À n’en pas douter, cela serait le cri de cœur, poussé à l’unisson par beaucoup de Sénégalais et d’étrangers vivant parmi nous, qui avaient entendu le premier ministre Ousmane Sonko, répondant aux députés dire, entre autres : "il n’existe aucune rupture, seulement un besoin de clarification, désormais réglé... il n’y a aucun problème, nous travaillons ensemble, nous mangeons ; nous sommes tout le temps ensemble. »
Ce fut « dou à l’oreille », comme aurait dit un ancien homme de troupe qui s’initiait à parler français, lorsque son brigadier-chef avait fait entendre une bonne nouvelle.
Il y aurait de quoi pousser un tel cri, si on mesure les conséquences auxquelles des oiseaux de mauvais augure pouvaient s’attendre du discours du Premier Ministre. Mais même s’il est déjà arrivé qu'on ait plus d'une fois vu des "amitiés de trente ans" dans le landerneau politique d'ici et d'ailleurs se fracasser, les observateurs qui souhaitent longue vie au duo Diomaye-Sonko recommandent aux deux tandémistes de résister à toute cause qui serait à l’origine de sa dislocation.
Mais il est indispensable que ces deux-là, chacun de son côté, mesurant ce qui pourrait advenir comme conséquence d'une brouille entre eux, doivent tout faire pour l’éviter. Il est évident qu’une telle malheureuse situation serait ce que certains souhaitent, contrairement à d’autres qui seraient si déçus qu’ils adopteraient l’attitude négationniste de ceux qui disent, "politik daal dou dara».
Mais que ses derniers reviennent à la raison, sinon si leur attitude venait à prospérer, ils feraient l’affaire, de ceux qui ne vivent que par les subsides que leur procure leur activisme entre les parties politiques, voire entre les tendances au sein de mêmes partis, contribuent d’une certaine manière souvent louche, à attiser des braises même en voie d’extinction.
Mais il importe tout de même que les leaders des partis et à la tête de l’Etat doivent se méfier des dissensions entre eux car ces dissensions ne se limitent jamais à leurs relations personnelles. Qu'ils ne perdent pas de vue que, malheureusement, soit pour des raisons objectives, soit pour des raisons subjectives, ceux qui affichent ostentatoirement leur position derrière ces leaders ne sont pas tous des modèles pour une société.
Pour mémoire, un farceur aurait raconté qu’à l’occasion de la brouille entre Senghor et Dia, un militant opportuniste, fin calculateur, qui cherchait à être des tous premiers à se faire remarquer comme soutien d’un des leaders en brouille prit, à pied en toute vitesse la route Kaolack-Dakar pour arriver avant son fameux télégramme de soutien indéfectible pour l’intercepter, après avoir entendu radio Sénégal annoncer un renversement de situation défavorable a celui sur lequel il avait misé.
Ces genres d'individus sont ceux qui guettent les moindres signaux de tension qui existeraient entre des leaders, appartenant souvent au même parti politique pour se mettre à attiser le feu entre eux, en se rangeant du côté de l'un deux où l'espoir de tirer son épingle du jeu semblerait plus probable. N'allons pas leur parler d'intérêt national, qui serait quoi même pour eux?
Leur seul souci est toujours de récolter tout de suite et maintenant le prix de leur allégeance. Pour eux, les tensions exacerbées entre des dirigeants d'un même parti sont comparables à ce que la traite des arachides est pour les paysans. Quant au calme plat, voilà ce que les opportunistes ne préfèrent pas car leur intérêt personnel ne s’y trouve pas.
Souhaitons que les paroles du Premier Ministre Sonko, prononcées dans une ambiance telle que celle qui prévalait à l’époque du Tera meeting de PASTEF, mettent fin à tout ce qui s'apparente à des rumeurs provenant d'oiseaux de mauvais augure.
Ceux qui gèrent de lourdes responsabilités, notamment le président de la République et le Premier Ministre ne doivent, ni se distraire ni être distraits par des situations qui n’en valent pas la peine, dont les populations qui attendent autre chose, n'ont nullement besoin.
Tout le monde a droit à la parole, mais les tonneaux vides dont l'inspiration ne les pousse qu'à insulter à travers les réseaux sociaux feraient mieux de se taire. Il en est de même pour ceux qui sont incapables de songer aux conséquences des tensions qu'ils créent ou qu'ils contribuent à créer. Gouverner, c'est prévoir, dit-t-on.
Donc la charge de prévoir qui incombe aux gouvernants est incompatible avec des occupations meublées de mauvaises intentions.
Mais dans tout ça, il appartient aux décideurs de se carapacer et de n'ouvrir les yeux et les oreilles qu'à ceux qui se seraient distingués par leur franc-parler, qui ne leur disent pas que ce qu'ils veulent entendre. Se méfier des amis qui seraient plutôt des amis de circonstance, votre poche, de votre signature qui, à n'en pas douter, s'éloignent de vous dès que votre signature perd la faculté de faire accéder à des situations privilégiées.
Dakar, le 4 Décembre 2025.
Maitre Wagane Faye