Connectez-vous

Gaza : le « Déluge d’al-Aqsa » du 7 octobre 2023, un accélérateur de l’histoire palestinienne et du monde ?

Jeudi 25 Avril 2024

Selon le secrétaire général du Forum de Kuala Lumpur, Abderrazak Makri, le coup audacieux du Hamas contre l’entité sioniste a redonné un élan nouveau et décisif à la question palestinienne, ruiné le plan de normalisation des relations entre Israël et des pays arabes, et déstabilisé la stratégie mondiale américaine visant à faire d’un face à face Usa-Chine le centre du monde. 

 

Un « événement historique d’une portée extraordinaire ». C’est ainsi que le Dr Abderrazak Makri, secrétaire général du Forum de Kuala Lumpur, caractérise le « Déluge d’Al-Aqsa », l’opération militaire montée exécutée le 7 octobre 2023 par le mouvement de la résistance islamique palestinienne (Hamas) avec d’autres organisations palestiniennes en territoire israélien. Il animait, le 23 avril 2024 à Dakar, une conférence sur les « Fondamentaux et Impacts » de ce Déluge un peu plus de six mois après sa survenue. 

 

« Il est certain que le Déluge d’Al-Aqsa constitue un de ces moments décisifs dans notre histoire en tant que Oumma islamique, et spécifiquement dans l’histoire de la question palestinienne, comme il aura un impact majeur sur le changement du monde », a expliqué le Dr Makri au cours des débats animés par la journaliste de la télévision sénégalaise Marième Selly Kane, en présence de plusieurs personnalités dont le Consul de Palestine au Sénégal. 

 

Selon Euro-Med Human Rights Monitor, l’agression israélienne a tué 42 510 Palestiniens dont 15 780 enfants et 10 091 femmes au 200e jour des bombardements des armées de Tsahal lundi 22 avril 2024.

 

Le confort du monde déréglé

 

Ce bilan est très lourd, reconnait Dr Abderrazak Makri, autant dans les souffrances endurées par les populations palestiniennes de Gaza et de la Cisjordanie depuis octobre 2023, leurs déplacements forcés d’une zone á une autre du territoire gazaoui, qu’à travers les destructions systématiques et volontaires de toutes les infrastructures civiles qui étaient déjà en place. Mais, poursuit-il, ces événements douloureux seraient peut-être un mal pour un bien au regard des bouleversements positifs qu’ils pourraient engendrer dans le temps. 

 

« Le Déluge d’al-Aqsa est une situation sunnanite qui profite à la Palestine, à la Oumma islamique et à l’humanité », souligne cet Algérien, auteur et expert en relations internationales. Qui définit les « phénomènes sunnanites » en « principes, lois et règles systématisées par Allah le Tout-Puissant pour gérer la vie des humains dans leurs sociétés pour leur bien et dont la connaissance et la rencontre par les hommes nécessite beaucoup de savoir et de guidance. »

 

Pour Makri, le statu quo ante qui perdurait avant l’attaque du 7 octobre ne profitait qu’à l’entité israélienne et à ses soutiens occidentaux et arabes. Pendant que Gaza était en siège perpétuelle depuis 2007, Israël s’activait dans l’expansion des colonies en Cisjordanie occupée. Et alors que ses relations avec certains pays arabes dont l’Arabie saoudite tendaient vers une normalisation durable sous la supervision des Etats-Unis, la vieille solution á « deux Etats » périclitait en devenant une chimère, constate le chercheur algérien. A Jerusalem même, la partition spatiale de la Mosquée Al-Aqsa se faisait de plus en plue nette. « Il fallait faire quelque chose. »

 

« Il fallait faire quelque chose, Hamas l’a fait »

 

Le coup du Hamas du 7 octobre 2023 a détruit « le mythe » de la puissance invincible d’Israël par la mise hors jeu de ses différents services de renseignement, explique Abderrazak Makri. Concomitamment, il a remis en cause le schéma des « nouvelles priorités » que les Etats-Unis avaient commencé à mettre en pratique, en particulier contre la Chine et dans le Pacifique, après avoir organisé la neutralisation des Etats arabes. « C’est toute la stratégie d’une puissance mondiale que l’action audacieuse de la résistance palestinienne a déstabilisée », souligne le chercheur. 

 

Le soulèvement estudiantin en cours dans les plus grandes universités américaines (Yale, Columbia, Harvard, etc.) pour dénoncer la barbarie des armées israéliennes à Gaza participe de « l’éveil de la jeunesse occidentale », ajoute Makri. 

 

« En réalité, les résistants palestiniens sont en train de changer l’histoire du monde. Pour eux, rester à Gaza et vivre dans les décombres de leurs maisons détruites par des bombardements quotidiens est plus digne que l’émigration vers d’autres territoires alors que la mort rode devant eux », indique Abderrazak Makri.

 

Les prouesses du Hamas face a la puissance de feu des armées de Tsahal se traduisent sous plusieurs aspects: une résistance efficace et victorieuse dans l’affrontement terrestre, l’échec du plan de déplacement des Gazaouis  malgré l’extrême brutalité des Israéliens, ainsi que « l’annulation des plans d’après-guerre » envisagés par le gouvernement sioniste, le traitement des prisonniers israéliens « en conformité avec la morale islamique et les lois internationale », la préservation de « l’unité des factions intérieures », etc. 

 

Pour Abderrazak Makri, la Palestine est un sujet global pour les musulmans. « C’est une question de foi, patriotique et humanitaire », dit-il. « Dans le terrible déchaînement de violences dont Israël se rend coupable avec l’appui des puissances occidentales, il suffit juste d’être humain pour être du coté des Palestiniens. » 

 

« Le Déluge d’al-Aqsa a marqué une nouvelle phase dans laquelle le vrai visage haineux de l’entité sioniste a été exposé au grand jour, rendant l’hypocrisie américaine évidente », constate le chercheur. 

 
Momar Dieng
Nombre de lectures : 227 fois










Les derniers articles

Inscription à la newsletter