Restrictions Covid - L’Autriche se confine, la colère gronde en Europe

Lundi 22 Novembre 2021

Des violences ont éclaté durant le week-end alors que plusieurs pays imposent de nouvelles restrictions. De son côté, l’Allemagne s’inquiète vivement de l’explosion des cas.
 
«Vacciné, guéri ou mort» à la fin de l’hiver: l’Allemagne a fait part de sa vive inquiétude lundi face à l’explosion des contaminations au Covid-19 tandis que son voisin autrichien a entamé un nouveau confinement, une mesure inédite en Europe depuis la vaste campagne de vaccination.
 
Mais le retour des restrictions anti-Covid 19 a provoqué des violences durant le week-end dans plusieurs pays d’Europe, redevenue épicentre de la pandémie, notamment aux Pays-Bas où le premier ministre a dénoncé des actes de «violence pure» de la part d’«idiots».
 
Dans une formule choc, le ministre allemand de la Santé, Jens Spahn, a prévenu que «chacun ou presque sera vacciné, guéri ou mort» d’ici «vraisemblablement la fin de l’hiver» en raison de la propagation du variant Delta «très, très contagieux» qui fait des ravages depuis plusieurs semaines.
 
«Situation hautement dramatique»
 
Alors que le nombre de nouvelles contaminations quotidiennes a franchi un record de plus de 65’000 la semaine dernière, la chancelière Angela Merkel, sur le départ, a elle aussi lancé une mise en garde face à une «situation hautement dramatique».
 
Les restrictions actuelles ne sont «plus suffisantes», a-t-elle averti, quatre jours seulement après avoir décidé avec son probable successeur Olaf Scholz de sévères mesures coercitives à l’endroit des non-vaccinés.
 
En Allemagne comme dans l’Autriche voisine, le taux de vaccination est inférieur à 70%, soit un niveau moins élevé que dans d’autres pays européens comme la France où il atteint 75%.
 
Confinement en Autriche
 
Les Autrichiens, malgré une vive grogne exprimée dans les rues ce week-end, sont à nouveau confinés depuis minuit et jusqu’au 13 décembre.
 
Commerces, restaurants, marchés de Noël, concerts ou coiffeurs ont baissé le rideau lundi à Vienne et sur le reste du territoire. Mais les écoles restent ouvertes et les rues de la capitale étaient plutôt animées en début de matinée.
 
«La situation est un peu confuse», témoigne une habitante, Kathrin Pauser, après avoir déposé en classe ses filles de 9 et 11 ans, toutes deux récemment vaccinées.
 
Depuis la mise à disposition du vaccin au plus grand nombre, aucun pays de l’Union européenne n’avait osé franchir le pas.
 
Comme lors des précédents confinements, les 8,9 millions d’Autrichiens ont, sur le papier, l’interdiction de sortir sauf pour faire des courses, du sport ou pour des soins médicaux. Il est également possible de se rendre au bureau même si le télétravail est recommandé.
 
 «Chaos»
 
Le scénario était encore impensable il y a quelques semaines. L’ex-chancelier conservateur, Sebastian Kurz, avait décrété la pandémie «finie», du moins pour les vaccinés.
 
Arrivé en octobre, son successeur, Alexander Schallenberg, «n’a pas voulu contredire ce message et a trop longtemps entretenu la fiction» que tout allait bien, commente le politologue Thomas Hofer, interrogé par l’AFP.
 
Face à l’envolée des cas qui ont atteint des niveaux inédits depuis le début de la pandémie, il a d’abord ciblé les non-vaccinés, les bannissant des lieux publics puis leur imposant des restrictions de sortie. Le taux de vaccination est «honteusement bas» (66%, contre 75% en France par exemple), a-t-il fustigé à plusieurs reprises.
 
Avant de se résoudre à des mesures «radicales» qu’il avait pourtant initialement exclues. Outre ce confinement prévu jusqu’au 13 décembre, la vaccination de la population adulte va ainsi devenir obligatoire au 1er février 2022, ce que très peu de pays au monde ont instauré jusqu’à présent. «C’est un vrai chaos», estime Thomas Hofer, dénonçant «l’absence de stratégie claire du gouvernement».
 
«J’espérais qu’on n’en arriverait pas là, surtout maintenant que nous avons le vaccin. C’est dramatique», confie Andreas Schneider, un économiste de 31 ans rencontré par l’AFP dans une rue commerçante de Vienne juste après les annonces vendredi du gouvernement.
Mobilisation massive
 
La réaction n’a pas tardé: samedi, tandis qu’une foule d’Autrichiens buvaient un dernier vin chaud ou faisaient leurs emplettes avant la fermeture des magasins, environ 40'000 personnes sont descendues dans la rue pour crier à la «dictature», à l’appel du parti d’extrême droite FPÖ.
 
Aux côtés de «citoyens inquiets», d’autres «se radicalisent», s’est alarmé dimanche le ministre de l’Intérieur Karl Nehammer. Le lendemain, à Linz (nord), un autre rassemblement a mobilisé des milliers de protestataires.
 
Ailleurs en Europe, redevenue l’épicentre de l’épidémie de Covid-19, le nombre de contaminations grimpe aussi, les mesures reviennent et les frustrations éclatent. Pour la troisième soirée consécutive, des troubles ont éclaté aux Pays-Bas dimanche. Des manifestants ont tiré des feux d’artifice et causé de nombreux dégâts dans les villes d’Enschede, près de la frontière avec l’Allemagne, à Groningue et Leeuwarden au nord et Tilburg au sud.
 
Ces dernières manifestations ont néanmoins été moins intenses que les violences ayant éclaté à Rotterdam vendredi et à La Haye samedi. Le nombre d’arrestations sur les trois jours de manifestations se monte à 130, selon la police et les médias locaux.
 
Le gouvernement a suscité le courroux en réintroduisant un confinement partiel, avec une série de restrictions sanitaires touchant notamment le secteur de la restauration, qui doit fermer à 20 h 00. Il projette désormais d’interdire certains lieux aux non-vaccinés pour tenter d’enrayer la vague de contaminations.
 
À Bruxelles également, des heurts ont émaillé dimanche le rassemblement de quelque 35’000 manifestants, selon la police, opposés à de nouvelles mesures. La Belgique a annoncé la généralisation du port du masque et veut également rendre le télétravail obligatoire pour les emplois qui le permettent en vue d’enrayer le fort rebond de l’épidémie dans le pays.
 
Et dans le département français de la Guadeloupe, dans les Caraïbes, la contestation de l’obligation vaccinale pour les soignants a dégénéré en crise sociale d’ampleur. Des renforts policiers sont arrivés, après une nuit de samedi à dimanche une nouvelle fois émaillée de violences, entre barrages routiers, incendies et pillages. (AFP)
 
 
Nombre de lectures : 165 fois