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Kevin McCarthy, enfin dans le rôle d'opposant en chef à Biden

Mercredi 24 Mai 2023

Le chef des républicains, Kevin McCarthy
Le chef des républicains, Kevin McCarthy
L'ambitieux Kevin McCarthy, élu dans la douleur à la tête de la Chambre des représentants il y a quelques mois, a retrouvé du lustre - et de l'ascendant sur les élus républicains - en s'opposant frontalement à Joe Biden sur le budget des Etats-Unis.
 
Fort de son poste de "speaker", il a forcé le président démocrate à négocier en refusant de relever le plafond de la dette sans coupes dans les dépenses publiques. La stratégie est osée: sans vote du Congrès, le pays pourrait se retrouver en défaut de paiement dès le 1er juin.
 
Jusqu'où ira-t-il dans ce bras de fer qui le place au centre du jeu politique? Lâchera-t-il du lest pour éviter la crise, au risque de déplaire aux parlementaires trumpistes qui pourraient alors essayer de le détrôner?
 
Les intentions de cet homme de 58 ans, qui a souvent plié l'échine pour arriver à ses fins, restent mystérieuses.
 
Mais pour l'heure, il semble être parvenu à unifier les élus républicains des deux chambres du Congrès qui, toute sensibilités confondues, soutiennent sa croisade. 
 
L'élu de Californie, au teint hâlé et à la mèche grise impeccable, était pourtant sorti fragilisé de son élection, en janvier, à la tête de la Chambre, un poste qu'il visait depuis des années. 
 
Chef depuis 2014 du groupe républicain, il s'était heurté à la rébellion d'une vingtaine d'élus trumpistes, qui lui reprochaient d'être trop timoré, pas assez solidaire de l'ex-président ou encore de manquer de convictions.
 
Il a dû les courtiser pendant quatre jours et leur offrir d'importantes concessions pour les faire rentrer dans les rangs après quinze tours de vote. 
 
- Salons dorés -
 
Ce n'était pas la première fois que cet homme pragmatique avalait des couleuvres.
Parti d'un positionnement républicain classique, axé sur la défense du marché et la réussite individuelle, Kevin McCarthy a pleinement endossé le glissement à droite de sa formation politique sur l'immigration, la criminalité ou contre les droits des personnes transgenres.
 
Face aux allégations de fraude électorale martelées sans preuve par Donald Trump et à l'assaut du Capitole, il a opéré un pas de deux plus ambigu.
 
Partisan du milliardaire républicain dans les primaires de 2015, Kevin McCarthy avait initialement soutenu sa croisade contre le résultat des élections de 2020.
 
Secoué par l'attaque contre le siège du Congrès le 6 janvier 2021, il avait ensuite déclaré que Donald Trump "portait une responsabilité" dans ces violences.
 
Mais une semaine plus tard, il se faisait photographier tout sourire à ses côtés dans les salons dorés de Mar-a-Lago, la résidence de Floride du magnat de l'immobilier.
 
"Aujourd'hui, le président Trump s'est engagé à aider à élire des républicains à la Chambre et au Sénat en 2022", avait-il alors justifié, en louant les vertus d'un "mouvement conservateur uni".
 
- Sandwichs -
 
Né en 1965 à Bakersfield, un bastion républicain au coeur de l'Etat démocrate de Californie, Kevin McCarthy est le fils d'un pompier et d'une femme au foyer démocrates.
 
Sur son site internet, il met en avant ses origines populaires et promet de "défendre le rêve américain pour ceux qui travaillent dur". Il raconte aussi comment il a ouvert à 21 ans un petit commerce de sandwichs et découvert les tracas de la bureaucratie.
 
Il a cependant vite repris des études universitaires et est devenu assistant parlementaire, puis élu local, jusqu'à faire son entrée à la Chambre des représentants en 2006.
 
Homme de réseaux, il est passé maître dans l'art des levées de fonds et des poignées de mains.
 
Une vente aux enchères organisée mardi au profit du parti républicain a consacré sa nouvelle popularité chez ceux qui le défiaient encore en janvier: la turbulente Marjorie Taylor Greene a déboursé 100.000 dollars pour se procurer un baume à lèvres utilisé par "Kevin". (AFP)
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