L’UE doit tenir Israël pour responsable de la destruction des projets qu’elle finance à Gaza, selon un juriste norvégien

Lundi 3 Novembre 2025

Le professeur Gentian Zyberi

Le professeur Gentian Zyberi, expert en droit international et droits humains au Centre des droits de l’homme de l’Université d’Oslo, a appelé l’Union européenne à faire pression sur Israël pour maintenir le cessez-le-feu à Gaza.

 

Dans une interview accordée à Anadolu, il a dénoncé la poursuite des attaques israéliennes malgré l’accord de trêve, qualifiant cette situation de « grave problème ». Il a également insisté sur la nécessité pour l’UE de pousser Israël à autoriser une aide humanitaire massive dans la bande de Gaza.

 

Selon Zyberi, l’objectif de l’Union ne doit pas être de « revenir au statu quo », mais de favoriser la mise en place rapide d’un État palestinien indépendant et viable. « Aujourd’hui, l’accord semble tolérer qu’Israël tue chaque jour une centaine de Palestiniens, du moment qu’ils sont moins nombreux qu’avant ; ce n’est pas acceptable. Il faut aller au-delà de la simple cessation des hostilités et permettre une aide humanitaire à grande échelle », a-t-il déclaré.

 

L’universitaire a également rappelé que la situation en Cisjordanie reste préoccupante : « Les colons attaquent quotidiennement et la pression sur les Palestiniens y est immense. L’Union européenne doit élargir sa vision et considérer l’ensemble des territoires palestiniens occupés, pas seulement Gaza. »

 

Zyberi a estimé qu’Israël devait être tenu responsable des destructions commises à Gaza : « De nombreux hôpitaux et écoles ont été rasés. Je ne comprends pas pourquoi Israël ne devrait pas rendre des comptes, du moins pour les structures civiles financées par l’Union européenne. Israël a détruit des infrastructures financées par l’UE non seulement à Gaza, mais aussi en Cisjordanie et ailleurs. »

 

Le juriste a souligné que ces démolitions devaient être condamnées et qu’Israël devait verser des compensations à l’Union européenne.


- Des sanctions à réactiver

 

Évoquant les sanctions européennes envisagées avant le cessez-le-feu puis mises de côté, Zyberi a jugé que l’UE devait agir face aux violations flagrantes des droits humains commises par Israël. « Après des décennies d’impunité, d’apartheid et désormais d’actes assimilables à un génocide à Gaza, il est temps pour l’Union européenne de suspendre son accord d’association avec Israël », a-t-il affirmé.

Il a par ailleurs appelé à imposer des sanctions ciblées contre les colons violents et les ministres israéliens qui encouragent la confiscation des terres palestiniennes, ainsi qu’à décréter un embargo sur les armes.


« L’UE et ses États membres ne peuvent pas continuer à fournir à Israël les armes avec lesquelles il a tué ou blessé près d’un quart de million de personnes. Si elle veut rester fidèle aux valeurs qu’elle prétend défendre, sa voie est claire », a-t-il ajouté.


- Soutien à la justice internationale

 

Enfin, Zyberi a exhorté l’Union européenne à soutenir la Cour pénale internationale (CPI) et à rejeter les sanctions américaines illégales imposées à ses juges et procureurs.


« Les États-Unis ne peuvent pas sanctionner les magistrats de la CPI tout en prétendant défendre un ordre fondé sur le droit », a-t-il souligné.

 

Il a également condamné les sanctions prises contre Francesca Albanese, rapporteure spéciale des Nations unies sur la situation des droits humains en Palestine, rappelant que celle-ci bénéficie d’une immunité juridique dans le cadre de ses fonctions.


« Ces mesures sont contraires au droit international. L’Union européenne doit défendre la CPI, les mécanismes indépendants de l’ONU et la liberté de travail de nos collègues », a conclu le juriste norvégien. [AA]

 
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