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Presse, démocratie, libertés : Le modèle sénégalais vampirisé

Mardi 14 Février 2023

 
La violence et l’instantanéité avec lesquelles le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) a coupé le signal télé du Groupe Walfadjri se passent encore de commentaires. Ni sommation, ni mise en demeure, ni aucun acte de procédure en bonne et due forme en amont de la forfaiture dont se rend coupable Babacar Diagne, brave soldat récidiviste en la matière. Lors des événements de mars 2021, c’est le même qui avait également suspendu les signaux des chaînes privées Sen TV et de Walf TV (déjà !) durant 72 heures. Aujourd’hui, il repart au combat, prêt à tous les extrêmes contre son  « milieu naturel » pour satisfaire les vœux de ses commanditaires politiques, quoi qu’il en coûte à son image ! Du reste, que peut-on encore détester dans l’espace public si l’on réussit l’extraordinaire tour de manège d’avoir servi trois présidents de la République successifs sous trois régimes de nature globalement divergente ?
 
Babacar Diagne et les membres du Cnra sont une composante de l’écosystème d’influence fabriqué par Macky Sall pour mettre en place par la terreur politique et institutionnelle un projet autocratique mûri après son arrivée au pouvoir en 2012. Ce dessein mobilise, encadre et fait marcher au pas un groupe de personnes et d’institutions dont les rôles et les missions concourent à faciliter l’acceptation dudit projet dans l’opinion nationale (et internationale).
 
Les Sénégalais ne sont pas dupes : ils sont des témoins vivants et choqués de la complicité active dont bénéficie le pouvoir de la part de médias et d’individualités médiatiques face aux drames, scandales et injustices permanents qui rythment la gouvernance du chef de l’Etat. Le cadre de mise en œuvre de ce deal ayant été circonscrit, le palais n’a même plus besoin d’indiquer les chemins de la subordination eu égard au niveau d’appropriation suffisamment élevé du principe d’autocensure. Chacun sait ce qu’il a à faire par rapport aux actualités qui submergent les citoyens, et cela se voit dans le traitement curieux des faits d’actualité. C’est cette démission collective de médias naguère « subversifs » contre le régime d’Abdoulaye Wade mais aujourd’hui en convention d’affaires avec Macky Sall, que refuse le Groupe Walfadjri. Ce qui lui vaut au fond l’ire du bras armé audiovisuel du pouvoir.
 
Un système dans le système
 
Si ce système dans le système s’est imposé très vite, c’est que Macky Sall, directif et pragmatique de nature, n’est pas du genre à cogiter trop longtemps sur les archétypes qui rendent efficiente sa volonté de puissance. Entre pressions intenses, chantages judiciaires, nominations par décret ou recommandation, faveurs fiscales et tutti quanti, la menace contrainte et concrète a trouvé son aboutissement. Depuis 11 ans, le boulot à temps partiel de ces recrutés médiatiques consiste donc à consolider les postures de prébendes négociées, chacun à sa manière et dans son style, mais dans une temporalité partagée. La plupart sont devenus des mercenaires au service du chef de l’Etat et de ses projets. C’est en cela qu’ils sont assimilables à des « éléments » d’un consortium Wagner tapi au cœur de la presse sénégalaise. Ils sévissent par la plume, le micro, l’image, par la prose, le poème ou la satire. Ils ne se privent d’aucune outrance qui rende audible et visible leur sujétion, même s’il apparait qu’ils sont des polémistes moins doués que leur aïeul allemand, le compositeur Richard Wagner.
 
Ce wagnérisme version sénégalaise suinte dans la quasi-totalité du secteur public et parapublic où le pouvoir estime qu’il y a un crédit politique à ramasser. Au-delà du Cnra et des médias privés phagocytés, tout y passe : justice, police et gendarmerie, corps de contrôle, commandement territorial, presse gouvernementale, etc., avec un basculement des principes de justice et d’équité dans une sphère totalement partisane. Des exemples ?
 
Etat de roi
 
Le détournement technique et partisan du processus électoral en faveur de Macky Sall et de ses alliés ? Il relève d’un simple rapport de force entre acteurs politiques en compétition, donc que le plus fort gagne ! Le reniement (non encore publiquement assumé) du président de la République sur le caractère impératif de ses deux uniques mandats ? C’est au conseil constitutionnel de décider d’une 3e candidature de suite, pas lui ! Les partis-pris systématiques et grotesques dans le tri et l’enrôlement des plaintes judiciaires relevant de la violence et des actes politiques ? Laissons la justice travailler en toute sérénité ! Les rafles de voix critiques contre le régime dans la rue, sans convocation ? Silence ! Les appels publics aux meurtres contre des citoyens par des énergumènes encartés au clan présidentiel ? Des broutilles auxquels le procureur du roi n’a pas de temps à consacrer ! L’aveuglement infini des préfets et consorts interdisant invariablement les manifestations des opposants et des activistes ? Il nous prémunit contre les désordres publics ! La politisation décomplexée des références d’ordre ethnique ? Tous les moyens sont bons pour discréditer nos adversaires ! Où est passée notre démocratie de référence ?
 
