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Crises et fractures

Mardi 6 Septembre 2016

Les bonnes âmes planquées dans le pouvoir ou refoulées à sa périphérie vous diront que tout va bien sous le soleil démocratique sénégalais. Existent un pouvoir qui gouverne, une opposition qui s’oppose, une société civile qui fait ce qu’elle croit devoir faire, un pays stable qui accueille de plus en plus d’investisseurs étrangers par la magie du Plan Sénégal Emergent (PSE), une nation qui, par la grâce de Dieu et des saints enterrés aux quatre coins du territoire, échappe aux soubresauts déstabilisateurs en vogue ailleurs en Afrique et dans le monde…

Bref, elles vous siffleront aux oreilles, ces bonnes âmes, que le Sénégal ne s’est jamais autant bien porté que depuis un certain mois de mars 2012 quand le «démon» Abdoulaye Wade a été contraint de débarrasser le plancher national pour faire place à l’«ange» Macky Sall. Ces oreilles, elles vous les tireront au besoin pour vous faire voir de force ce qu’il est impossible de voir aujourd’hui, ni de jour ni de nuit : un pays en paix avec lui-même, des institutions fortes et crédibles, des gouvernants irréprochables, etc.

Pire que ses prédécesseurs, le Président Sall se blottit dans une arrogance et une suffisance qui frisent la perdition, l’incitant à aborder toutes les grandes questions politiques d’intérêt national sous le prisme du rapport de forces permanent. Un état d’esprit négatif qui lui fait perdre la bonne mesure des choses. Son dernier caprice sénatorial s’appelle Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct). Un truc assez monstrueux dans le contexte d’un pays qui a mille et une choses à faire d’autres. Un machin politicien et vicieux qui va gentiment engraisser 150 fonctionnaires, dans la logique des politiques de gribouille en vigueur.

La rupture du consensus historique sur le fichier électoral, le refus insensé opposé au bulletin unique comme économiseur de ressources et instrument pertinent au service de la transparence des opérations de vote, et le forcing inexpliqué sur la binationalité, actent la fracture politique et démocratique dans notre pays. On peut certes reprocher à l’opposition une démarche maximaliste – ce qui n’est qu’une posture de négociation –, mais quand il y a en face des hommes décidés à rester au pouvoir bien après 2019, et à tout prix, on a des raisons de tout craindre pour ce pays.

 
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