On peut penser que face à la difficile transition économique post 3e alternance politique par voie électorale, la demande sociale reste encore très forte près de 15 mois après la prise du pouvoir avec des fortes attentes du Parti de la Demande Sociale.
Pendant ce temps l'opposition qui était quasiment Ko après les législatives, essaie de se repositionner en prenant d'assaut la presse privée en profonde crise financière et les réseaux sociaux qui étaient le point fort du puissant appareil numérique pastéfien. Tout cela, dans un contexte de gel des financements du FMI après la question de la dette dite cachée.
Face aux fortes tensions de trésorerie, le nouveau régime qui dénonçait le surendettement a été obligé d'augmenter fortement cet endettement en 15 mois à travers les nombreux recours au marché obligataire de l'Uemoa pour répondre aux urgences socio-économiques dont le paiement de la dette ayant servi à rendre le bilan matériel de Macky Sall globalement positif.
Heureusement que par réalisme, le nouveau régime ne privilégie plus la sortie de le CEDEAO et une monnaie nationale.
La présentation du nouveau plan dit de redressement qui est en réalité un plan d'urgence très avancé mais pas encore finalisé d'assainissement combiné des finances publiques en détresse, apparaît ainsi comme une riposte politique, à travers cet exercice de communication populaire et de remobilisation du parti, pour montrer que le duo au pouvoir s'est bien retrouvé, après les critiques publiques de Sonko.
Celles-ci commencent déjà à produire des résultats dans l'accélération des réformes juridiques et institutionnelles promises au peuple, comme le montrent les décisions très récentes du Conseil des ministres.
Ensuite cet exercice est une façon pour le PM Sonko de préparer les prochaines négociations de fin août 2025 avec le FMI en soufflant le chaud et le froid avec une bonne répartition des rôles au sein du régime.
A cet effet, Il est intéressant de lire la déclaration liminaire du ministre d'État Amine Lo pour mieux comprendre cette double démarche.
Le jub jubal ,jubbanti est une nécessité du développement endogène avec une nécessaire étape de redressement, mais il faudra des réformes juridiques et institutionnelles au préalable ainsi qu’un partenariat qui doit être mutuellement gagnant avec les bailleurs de fonds comme le FMI et la Banque Mondiale, tout en renforçant la diversification de la diplomatie économique bien engagée sous Wade et Macky.
Il faudra éviter les effets pervers du Partenariat Public-Privé, surtout pour un régime se voulant souverainiste, avec les risques de cession aux multinationales du patrimoine foncier, écologique et infrastructurel.
En plus de ces risques, une des tâches les plus délicates pour le PM Sonko est, non pas la nécessaire reddition des comptes, mais la réduction des subventions étatiques surtout au niveau énergétique et celle, drastique, des caisses noires et des fonds communs de plus en plus impopulaires. Ce point sera déterminant pour la poursuite de l’état de grâce et une mobilisation effective des forces vives de la nation.
C'est dire que l'exemple de la rupture salvatrice devra d'abord venir des autorités par des actes concrets qui devront impacter positivement le changement des mentalités et des comportements des populations.
Faut il être optimiste ou pessimiste ? Wait and see. -
Djiby Guèye
Juriste et environnementaliste, Dakar
Source : Ma Revue de Presse