? En tant que région frontalière, par exemple, Ziguinchor aura-t-elle le même rôle important que celui qu’elle joue actuellement ?»
La présidente de la cellule régionale de l’Afao de Tambacounda ne semble pas être inquiétée par la réforme. Pour Marème Dabo, peu de femmes sont inscrites à la Chambre de commerce. D’om son espoir qu’elles seront beaucoup plus sensibilisées et orientées vers la défense de leurs droits.
 
Le Sénégal en marge de la Cedeao
De l’avis de Bachir Fofana, responsable de la communication de l’Agence de développement municipal ( Adm) et ancien chef du desk Economie du journal Enquête, le Sénégal a la particularité d’être, dans l’espace Uemoa, le seul pays à disposer de 14 chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture, soit une par région. Mais au-delà de ce fait, il est d’avis que si les autorités sénégalaises ont voulu ces réformes, c’est parce que les chambres actuelles n’ont pas répondu à leur vocation. «Une chose est de faire des constats, une autre est d’avoir le courage de faire des ruptures salutaires après les constats. C’est à ce niveau que les pouvoirs publics, le ministère du Commerce (tutelle des chambres consulaires) sont attendus», a-t-il fait remarquer. (Cheikh Ndong)

 
Joe waly Diam
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