« Les cinq de Central Park » - Cinq hommes innocentés de viol poursuivent Donald Trump en diffamation

Lundi 21 Octobre 2024

Les 5 de Central Park

Les hommes autrefois connus sous le nom des « cinq de Central Park », avant d’être disculpés, ont déposé lundi une plainte en diffamation contre le candidat républicain à la présidence Donald Trump.

 

À deux semaines du jour de l’élection, le groupe a accusé l’ancien président d’avoir fait des « déclarations fausses et diffamatoires » à leur sujet lors du débat présidentiel du mois dernier avec la vice-présidente Kamala Harris. Le groupe demande un procès devant jury pour déterminer les dommages compensatoires et punitifs.

 

« Le défendeur Trump a faussement déclaré que les plaignants avaient tué un individu et plaidé coupable du crime. Ces déclarations sont manifestement fausses », a écrit le groupe dans une plainte fédérale.

 

Les hommes sont en colère parce que M. Trump les a essentiellement « diffamés devant 67 millions de personnes, ce qui les a poussés à chercher à laver leur nom une fois de plus », a expliqué l’avocat principal Shanin Specter à l’Associated Press (AP) dans un courriel.

 

Me Specter n’a pas fait de commentaires lorsqu’on lui a demandé si certains craignaient que le procès ne soit purement politique, en raison du soutien du groupe à Kamala Harris. « Nous cherchons à obtenir réparation devant les tribunaux », a rétorqué l’avocat.

 

Le porte-parole de Donald Trump, Steven Cheung, a dénoncé le procès comme « rien qu’un autre procès frivole pour faire de l’ingérence électorale, intenté par des militants de gauche désespérés, dans une tentative de détourner le peuple américain du programme dangereusement libéral de Kamala Harris et de sa campagne en échec ».

 

Les responsables de la campagne du candidat républicain n’ont pas immédiatement répondu aux courriels demandant des commentaires.

 

Yusef Salaam, Antron McCray, Kevin Richardson, Raymond Santana et Korey Wise étaient adolescents lorsqu’ils ont été accusés du viol et du passage à tabac d’une joggeuse blanche en 1989 dans Central Park, à New York. Les cinq, qui sont noirs et latinos, ont dit avoir avoué les crimes sous la contrainte. Ils se sont ensuite rétractés, plaidant non coupables devant le tribunal, et ont ensuite été condamnés après un procès devant jury. Leurs condamnations ont été annulées en 2002 après qu’une autre personne a avoué le crime.

 

Après le crime, Donald Trump a acheté une page entière de publicité dans le New York Times, appelant à l’exécution des adolescents.

 

L’affaire de la joggeuse a été la première incursion du milliardaire dans une politique de répression du crime qui a précédé l’avènement de son personnage politique, populiste à plein régime. Depuis lors, les messages codés glissés pour un public précis, et la rhétorique ouvertement raciste sont devenus des éléments incontournables de la vie publique du républicain.

 

Lors du débat du 10 septembre, M. Trump a déformé les faits clés de l’affaire lorsque Mme Harris a évoqué la question.

 

« Ils ont admis, ils ont dit qu’ils avaient plaidé coupables et j’ai dit, “ eh bien, s’ils ont plaidé coupables, ils ont gravement blessé une personne, tué une personne en fin de compte… ” Et ils ont plaidé coupables, puis ils ont plaidé non coupables », a argué Donald Trump.

Il semblait confondre plaidoyer de culpabilité et confession. De plus, aucune victime n’est morte.

 

Les désormais « cinq disculpés », dont Yusef Salaam, qui est maintenant conseiller municipal de New York, ont fait campagne pour Mme Harris. Certains d’entre eux ont pris la parole lors de la Convention nationale démocrate en août, accusant l’ancien président Trump de ne jamais s’être excusé pour la publicité dans le journal.

 

Ils ont également rejoint le leader des droits civiques, le révérend Al Sharpton, pour une tournée en autocar visant à faire sortir les électeurs.

 

Des poursuites en diffamation impliquant Donald Trump ont déjà donné lieu à des sommes importantes accordées aux plaignants. En janvier, un jury a accordé 83,3 millions US (plus de 115 millions de dollars canadiens) à la chroniqueuse E. Jean Carroll pour les attaques continues de M. Trump sur les réseaux sociaux contre ses allégations selon lesquelles il l’aurait agressée sexuellement dans un grand magasin de Manhattan en 1996. 

 

En mai 2023, un jury a jugé le démocrate responsable d’abus sexuels sur sa conseillère et a rendu un jugement de 5 millions US (près de 7 millions canadiens). [ASSOCIATED PRESS]

 
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