Après un demi-siècle d’intégration européenne, la célèbre cloche Big Ben retentira à 23 h (locales et GMT) à Londres (minuit à Bruxelles). Le Brexit deviendra alors réalité pour le pays, sorti officiellement de l’UE le 31 janvier mais ayant bénéficié d’une période transitoire pour amortir le choc.
« La destinée de ce grand pays est à présent fermement entre nos mains », s’est réjoui le premier ministre Boris Johnson, grand artisan de cette sortie, après la ratification express mercredi par le Parlement britannique de l’accord de libre-échange signé le jour même avec l’Union européenne.
A Douvres (sud-est), dont le port est en première ligne des échanges commerciaux avec l’UE, des habitants sont partagés entre espoir d’une nouvelle ère et crainte de perturbations, comme les récentes queues monstres de camions dans la zone.
Aaron Kinnear, sans emploi, a « l’espoir qu’à la fin nous allons nous en sortir ». Mais Kirk Hughes, qui travaille dans l’informatique, se sent « un peu nerveux », s’attendant à « quelques semaines de transition ».
De l’autre côté de la Manche, François Graffin, 59 ans, a un « gros pincement au cœur », alors qu’il arrive d’un pas pressé gare du Nord pour prendre le dernier Eurostar de l’année à destination de Londres.
« Je vais chercher mes affaires à Londres et je reviens m’installer en France, pour des raisons familiales et aussi l’incertitude liée au Brexit. Ça va faire bizarre », explique-t-il.
Contrôles douaniers
Quelques heures avant la finalisation du divorce à l’amiable, la livre sterling s’est envolée à son plus haut en deux ans et demi, le risque d’un « no deal » désormais exclu.
L’accord commercial conclu in extremis évite en effet une rupture trop abrupte, même si la libre circulation permettant aux marchandises comme aux personnes de passer sans entrave la frontière prendra fin — sauf pour les personnes se déplaçant entre l’Espagne et l’enclave britannique de Gibraltar, en vertu d’un accord conclu jeudi.
Exportateurs et importateurs seront confrontés à de nouvelles formalités et les marchandises risquent d’être ralenties aux frontières par des contrôles.
Contrairement à l’UE, le gouvernement britannique a décidé de mettre en œuvre graduellement les contrôles douaniers, qui ne concerneront toutes les marchandises qu’à partir de juillet. Il ne s’attend pas à de grandes perturbations dans les prochains jours, même s’il craint que jusqu’à la moitié des PME exportatrices ne soient pas prêtes.
Depuis le référendum de juin 2016, remporté à 51,9 % par le camp « leave », il aura fallu trois premiers ministres, des heures de houleux débats parlementaires nocturnes à Westminster et trois reports pour que le Royaume-Uni coupe vraiment les ponts, premier pays à le faire, 47 ans après avoir rejoint le projet européen en 1973.
A l’image de ce processus douloureux, il a fallu attendre la veille de Noël pour voir les laborieuses négociations aboutir à un accord commercial, ne laissant que quelques jours pour mettre en œuvre ses 1246 pages.
Les eurodéputés se prononceront sur le texte au premier trimestre 2021, le texte s’appliquant d’ici là de manière provisoire.
Au grand soulagement de pans entiers d’économies très connectées, l’UE offre au Royaume-Uni un accès sans droits de douane ni quotas à son marché de 450 millions de consommateurs. Mais il prévoit, pour éviter toute concurrence déloyale, des sanctions et des mesures compensatoires en cas de non-respect de ses règles en matière d’aides d’État, d’environnement, de droit du travail et de fiscalité.
Les entreprises de la finance, secteur majeur à Londres, perdront, elles, leur droit automatique d’offrir leurs services dans l’UE, tandis que les pêcheurs britanniques sont déçus de devoir encore partager une grande partie de leurs eaux avec les Européens.
Autre secteur majeur de l’économie britannique, les services ne sont pas couverts par l’accord.
Défis
Pour Boris Johnson, qui avait triomphé dans les urnes en 2019 sur la promesse de réaliser le Brexit, cela reste une victoire.
Mais il est mis en difficulté par la pandémie de COVID-19, avec des hôpitaux au bord de la rupture, une flambée des contaminations et une grande partie de la population reconfinée, plongeant le pays, l’un des plus touchés en Europe avec plus de 72 500 morts, dans une crise profonde.
Au-delà, les défis sont considérables pour le dirigeant, qui a promis de donner au Royaume-Uni une nouvelle place dans le monde, résumée par le slogan « Global Britain ». Le gouvernement a déjà signé des accords commerciaux avec plusieurs pays, dont le Japon, surtout censés remplacer les accords en vigueur via l’UE, et lorgne aussi vers les États-Unis. Mais il va perdre un allié de poids avec le départ de Donald Trump, Brexiter convaincu contrairement à son successeur Joe Biden.