Libérer les institutions et les hommes
 
Aujourd’hui, la réalité politique, institutionnelle et administrative au Sénégal n’échappe pas à grand monde, et surtout pas aux serviteurs aveugles et sourds du roi. La substance de ce qui était encore considéré comme Etat de droit s’est affaissée pour laisser place un Etat de roi avec ses pratiques et symboles d’allégeance dont un procureur du roi qui ne se fatigue même plus à tenter de justifier ses actes de répression. La République est verrouillée à tous les étages : c’est le temps du Sénégal pour Macky Sall. Or, c’est justement la rectification de cette anomalie insupportable qui est exigée du chef de l’Etat. Réaffirmer publiquement, une dernière fois, son impossible candidature en février 2024. Libérer les institutions et les organes de contrôle de la République de son emprise de fer. Faire organiser une élection présidentielle de référence en février 2024, inclusive, transparente, inattaquable. C’est le meilleur des services que le président Sall puisse rendre à un pays qui lui aura tout donné, au-delà de ses rêves les plus fous. Mais le veut-il seulement ?
 
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1.Posté par Me François JURAIN le 15/02/2023 10:31
Moi, je comprends mal les journalistes: rarement on a vu un Président mépriser autant les journalistes de son pays, il leur marche dessus, leur crache à la g***le, il ne se fait interviewer que par des journalistes étrangers, Français ou Américains. Si on veut avoir des déclarations du Président, il vaut mieux capter France 24 : je n'ai jamais vu ce Président, face à un journaliste, répondre aux questions qu'on lui pose: non, il les méprise et les prend vraiment pour des moins que rien! Et malgré tout, beaucoup qui ne sont pas dénués de talent, restent là sans réagir, face à ce qui est une insulte suprême, car déjà que ce Président ne soit pas grand chose, mais que serait-il sans la presse et les journalistes? Pour moi, la règle serait simple: tu me méprises, et bien ça tombe bien, je te méprise aussi! Et pas une seule ligne ne serait écrite dans mon journal ou sur ma chaine TV par ce Président qui n'aime pas son peuple! C'est aussi simple que cela!

La vérité, c'est qu'il règne au Palais une panique inimaginable, et que le Président de l'APR a complètement "perdu les pédales", il ne sait plus quoi faire! Il a tout essayé, avec SONKO, rien ne marche! Il lui reste de le faire emprisonner, mais même cela, c'est en train de tourner à l'avantage de SONKO ! A part l'abattre "le tuer ou le brûler", comme le préconisait un sinistre crétin à la télévision l'autre jour, on ne voit pas trop comment Macky SALL pourra se débarrasser de SONKO!

Macky SALL, qui n'est pas un sot, se rend bien compte que SONKO non seulement va lui faire mordre la poussière, mais également le goudron et les cailloux qui sont dessous! La descente aux enfers est amorcée pour ce président dont tout le monde souhaite le départ, à commencer par la constitution qui l'exige, mais il s'accroche! Au lieu de faire comme tous les autres présidents sensés, à savoir, "négocier" son départ en douceur, contre une immunité post présidentielle, ce qui dans son cas personnel et celui de sa famille et de clan, serait un royal cadeau, et lequel, je pense, ne serait pas impossible à obtenir, et bien non! Il est là à utiliser les vieilles méthodes qui ne marchent plus depuis longtemps, à savoir: je fais ce qu'il faut pour que mon adversaire créée le désordre que j'ai moi-même provoqué, ce qui me permettra de me présenter en père de la nation, soucieux de l'unité de mon pays!

