GUINÉE BISSAU - Auto-putsch fasciste néocolonial contre la vérité des urnes

Mercredi 3 Décembre 2025

Diagne Fodé Roland

Le néocolonialisme françafricain, eurafricain et usafricain aura décidément inventé toute sorte de stratagème pour maintenir l’Afrique dans ses griffes acérées spoliatrices. Nous avons connu les massacres de populations révoltées, les assassinats de leaders souverainistes radicaux, les putschs de juntes militaires et des dictatures civiles, les dévoiements des luttes des peuples en "conférences nationales" pour sauver le système néocolonial, les actuelles guerres de l'OTAN par djihado-terroristes interposés,  maintenant c’est le tour des auto-coups d’États comme on vient de le voir en Guinée Bissau.

 

C’est le dictateur qui annonce à la presse impérialiste (Jeune Afrique, RFI, France 24) qu’il est renversé, c’est lui qui commandite son exfiltration et choisit son pays d’accueil avec l’aide de son réseau du club des chefs d’États de la CEDEAO et de l’UA.

 

Prévoyant cette nouvelle fuite en avant putschiste, nous écrivions dès le 14/05/25 : « Il apparaît de plus en plus clairement que les perspectives de l’élection présidentielle sont à l’origine de ces coups d’état institutionnels d’Embalo qui avait été battu à plate couture lors des législatives du 4 juin 2023 par la coalition politique PAI – Terra Ranka, dirigée par son principal opposant, Domingos Simoes Pereira, leader du PAIGC. Hanté par la perte prévisible du pouvoir, le président Embalo veut éliminer son principal adversaire Domingos Pereira. Ce qui rappelle les pratiques de l’État hors la loi de Macky/APR/BBY au Sénégal. Tous ces forfaits liberticides ont été réalisés dans un silence assourdissant du club néocolonial de la CEDEAO contre lequel des organisations communistes, panafricaines, anti-impérialistes et populaires ont fondé avec le PAIGC à Accra le 10 décembre 2022 WAPO/OPAO (Organisation des Peuples d’Afrique de l’ouest) » (PUTSCH INSTITUTIONNEL EN GUINÉE BISSAU : QU’APPRENDRE SUR L’ÉTAT HORS LA LOI, LA CEDEAO ET L’AES ?).

 

De quels coups d’État institutionnels s’agissait-il déjà ? : « Embalo dont le mandat présidentiel est expiré vient de prolonger illégalement sa présidence et renie sa promesse de ne pas candidater le 30 novembre 2025. Le même avait déjà prétexté un prétendu coup d'État pour suspendre l’Assemblée Nationale où le peuple avait donné la majorité de 54 députés au PAIGC et changé brutalement le gouvernement pour mettre ainsi arbitrairement par décret présidentiel fin à la cohabitation décidée par le vote populaire… La dissolution arbitraire du parlement le 4 décembre 2023 a un rapport avec le fait que celui-ci s’apprêtait à voter une loi pour demander la fin et le départ immédiat des forces de la CEDEAO qui manifestement ne sont là que pour protéger Embalo intronisé dans un hôtel en présence du seul Macky Sall et non pour préserver la démocratie, l’état de droit. Une commission parlementaire avait aussi été mise en place pour élucider le dossier du « faux coup d’État » de février 2022 que le président Embalo aurait fomenté contre sa propre personne occasionnant des pertes en vies humaines et l’arrestation de plusieurs hauts officiers et des civils » (idem). 

 

En effet, non seulement Embalo imite son « frère Macky Sall » en empêchant la candidature du PAIGC, mais il fomente à nouveau cet auto-coup d’État fasciste pour stopper la vérité des urnes une fois le peuple ayant voté.

 

Pour comprendre comment en est-on arrivé à cette caricature putschiste tragique mais ridicule que même les laudateurs les plus fanatiques de la CEDEAO/UEMOA n’osent défendre, il faut non seulement prendre en compte la nature néocoloniale de l’État néocolonial post-assassinat d’Amilcar Cabral, mais aussi sa mutation progressive en État narco-trafiquant. Tous les secteurs de l’État sont entachés par cette pénétration mafieuse en particulier l’armée dont la trajectoire mafieuse de Embalo lui-même, ex-officier, n’est qu’une illustration.

