Guérilla à Ngor assiégé : Un mort confirmé par le ministre de l'Intérieur, les cadres LEBOU dénoncent « la violence inouïe des gendarmes contre les populations. »

Mercredi 10 Mai 2023

Les violents affrontements qui ont eu lieu mardi à Ngor ont fait au moins au mort, alors que les populations et divers médias annoncent 2 ou 3 autres personnes tuées. Le ministère de l'Intérieur a fait état de "la découverte du corps sans vie d'une jeune fille sur la plage, derrière l'hôtel Ngor-Diarama de Dakar."

Dans un communiqué en date de ce 10 mai 2023, Antoine Félix Diome indique que "la victime est une adolescente d'environ quinze (15) ans, présentant une blessure à la tête. Elle a été ramenée sur la plage par les vagues et aurait été touchée dans l'eau, probablement par l'hélice d'une pirogue." 

Cette version officielle est jugée "cyniquement fantaisiste" par de nombreuses sources qui y voient une manière de "protéger les forces de l'ordre" en action sur place et dont les méthodes sont dénoncées comme extrêmement violentes.

Toute la journée du 9 mai 2023, Ngor était placé sous un imposant blocus par les éléments de la gendarmerie nationale confronté à une véritable guérilla des populations locales, notamment des jeunes. Un reportage de la chaîne planétaire qatarie "Al-Jazira" effectuée dans l'île montre la détermination des bandes de jeunes à défendre ce qu'ils considèrent comme leur bien, "sans interférence politique".  
 
Le différend qui a alimenté la tension concerne le titre foncier TF n°13331 d’une superficie de 6387 m2. Une assiette sur laquelle la gendarmerie voudrait construire une caserne, selon diverses sources.
 
Le 21 avril dernier, les populations soutenues par la municipalité avaient entrepris de s’opposer au dit projet en menant une forte guérilla contre les gendarmes pour bloquer tout début de travaux sur le lieu en litige.
 
En réalité, note l’Association des cadres Le PEEY LEBU, les affrontements ont débuté dans la soirée du lundi 8 mai entre jeunes manifestants et gendarmes, alors que « des négociations étaient en cours », lit-on dans un communiqué publié tard mardi.
 
Tout en appelant à l’accalmie, les cadres Lébous de Ngor « condamnent avec la plus grande fermeté la violence inouïe et disproportionnée déployée par la gendarmerie à l’encontre des populations de Ngor. »
 
Pour le PEEY LEBU, à travers cette affaire foncière à laquelle la gendarmerie est intéressée, « c’est la survie du village traditionnel qui est en jeu ». C’est pourquoi cette survie « exige de construire des solutions durables dans la paix et la stabilité. » D’où l’appel au dialogue lancé aux parties en conflit.
 
Sur son compte Twitter, Amnesty International pour le Sénégal appelle les autorités sénégalaises à réagir.
 
« Nous avons reçu des informations selon lesquelles des éléments de la gendarmerie opèrent un blocus à Ngor, privant les blessés de secours et d’assistance. Ces fais, s’ils étaient avérés, constituent de graves violations des droits humains. »
 
Selon Amnesty International, "ce blocus de Ngor devra immédiatement cesser. Les forces de sécurité, en maintien de l'ordre, doivent, en toute circonstance, garder leur sérénité et surtout veiller au respect des droits fondamentaux des citoyens. »

La commune de Ngor est située sur la pointe occidentale la plus extrême de la région de Dakar. Avec sa partie résidentielle, elle est également un prestigieux village traditionnel lébous de la capitale aux côtés de Yoff et Ouakam entre autres. (IMPACT.SN)
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