Présenté le 1er août 2025 en présence du chef de l’Etat sénégalais, le plan de redressement économique et social du premier ministre Ousmane Sonko a suscité des passions, voire des oppositions malsaines, même s’il semble bénéficier d’une adhésion certaine chez nombre d’experts et dans l’opinion publique. Visiblement, la réaffirmation des conditions d’exercice de l’Activité économique en général ne plait pas à tout le monde. Il fallait s’y attendre! Depuis le 26 septembre 2024, il fallait également s’attendre à écouter un jour les éléments de correction et de relance d’un cadre macroéconomique et financier dévasté par les dérives d’un ancien régime exceptionnellement violent et corrompu. C’est ce jour là, en effet, que le gouvernement Sonko a dévoilé une partie des pratiques mafieuses appliquées à la gestion de la dette publique et du déficit budgétaire de l’Etat sénégalais et dont l’ampleur a été actée et alourdie par le rapport de la Cour des comptes de février 2025.
Aujourd’hui, rien ne dit pourtant que ce plan sur trois ans qui devrait mobiliser la superstructure d’Etat sera un succès demain, en particulier par sa capacité à fournir aux institutions et agents économiques sénégalais et étrangers l’opportunité d’évoluer dans un cadre structuré autour d’un principal capital : le souverainisme.
1). Rien ne dit que la mobilisation des ressources domestiques voulue par le président Faye et le PM Sonko sera entendue et portée par les Sénégalais.
2). Rien ne garantit que les niches fiscales visées pour une collecte plus efficiente des impôts seront encore attrayantes et disponibles.
3). Rien n’assure qu’une Administration centrale jalouse de ses prérogatives ainsi que ses démembrements auront la capacité et la volonté de soutenir le projet politique présenté par le chef du gouvernement sous l’autorité du chef de l’Etat.
L’essentiel de la mission des autorités sénégalaises est dans la neutralisation effective de ces trois types d’entrave potentiels en mesure d’enterrer très vite le plan de redressement, sans coup férir. Des obstacles de taille qui peuvent être nourris par la forte determination d’artisans du statu quo décidés à perpétuer le modèle de développement absurde et extraverti qui nous vaut encore le statut de « pays sous développé » après soixante cinq ans d’indépendance formelle.
Ce seul bilan, qui ne fait l’honneur ni d’une classe politique trop longtemps biberonnée aux facilités et privilèges d’un système d’impunité, ni d’un peuple trop souvent passif et trop peu exigeant à l’endroit de ses dirigeants, mérite que l’élan impulsé par le duo Diomaye-Sonko soit soutenu sur un large spectre du champ sociétal sénégalais.
En reléguant sur les marges les institutions financières classiques qui jouent un rôle crucial auprès de certains pays occidentaux dans l’étouffement stratégique des velléités d’indépendance et de souveraineté de pays comme le Sénégal, le plan de redressement économique et social d’Ousmane Sonko tend la main aux Sénégalais pour prendre en charge leur propre destin. C’est un appel à la responsabilité, à la cohérence et à la lucidité pour valider - sur une étape précise - le choix politique massif, historique et structurant sorti des urnes du 24 mars (présidentielle) et du 17 novembre 2024 (législatives).
Pour le premier ministre, le sort du plan de redressement économique et social dont il est le parrain opérationnel sera crucial. Il déterminera en partie un avenir politique qu’il verrait bien se poursuivre à la présidence de la République. La proximité du terme de ce sous-projet du « Projet » (2028) avec l’échéance présidentielle prochaine (2029) ne laisse qu’un faible doute sur l’interconnexion politique étroite et la relation de causalité à effet entre les deux événements.
En 2029, nous serions alors dans un tout autre contexte politique que l’un et l’autre envisagent déjà d’une certaine manière. A cette période, l’un et l’autre auraient en mémoire la date du 11 juillet 2025. Ce jour là, le premier ministre s’est plaint en public du manque de soutien du président de la République dans le traitement de certaines affaires judiciaires issues des violences politiques de 2021-2024. Si l’élan de confiance bâti sur plusieurs années entre les deux hommes a vraiment survécu à l’épreuve du 11-juillet, cela se saurait…