Son épouse, Rama Duwaji, est d’origine syrienne. Il n’en fallait pas plus pour qu’en Syrie, certains considèrent sur le ton de la plaisanterie le futur maire de New York comme un membre de leur famille. Dans d’autres pays arabes aussi et jusqu’en Iran, l’élection de Zohran Mamdani a été suivie avec intérêt, enthousiasme et beaucoup d’humour.
Le fait qu’il soit musulman – le premier à bientôt faire son entrée à la mairie de la plus grande ville des États-Unis – et qu’il soutienne haut et fort la cause palestinienne a grandement joué dans l’engouement.
« J’adore comment les Syriens appellent maintenant Zohran Mamdani “notre beau-frère” », a écrit Karam Nachar, le rédacteur en chef d’Al Jumhuriya, plateforme médiatique syrienne indépendante.
« Le pauvre pensait qu’il épousait une seule Syrienne ! Non habibi [mon cher] Zohran, tu appartiens désormais à toute la nation », a-t-il lancé.
Abdel Karim Bakkar, un penseur syrien qui a plus de trois millions d’abonnés sur Facebook, a salué la « fantastique nouvelle » de la victoire éclatante de ce socialiste revendiqué.
Il s’est dit « ravi » parce que le futur maire « est notre beau-frère », a-t-il dit. « Mais je suis encore plus ravi parce qu’il porte la voix des marginalisés, de la classe ouvrière et des pauvres ».
Une vidéo de campagne de M. Mamdani, 34 ans, parlant arabe avec un accent levantin – et de manière déliée – a fait le tour des réseaux sociaux dans plusieurs pays arabes, accompagnée de commentaires élogieux.
« Je sais ce que vous vous dites : je pourrais être votre gendre de Damas », dit l’Américain en souriant et en se versant un thé à la menthe.
Dans la même vidéo, on peut voir ce défenseur de la cause palestinienne, qui a qualifié Israël de « régime d’apartheid » et la guerre à Gaza de « génocide », déguster une « knafé nabulsiyé » (knafé de Naplouse), dessert palestinien à base de pâte fine, de fromage fondant et de sirop sucré parfumé à la fleur d’oranger.
« Un peu d’espoir »
À Naplouse justement, en Cisjordanie, Saleh, un étudiant palestinien de 26 ans, a jugé « incroyable » la victoire de Zohran Mamdani.
« Un maire musulman dans une ville qui a plus d’habitants juifs que Tel-Aviv, c’est fou ! », a-t-il dit à l’AFP.
Rami Kukhun, Palestinien de Naplouse également, employé dans une organisation humanitaire internationale, a confié que son élection lui avait donné « un peu d’espoir ».
Depuis deux ans et le déclenchement de la guerre, dit-il, « j’ai toujours pensé […] que toute cette attention portée à la Palestine, au génocide et à ce qui se passe à Gaza aboutira à des résultats politiques qui seront directement ou indirectement favorables aux Palestiniens ».
En Iran, la victoire de M. Mamdani a été largement couverte par les médias locaux, qui ont souligné son appartenance au chiisme, majoritaire dans le pays.
Sa religion a d’ailleurs fait l’objet de nombreuses publications humoristiques par des musulmans chiites, qui ont plaisanté sur une « prise » de New York par leur coreligionnaire.
Chez certains dans la région, l’élection de Zohran Mamdani, né en Ouganda de parents indiens – l’universitaire Mahmood Mamdani et la réalisatrice Mira Nair, qui elle est hindoue – a été l’occasion de tendre un miroir à leurs compatriotes sur la situation dans leur propre pays.
En Tunisie, où l’opposition dénonce un recul des libertés, l’ancien chroniqueur radio Haythem El Mekki a ainsi jugé que le discours de M. Mamdani sur la place à accorder aux migrants lui vaudrait « 20 ans de prison » et des « accusations de complot ».
« Il est de ton droit de parler de l’hypocrisie de l’Occident, de son racisme et de son manque de respect des droits qu’il vante. Mais pose-toi la question : toi, ton pays, les respectez-vous vraiment ? », a demandé celui qui partage régulièrement des analyses politiques avec ses 225 000 abonnés sur Facebook. [AFP]