En sortant de l’autoroute à péage ce dimanche vers 8 h du matin (Sortie Thiès-Sud), je suis tombé sur une scène incroyable.
J’aperçois sur l’herbe au centre du grand rond-point situé à la fin de la bretelle de sortie, un individu esseulé, s’affaler au sol, et à 15 mètres de lui, un scooter Djakarta un peu émietté couché à terre (voir photo).
Ce qui est incroyable est que quelque dizaine d’individus était présente à proximité de lui, mais que personne d’entre elles ne semblait prêter attention à ce monsieur. Ils étaient là à faire de l’autostop à l’entrée inverse de l’autoroute (sens de Touba), sans se préoccuper de l’état de ce monsieur qui se tordait de douleurs.
J’ai alors garé ma voiture et demandé à mes 2 neveux qui m’accompagnaient (dont l’un étudiant en médecine à l’université de Thiès) d’aller lui porter secours.
À notre arrivée, le monsieur était complètement « hors circuit ». Il ne savait pas où il était et nous répondait « être dans son lit ». Nous ne savions pas depuis quand il était sur place. Pendant que mon neveu l’examinait, je vois un téléphone par terre entre lui et le scooter, encore actif et sur WhatsApp. Je téléphone alors le dernier numéro qu’il avait appelé. On me confirme son identité et m’informe qu’il fait du Tiak-Tiak au marché de Thiès. Nous avons également appelé les sapeurs-pompiers.
Fort heureusement, une fois que nous étions sur les lieux, d’autres usagers qui sortaient de l’autoroute nous ont rejoints. Parmi eux, un policier accompagné d’un pompier. Ce dernier, après avoir ausculté la personne, a conclu qu’il n’avait que quelques égratignures. Il s’en est sorti avec une plaie à l’arcade et une légère blessure à l’épaule. Le guidon du scooter était cassé et quelques pièces étaient en miettes.
Deux choses sont à retenir. Le premier est que la personne accidentée a été grandement sauvée par le port du casque. Cela a été confirmé par le policier qui, au passage, s’inquiétait du refus catégorique de beaucoup de conducteurs de Djakarta, à respecter le port d’un casque de protection. Le deuxième est que notre pays devient quand même bizarre. Au Sénégal les gens deviennent de plus en plus insensibles aux malheurs de l’autre. L’empathie, qui était l’une de nos valeurs fondamentales et de notre vivre-ensemble, semble disparaître de manière progressive.
Dr Cheikh Abdou Lahad Thiaw,
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