SENEGAL : pression maximale sur des ministres placés sous surveillance des organes de contrôle

Jeudi 18 Septembre 2025

Le Building Mamadou Dia, siege d'une partie du Gouvernement sénégalais

Après l’entrée en fonction du nouveau gouvernement formé le 6 septembre 2025, les 32 nouveaux ministres et 3 secrétaires d’Etat sont déjà sous pression. Son autorité sur ses troupes reconduite par le chef de l’Etat, le premier ministre Ousmane Sonko exige « une extrême rigueur dans la gestion » de chaque ministère. Cet « impératif » concerne la gestion des crédits financiers, des avantages liés à la fonction ministérielle et des moyens publics mis à la disposition de chaque entité, rapporte le communiqué du conseil des ministres tenu le 17 septembre 2025. 

 

Cette exigence qui doit être adossée à « une stricte discipline » dans la dépense publique des ministères ne peut faire l’objet d’une « quelconque dérogation » particulière « dans un contexte de rareté des ressources » alors que les besoins de l’Etat et des populations sont jugés immenses.

 

Pour encadrer cet impératif de gestion, Ousmane Sonko a souligné que les différents corps de contrôle de l’Etat, en particulier la Cour des comptes et l’Inspection générale des finances (IGF) du ministère des Finances et du Budget (MFB), vont assurer la surveillance des dépenses ministérielles « par des contrôles réguliers ».  

 

Confronté aux « conséquences fâcheuses » de « la découverte et la divulgation » de la dette cachée qui ont affaibli la « capacité de mobilisation des ressources financières » de l’Etat et raboté ses « marges budgétaires », le premier ministre a appelé les ministres à faire preuve « d’utilité publique et d’efficacité » dans la dépense en limitant les gaspillages et en résistant « aux tentations de (la) fonction ». 

 

A cette fin, « chaque membre du Gouvernement » est invité « à se hisser à la hauteur des exigences de sa charge, à observer et à faire observer l’humilité et l’exemplarité dans l’accomplissement de ses missions, en posant des actes allant toujours dans le sens du renforcement de la confiance entre les populations et l’Etat. »

 

La dette cachée du Sénégal est un héritage de l’ancien régime du président Macky Sall. Il a été révélé en septembre 2024 par le premier ministre Ousmane Sonko après des investigations de l’IGF. Celles-ci ont été ensuite aggravées par un audit de la Cour des comptes sur la situation des finances publiques rendu public en février 2025. Les résultats du travail de la Cour des comptes ont été confirmées en août 2025 par le cabinet international indépendant Mazars.

 

Au regard de la situation induite par la gestion de cette dette cachée, le chef du Gouvernement a déclaré que chaque ministre « doit porter les marqueurs (de) transparence absolue (…), (de) mise en oeuvre de l’Agenda National de Transformation (ANT) et du Plan de redressement économique et social (PRES), (de) renforcement des poumons économiques du Sénégal, (de) l’amélioration du capital humain à travers l’éducation et la santé. »

 

Pour neutraliser les impacts négatifs de la dette cachée et trouver une alternative à la suspension des crédits que le Fonds monétaire international (FMI) devait verser au Sénégal en 2025, Ousmane Sonko a dévoilé le 1er août 2025 un « Plan de redressement économique et social » (PRES) sur trois ans (2025-2028). Ce plan de relance dit de « refondation économique » vise à mobiliser 5667 milliards de francs CFA dont 90 % en ressources endogènes (hors institutions financières internationales). Il entend également ramener le déficit budgétaire de l’Etat 3 % du PIB (produit intérieur brut) conformément aux critères de convergence de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UUMOA).

 
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