Le prince héritier du Koweït, Cheikh Mechaal al-Ahmad al-Jaber al-Sabah, âgé de 83 ans, a été désigné nouvel émir du pays samedi après la mort de son prédécesseur, dans un contexte d’incertitudes et de dissensions dans le riche État du Golfe.
« Le cabinet koweïtien nomme le prince héritier, Son Altesse Cheikh Mechaal, émir de l’État du Koweït », a annoncé la télévision d’État. Il est ainsi devenu le 17e souverain du pays.
Son prédécesseur et demi-frère, Cheikh Nawaf al-Ahmad Al-Sabah, est mort à l’âge de 86 ans après un mandat de trois ans marqué par des conflits politiques à répétition à la tête de ce petit pays riche en pétrole, avait annoncé le Palais dans la matinée.
Le nouvel émir, nommé prince héritier en 2020, a passé l’essentiel de sa carrière dans le domaine de la sécurité et du renseignement.
L’octogénaire a ainsi occupé le poste de ministre de l’Intérieur et des responsabilités dans la Garde nationale.
Il est en grande partie resté à l’écart de la scène politique et des dissensions au sein même de la famille régnante des Al-Sabah, dont certains membres s’accusent mutuellement de corruption ou de conspiration.
Ce père de 12 enfants prêtera prochainement serment devant le Parlement.
A la suite de la mort de l’émir, les administrations seront fermées pour trois jours et 40 jours de deuil ont été déclarés.
Le nouvel émir aura un an pour nommer un nouveau prince héritier, qui devrait être issu de la nouvelle génération de la famille régnante.
La Constitution du Koweït énonce que le souverain doit être un descendant du fondateur de la nation, Moubarak Al-Sabah. Mais une tradition d’alternance entre les branches familiales des Salem et des Jaber a longtemps été observée.
Un ancien émir, Cheikh Sabah, de la branche des Jaber, a mis fin à cette tradition en nommant comme prince héritier cheikh Nawaf, un autre Jaber, écartant de fait la branche des Salem.
Instabilité
Le Koweït est plongé depuis plusieurs années dans une profonde crise entre les pouvoirs exécutif et législatif, qui sape les espoirs de réformes.
Début avril, la petite monarchie a formé son septième gouvernement en trois ans. Quelques jours plus tard, le désormais ex-émir a dissous le Parlement et convoqué de nouvelles législatives.
Doté de réserves en pétrole parmi les plus importantes au monde, le Koweït est un État extrêmement riche où l’instabilité a ralenti les réformes et le développement des infrastructures, comme celles à l’œuvre chez ses voisins, bien plus verrouillés politiquement, au premier rang desquels le Qatar, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.
Les 4,5 millions d’habitants, dont 1,3 million de Koweitiens, se plaignent régulièrement de la détérioration des infrastructures et des services publics.
Cheikh Nawaf est mort après avoir été admis en novembre à l’hôpital « en raison d’un problème de santé urgent », selon l’agence de presse officielle KUNA, qui n’a pas donné de détails sur sa maladie.
Il a ensuite été déclaré dans un état stable. Compte tenu de son âge, sa santé a souvent été une préoccupation pendant son mandat.
Cheikh Nawaf avait été nommé prince héritier en 2006 par son demi-frère, Cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah, et a pris la relève en tant qu’émir à sa mort de ce dernier en septembre 2020.
« On se souviendra du cheikh Nawaf pour ses qualités humaines uniques : discret, pieux, parlant d’une voix douce », a indiqué Bader al-Saif, professeur d’histoire à l’Université du Koweït. [AFP]