 

En effet, plusieurs sources médiatiques font état de ses « services de porteurs de valises d’argent » de l’ex-président assassin de Sankara, Blaise Compaoré, dans les « prises d’otages et rançons payées » dans le Sahel/Sahara, puis dans la transformation de la Guinée Bissau en « plaque du narcotrafic colombien » sous son magistère présidentiel putschiste. L’instabilité caractéristique multidécennale de la Guinée Bissau résulte manifestement de son intégration dans les réseaux mafieux françafricain, eurafricain et usafricain qui en a fait une terre de transit du narcotrafic sud-américain vers d’autres terres africaines de blanchiment d’argent sale parmi lesquelles sont citées par certaines sources le Sénégal, la Guinée Conakry, le Mali et la Côte d’Ivoire, etc, étape vers la destination clientéliste qu'est l'UE.

 

Les forces sociales et politiques souverainistes de nos pays africains ont intérêts à étudier sérieusement la liaison entre néocolonialisme, fascisation et narcotrafic pour contrer les menaces multiformes et protéiformes qui planent sur les expériences souverainistes en cours dans nos pays d’Afrique.

 

Un silence assourdissant s’est abattu sur le cercle des laudateurs néocoloniaux thuriféraires bruyants « anti-putschistes par principe (sic!) » de la CEDEAO/UEMOA ? Ces griots de la « démocratie » réduite au multipartisme néocolonial corrompu adorateurs de la dictature pilleuse des classes impérialistes sur nos pays, nations, États et peuples opprimés qui ont passé leur temps et énergie à condamner les coups d’État souverainistes au Mali, au Burkina et au Niger, en un mot l’AES, en se taisant sans aucun scrupule sur les les juntes putschistes semi-néocoloniales du Gabon et du Tchad, se révèlent être maintenant les idiots utiles du piège attrape-nigaud du « démocratisme formel » qui nie que toute démocratie est par essence au fond une dictature de classe.

 

Les ex-colonies portugaises qui ont aussi mené des guerres de libération s’étant démarquées, que vont faire maintenant la CEDEAO/UEMOA dont des troupes sont stationnées en Guinée Bissau et l’UA vu qu’Embalo, après son transit inacceptable sénégalais, est réfugié chez le dictateur françafricain du Congo ?

 

Nous exigeons une condamnation de cet auto-coup d’État d’Embalo et sa junte militaire narcotrafiquante, la poursuite sans aucune contrainte du processus de finalisation du décompte et la proclamation officielle des résultats du vote du peuple de Guinée Bissau.

 

Que va faire la transition dans laquelle est notre expérience souverainiste au Sénégal ?

 

Nous disons clairement qu’il faut remplacer la gestion militariste par une gestion politique à orientation panafricaine de la question Casamançaise. Le transit par notre pays de l’auto-putschiste Embalo trouve son explication dans cette délégation à l’armée par le biais du gouvernorat militaire de fait de ce territoire depuis au moins 1972 sous L.S. Senghor.

 

Les situations de guerre, puis de ni guerre ni paix ou plus exactement de successions d’escarmouches, d’instabilité permanente en Guinée Bissau dans laquelle notre armée nationale est parfois directement impliquée comme en 1998 et en Gambie, depuis l’échec du parlement Sénégambien entre 1981 et 1989, facilitent cette pénétration mafieuse du narcotrafic néocolonial boostée par la mondialisation du capitalisme libéral.

 

En effet on peut lire dans des rapports de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) ces chiffres effrayants à prendre en compte dans la marche vers une Afrique souveraine : « le marché mondial du trafic de drogue a une valeur globale annuelle estimée entre 426 milliards de dollars et 652 milliards de dollars (USD), ce qui en fait le deuxième marché illicite le plus lucratif mesuré après celui des produits contrefaits et piratés, dont on estime qu'il génère jusqu'à 1.13 billion de dollars par an » (rapport mondial 2022).

 

Notons avec satisfaction la dénonciation par WAPO/OPAO et la mobilisation de la communauté bissau-guinéenne et les anti-impérialistes panafricains du Sénégal contre l’intolérable transit d’Embalo au Sénégal et en solidarité avec la résistance bientôt victorieuse du peuple frère de Guinée Bissau contre le putsch fasciste néocolonial.

03/12/25

Diagne Fodé Roland 

 
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