Stratégie contre les crimes économiques et financiers: les médias incontournables, selon le Giaba

Mardi 19 Décembre 2017

Les Etats ayant leurs atteint leurs limites, notamment dans le volet régalien de la répression, les médias sont devenus incontournables dans la lutte contre la criminalité transfrontalière en Afrique de l’Ouest. Pour le Giaba, c’est une option stratégique qu’il faut accompagner.


En novembre 2016, le directeur d’alors de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) du Sénégal indiquait dans une note rendue publique avoir transmis à la justice pour traitement 137 rapports liés à des soupçons de corruption et de fraude entre 2005 et 2012, d’une part ; et 75 rapports de 2012 au 30 juin 2016.
 
Selon la même source, 1049 déclarations de soupçons ont été produites, 151 rapports transmis aux parquets et 148 procédures judiciaires ouvertes. Pour Waly Ndour, l’ex directeur de la Centif, la suite donnée à ces affaires autant sous Abdoulaye Wade que sous Macky Sall reste un mystère.
 
Pour sa part, l’Union européenne a constaté, pour l’année 2015, que les Cellules de renseignements financiers (Crf) –équivalent de Centif– ont enregistré plus de 3 000 déclarations liées à des soupçons de blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest. Mais seules six (06) condamnations pour blanchiment d’argent ont été formulées par des tribunaux ouest-africains.
 
Ces deux exemples renseignent sur l’opacité qui peut entourer le traitement judiciaire de dossiers ayant trait à la présomption de blanchiment de capitaux et à son corollaire, la criminalité transfrontalière organisée, notamment dans l’espace de la Cedeao. C’est dans ce contexte où les Etats ne sont plus en mesure de prendre en charge cette thématique à plusieurs ramifications que le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (Giaba) organise depuis hier un «Atelier régional de formation sur le journalisme d’investigation lié aux crimes économiques et financiers» à l’intention d’une vingtaine de journalistes de pays de la Cedeao.
 
Selon le colonel Adama Coulibaly, directeur général du Giaba représenté par le Dr Buno Nduka, chef des programmes et projets, quatre fonctions peuvent être jouées par les médias: la promotion de la bonne gouvernance, attirer une attention plus soutenue des gouvernants dans la gestion des ressources publiques, un rôle de sentinelle dans la protection des droits des citoyens, sans oublier «la production d’informations sur les pratiques de blanchiment des capitaux.»
 
Dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT), le Giaba veut «renforcer son alliance avec les acteurs de médias pour une synergie d’action contre les crimes de tous genres qui menacent nos Etats», a indiqué le Dr Nduka qui ne s’est pas privé de rappeler que «notre région est inondée de phénomènes criminels.»
 
Ramatoulaye Gadio Agne, présidente de la Centif du Sénégal, «le journaliste n’intervient pas dans le traitement opérationnel des affaires relatives aux crimes économiques et financiers.» Par contre, non «il peut participer à la sensibilisation des populations sur les conséquences néfastes du blanchiment de capitaux et du terrorisme et son financement», mais il peut également apporter «son concours dans le contrôle citoyen de l’action des institutions en charge de la mise en œuvre des politiques publiques en la matière.»
 
Dans la foulée, le directeur adjoint des Affaires criminelles et des Grâces, Abdoulaye Bâ, a indiqué que face à des «criminels et trafiquants téméraires, hyper motivés et super outillés», un journalisme d’investigation responsable est un complément pertinent aux procédures judiciaires.
 
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