Les nationalistes grecs dans la rue contre un compromis sur la Macédoine: au moins 50 000 manifestants

Dimanche 21 Janvier 2018

Les plus vigoureux opposants au maintien du mot "Macédoine" dans le futur nom officiel de ce pays manifestent dimanche à Thessalonique (nord), capitale de la Macédoine grecque, alors qu'Athènes et Skopje multiplient les efforts diplomatiques pour régler cette vieille querelle.

Une nébuleuse de groupes nationalistes, dont beaucoup d'extrême-droite, comme le parti néonazi Aube dorée, certains prêtres ou encore des délégations de la diaspora, ont appelé à ce rassemblement.

Les médias grecs estimaient dimanche à 30.000 personnes la participation à la manifestation, prévue à 14h00 locales (12h00 GMT). Plus de 400 bus doivent affluer de toute la Grèce.

Tôt dimanche, déjà, des manifestants en costumes traditionnels étaient rassemblés devant la Tour Blanche, sur le front de mer, venus de toute la Grèce du nord mais aussi de l'île méridionale de Crète avec leurs chevaux.

"La mobilisation du peuple a dépassé toutes les attentes", a estimé auprès de l'AFP samedi Irini Leonardou, membre du comité organisateur du rassemblement.

"Nous exigeons que le terme +Macédoine+ ne figure pas dans le nom sur lequel ils se mettront d'accord et ce n'est pas négociable", a rappelé cette écrivain de 59 ans.

Les organisateurs ne mobiliseront cependant pas autant qu'en 1992, lorsqu'un an après l'indépendance de l'ancienne république yougoslave, plus d'un million de personnes - un Grec sur 10 - s'étaient rassemblées à Thessalonique pour proclamer que "La Macédoine est grecque".

Selon un sondage Alco pour la radio grecque 24/7, 63% des personnes interrogées estiment actuellement "qu'il est dans l'intérêt de la Grèce de rechercher une solution mutuellement acceptable".

Le sujet empoisonne les relations entre les deux pays depuis 26 ans.

La Macédoine est déjà reconnue sous ce nom par des pays comme les Etats-Unis, la Chine, la Russie, ou le Royaume-Uni. Mais, outre la Grèce, pas par la plupart des pays européens, notamment la France et l'Allemagne, où elle n'est officiellement désignée que comme "ARYM" (Ancienne république yougoslave de Macédoine).

- Revendication territoriale -

Surtout, la Grèce a mis son veto à l'entrée de son petit voisin du nord dans l'OTAN et dans l'UE tant qu'il persistera à vouloir s'appeler simplement "Macédoine".

Les Grecs ont souvent la crainte qu'en revendiquant cette appellation et l'histoire des grands rois macédoniens Alexandre le Grand et son père Philippe - qui vivaient sur le territoire de l'actuelle province grecque de Macédoine -, Skopje n'ait aussi des visées territoriales sur le nord de la Grèce.

Cette fois, les deux premiers ministres, Zoran Zaev et Alexis Tsipras, semblent décidés à avancer, et se verront la semaine prochaine au Forum de Davos.

Cette semaine, leurs émissaires ont rencontré à New York Matthew Nimetz, depuis le début médiateur de l'ONU sur cette question. Il s'est déclaré "très optimiste sur le fait que le processus va dans une direction positive".

"S'il y a l'opportunité d'une solution, ce serait une erreur nationale que de ne pas en profiter", affirme dimanche M. Tsipras dans le journal Ethnos, tout en "comprenant les inquiétudes et sensibilités" des Grecs, notamment du nord.

Selon les médias macédoniens, M. Nimetz a mis sur la table cette semaine cinq propositions de noms, contenant toutes le mot Macédoine, comme Macédoine du nord ou Nouvelle Macédoine.

Athènes est d'accord en principe sur une telle solution. Encore faudra-t-il voir jusqu'où elle exigerait que ce nom prévale. Les Macédoniens devraient-il par exemple se mettre à parler officiellement "le nord macédonien?".

C'est sur ce genre de questions que les discussions pourraient achopper.

En Grèce, l'allié de M. Tsipras et de son parti de gauche Syriza, le ministre de la Défense Panos Kammenos, et ses huit députés du parti nationaliste des Grecs indépendants (ANEL), sont opposés à tout nom comprenant le mot Macédoine. Mais M. Kammenos, espère M. Tsipras, ne mènera pas de guerre de tranchées contre un tel compromis.

M. Kammenos "est un homme honnête et un patriote", qui "a exprimé son souhait d'un large consensus des forces politiques sur la question, si un accord est atteint ", note M. Tsipras dans Ethnos.
 
 
 
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