Cette recette ne marche plus, et elle ne peut pas marcher au sénégal, car ce Président, derrière lui, ne traine pas des casseroles, mais des usines de casseroles! Et non seulement cela ne marche pas mais ce vieux système usé se retourne contre lui: chaque grenade lacrymogène tirée, c'est cinq cent voix de plus pour SONKO, car le peuple n'est pas dupe, n'est plus dupe, et beaucoup ne sont pas pour SONKO, mais farouchement contre Macky SALL et son clan qui n’a eu de cesse de les humilier…

Le problème, pour Macky SALL, c'est que SONKO est arrivé contre vents et marées, tel Jésus Christ, à marcher sur l'eau et multiplier les pains. Tout aura été tenté par Macky SALL, et rien n'aura marché! SONKO est arrivé, sans faire grand chose, à faire passer Macky SALL comme un éternel looser, ce qui est catastrophique pour sa notoriété, urbi et orbi! Ce pauvre Macky SALL en est même devenu à être le plus grand artisan de la peut-être victoire aux prochaines élections présidentielles de 2024 de SONKO! A chaque fois qu'un mouton bêlant du troupeau APR ouvre le bec pour critiquer SONKO, ce sont encore quelques milliers de voix pour lui! Quand un vieux crétin patenté, qui n'aurait même pas sa place au service gériatrie de l’hôpital appelle à l'assassinat de SONKO, ce sont des milliers de voix qui tombent encore dans l'escarcelle de celui ci! Et le camp d'en face n'a toujours pas compris!

Que dire, de Babacar DIAGNE! Une télévision qui fait son travail, c'est à dire informe les auditeurs (qui ont le choix des chaines) sur ce qui se passe à MBACKE, 7 jours d'interdiction d'émettre! Eh oui Monsieur DIAGNE, au jour d'aujourd'hui, les informations se font en boucle! Les temps ont changé, l'information circule à la vitesse de la lumière, des chaines sont spécialisées dans l'information en boucle! Au poste où vous êtes, vous devriez vous tenir à jour! Et veiller un peu plus après la tisane du soir qui fait grand bien à votre âge avancé: vous auriez pu entendre un sinistre crétin, qui aurait dû être convoqué à la DIC dans les heures qui suivent, appeler à l'assassinat d'un leader politique, cela ne vous dérange pas outre mesure! OK, il s'agit du pire ennemi de votre sponsor et bienfaiteur, mais quand même! Un peu de décence! Quand au procureur, que cela n'a nullement dérangé, et bien, il ne fait que suivre les traces de l'ex procureur félon, celui que le roi a récompensé pour toutes ses forfaitures, et ses mauvais et déloyaux services!
C’est avec des méthodes comme celles là que l'on fait gagner un adversaire!

A l'heure actuelle, nul ne sait si SONKO remportera l'élection Présidentielle, mais une chose est sûre: si le soir de son élection (éventuelle), ses premiers mots n'étaient pas pour remercier chaleureusement le plus grand artisan de sa victoire, à savoir le Président Macky SALL et son troupeau de moutons bêlants, alors son quinquennat partirait du mauvais pied, car cela voudrait dire qu'il se comporte comme un ingrat, et il faut toujours se méfier de ces comportements là!
Mais l'homme est suffisamment malin et intelligent pour savoir à qui il devra sa victoire (éventuelle)!

Il est déjà parvenu à faire jouer le calendrier judiciaire en sa faveur, et garantir sa candidature: ne restera plus qu’à déjouer les pièges qui lui seront inévitablement tendus avec les parrainages, et ne pas commettre des erreurs de débutants, comme cela est déjà arrivé! Après,...on verra bien! Inchallah, comme on dit ici !
Me François JURAIN

2.Posté par Fall le 15/02/2023 11:01
Momar, dis aux sénégalais pourquoi tu as été viré de l’enquête ? Dis aux sénégalais quels étaient tes liens avec le forum civil ?


3.Posté par Momar DIENG le 15/02/2023 12:21
Bonjour monsieur. En principe, je ne publie pas les commentaires ciblés et accusatoires dont les auteurs préfèrent camoufler leur identité. Pour une fois, je tords le cou au dit principe pour vous donner un peu de courage.

Apparemment, vous vous retrouvez dans cet article qui tente de disséquer les liens du président de la République avec certains médias. Aucun nom n'est avancé mais vous vous y retrouvez quand même. C'est curieux, mais je ne ferai aucun commentaire là-dessus.

Que je dise "aux sénégalais pourquoi j'ai "été viré de l'enquête" ?
Je vous réponds: je n'ai pas été viré. J'ai juste éprouvé le besoin de partir et je suis partie en bonne et due forme après expiration de mon délai de préavis avant démission. Aussi simple que cela. Comme vous semblez bien connaître "l'enquête", vous pouvez toujours vous renseigner auprès du directeur qui est encore en place.
Maintenant, si vous avez une autre version de mon départ de ce journal, vous pouvez la décliner ici "aux sénégalais" !

Que je dise "aux sénégalais quels étaient (mes) liens avec le Forum civil"?
Je vous réponds: des liens de travail, professionnel strictement, comme partout ailleurs.
Maintenant, si vous avez une autre version de ces liens, vous pouvez la décliner ici "aux sénégalais".

Voilà monsieur, bon courage!

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