L'Union européenne ne peut accepter une "menace d'interférence", a estimé lundi le président du Conseil européen, Antonio Costa, après la publication de la nouvelle stratégie de sécurité américaine qui s'en prend vivement aux Européens.
"Ce qu'on ne peut pas accepter, c'est cette menace d'interférence dans la vie politique de l'Europe", a-t-il déclaré lors d'une intervention à l'Institut Jacques-Delors.
"Les Etats-Unis ne peuvent pas remplacer les citoyens européens pour choisir quels sont les bons partis et les mauvais partis", a-t-il ajouté.
L'administration Trump a publié vendredi un document qui redéfinit sa "Stratégie de sécurité nationale". Ce texte, dont la publication était très attendue, couche sur le papier l'offensive lancée par Washington depuis des mois contre le Vieux continent.
Il cible, pêle-mêle, les instances européennes "qui sapent la liberté politique et la souveraineté", les politiques migratoires, "la censure de la liberté d'expression et la répression de l'opposition politique, l'effondrement des taux de natalité et la perte des identités nationales et de la confiance en soi" en Europe.
"On a des différences sur notre vision du monde, mais cela va au-delà de ça", a souligné lundi Antonio Costa.
"Cette stratégie continue à parler de l'Europe en tant qu'alliée. C'est bien, mais si on est des alliés, on doit agir en tant qu'alliés". "On respecte la souveraineté des uns et des autres."
"Les Etats-Unis restent un allié important, les Etats-Unis restent un partenaire économique important, mais notre Europe doit être souveraine", a-t-il conclu.
"Personne ne peut et personne ne doit venir dire aux Européens comment ils doivent vivre leur vie, comment ils doivent organiser leur société", a renchéri lundi Benjamin Haddad, ministre français délégué chargé de l'Europe, lors de cette même conférence.
"La souveraineté, c'est aussi un état d'esprit, avant tout celui de s'assumer comme une puissance, avec nos valeurs, notre espace de civilisation, avec nos intérêts", a-t-il ajouté.
Dès février dernier, le vice-président américain, JD Vance, avait consterné les Allemands et, plus généralement, les Européens, lors d'un discours à Munich, dans lequel il avait affirmé que la liberté d'expression "reculait" sur le continent européen. [AFP]