Boris Johnson doit aussi rassembler des Britanniques qui se sont déchirés sur le Brexit, au point de voir l’unité du pays se fissurer, l’Irlande du Nord et l’Écosse ayant voté en majorité contre la sortie de l’UE. (AFP)
« La destinée de ce grand pays est à présent fermement entre nos mains », s’est réjoui le premier ministre Boris Johnson, grand artisan de cette sortie, après la ratification express mercredi par le Parlement britannique de l’accord de libre-échange signé le jour même avec l’Union européenne.
A Douvres (sud-est), dont le port est en première ligne des échanges commerciaux avec l’UE, des habitants sont partagés entre espoir d’une nouvelle ère et crainte de perturbations, comme les récentes queues monstres de camions dans la zone.
Aaron Kinnear, sans emploi, a « l’espoir qu’à la fin nous allons nous en sortir ». Mais Kirk Hughes, qui travaille dans l’informatique, se sent « un peu nerveux », s’attendant à « quelques semaines de transition ».
De l’autre côté de la Manche, François Graffin, 59 ans, a un « gros pincement au cœur », alors qu’il arrive d’un pas pressé gare du Nord pour prendre le dernier Eurostar de l’année à destination de Londres.
« Je vais chercher mes affaires à Londres et je reviens m’installer en France, pour des raisons familiales et aussi l’incertitude liée au Brexit. Ça va faire bizarre », explique-t-il.
Contrôles douaniers
Quelques heures avant la finalisation du divorce à l’amiable, la livre sterling s’est envolée à son plus haut en deux ans et demi, le risque d’un « no deal » désormais exclu.
L’accord commercial conclu in extremis évite en effet une rupture trop abrupte, même si la libre circulation permettant aux marchandises comme aux personnes de passer sans entrave la frontière prendra fin — sauf pour les personnes se déplaçant entre l’Espagne et l’enclave britannique de Gibraltar, en vertu d’un accord conclu jeudi.
Exportateurs et importateurs seront confrontés à de nouvelles formalités et les marchandises risquent d’être ralenties aux frontières par des contrôles.
Contrairement à l’UE, le gouvernement britannique a décidé de mettre en œuvre graduellement les contrôles douaniers, qui ne concerneront toutes les marchandises qu’à partir de juillet. Il ne s’attend pas à de grandes perturbations dans les prochains jours, même s’il craint que jusqu’à la moitié des PME exportatrices ne soient pas prêtes.
Depuis le référendum de juin 2016, remporté à 51,9 % par le camp « leave », il aura fallu trois premiers ministres, des heures de houleux débats parlementaires nocturnes à Westminster et trois reports pour que le Royaume-Uni coupe vraiment les ponts, premier pays à le faire, 47 ans après avoir rejoint le projet européen en 1973.
A l’image de ce processus douloureux, il a fallu attendre la veille de Noël pour voir les laborieuses négociations aboutir à un accord commercial, ne laissant que quelques jours pour mettre en œuvre ses 1246 pages.
Les eurodéputés se prononceront sur le texte au premier trimestre 2021, le texte s’appliquant d’ici là de manière provisoire.
Au grand soulagement de pans entiers d’économies très connectées, l’UE offre au Royaume-Uni un accès sans droits de douane ni quotas à son marché de 450 millions de consommateurs. Mais il prévoit, pour éviter toute concurrence déloyale, des sanctions et des mesures compensatoires en cas de non-respect de ses règles en matière d’aides d’État, d’environnement, de droit du travail et de fiscalité.
Les entreprises de la finance, secteur majeur à Londres, perdront, elles, leur droit automatique d’offrir leurs services dans l’UE, tandis que les pêcheurs britanniques sont déçus de devoir encore partager une grande partie de leurs eaux avec les Européens.
Autre secteur majeur de l’économie britannique, les services ne sont pas couverts par l’accord.
Défis
Pour Boris Johnson, qui avait triomphé dans les urnes en 2019 sur la promesse de réaliser le Brexit, cela reste une victoire.
Mais il est mis en difficulté par la pandémie de COVID-19, avec des hôpitaux au bord de la rupture, une flambée des contaminations et une grande partie de la population reconfinée, plongeant le pays, l’un des plus touchés en Europe avec plus de 72 500 morts, dans une crise profonde.
Au-delà, les défis sont considérables pour le dirigeant, qui a promis de donner au Royaume-Uni une nouvelle place dans le monde, résumée par le slogan « Global Britain ». Le gouvernement a déjà signé des accords commerciaux avec plusieurs pays, dont le Japon, surtout censés remplacer les accords en vigueur via l’UE, et lorgne aussi vers les États-Unis. Mais il va perdre un allié de poids avec le départ de Donald Trump, Brexiter convaincu contrairement à son successeur Joe Biden.
Boris Johnson doit aussi rassembler des Britanniques qui se sont déchirés sur le Brexit, au point de voir l’unité du pays se fissurer, l’Irlande du Nord et l’Écosse ayant voté en majorité contre la sortie de l’UE. (AFP)