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Regain de violences intercommunautaires au Nigeria: 29 morts

Mardi 17 Octobre 2017

Kano (Nigeria) - Au moins 29 personnes, selon un responsable local, vingt selon la présidence du Nigeria, ont été tuées dans l'Etat du Plateau, dans le centre du pays, après un regain de violences entre éleveurs musulmans et cultivateurs chrétiens qui a amené le président Muhammadu Buhari à ordonner aux forces de l'ordre de "stopper cette folie".

La dernière attaque en date s'est produite lundi où des éleveurs peuls nomades s'en sont pris à des cultivateurs sédentaires après une escalade des tensions pendant le weekend malgré un couvre-feu décrêté par le gouverneur de cet Etat où cohabitent difficilement les deux communautés.

Dimanche, six éleveurs peuls musulmans avaient été tués par des hommes armés non identifiés et des centaines d'habitants du village de Nkyie Doghwro, dans le district de Bassa, s'étaient ensuite réfugiés dans leur école par peur de représailles.

Le lendemain, des groupes d'hommes armés ont envahi les locaux et tué une trentaine de personnes, a déclaré lundi Sunday Audu, responsable de l'Association de la communauté de développement Irigwe, un groupe chrétien.

"Il y a eu 29 morts et trois blessés dans l'école qui était utilisée comme un camp protégé par le personnel de sécurité", a expliqué M. Audu, accusant les éleveurs peuls d'avoir perpétré le raid et les forces de sécurité de l'Etat de ne pas les avoir protégés.

Un responsable peul a de son côté démenti ces accusations.

"Nous n'avons rien à nous reprocher dans l'attaque contre les Irigwe, malgré le fait que six de nos hommes aient été tués dimanche et décapités (...) alors qu'ils faisaient paître leurs troupeaux", a expliqué à l'AFP Umaru Sangare, à la tête de l'Association des éleveurs de bétail Miyetti Allah du Nigeria (MACBAN) pour le district de Bassa.

Il a souligné que plus de 200 têtes de bétail et une quarantaine de moutons avaient également été saisis.

Vengeance de nomades

Tyopev Terna, commissaire de police pour l'Etat du Plateau a confirmé l'incident, sans préciser le nombre de victimes, expliquant qu'il se rendait sur les lieux. "Je m'exprimerai à mon retour", a-t-il dit à l'AFP.

De nombreuses voix se sont élevées récemment au Nigeria, notamment issues de la communauté chrétienne pour dénoncer l'inaction du président Buhari, lui-même d'origine peul-haoussa, sur ces questions.

Lundi soir, la présidence a toutefois publié un communiqué où le président Buhari exprime "un grand regret et une profonde tristesse" après avoir appris "la mort d'au moins 20 personnes dans l'Etat du Plateau" dans ce qu'il a décrit comme "une vengeance de la part de nomades".

"Le président Buhari pense que cette folie est allée trop loin. Il a demandé à l'armée et à la police de non seulement la stopper mais de faire tout leur possible pour que cela ne se reproduise plus", selon ce communiqué.

Le mois dernier, l'ONG International Crisis Group (ICG) a publié un rapport où elle mettait en garde contre ces violences, assurant que la menace est tout aussi importante que celle du groupe jihadiste Boko Haram, qui opère dans le nord-est du Nigeria.

L'ICG a appelé à renforcer la sécurité dans les zones rurales et délimiter de manière claire les zones de pâturages et les cultures sédentaires, un véritable casse-tête.

Au départ, le conflit portait surtout sur l'accès à la terre et à l'eau. Mais les tensions ethniques et religieuses ont augmenté depuis les violences post-électorales de 2011, où des centaines de musulmans ont été tués ou forcés de fuir la région.

Dans le seul Etat du Plateau, les ONG des droits de l'homme estiment que les violences ont fait plus de 10.000 morts ces quinze dernières années.

Le Nigeria est divisé dans une symétrie quasi-parfaite, entre un nord musulman et un sud chrétien.
 
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