GENOCIDE RWANDAIS : Emmanuel Macron reconnaît les responsabilités de la France, demande pardon mais écarte toute complicité

Jeudi 27 Mai 2021

Le président français Emmanuel Macron est arrivé à Kigali  ce jeudi 27 mai. Il tient désormais un discours au mémorial du génocide à Kigali. Discours où il est venu "reconnaître les responsabilités" de la France dans le génocide de 1994 au Rwanda. La France "n'a pas été complice" mais elle a fait "trop longtemps prévaloir le silence sur l'examen de la vérité", a-t-il déclaré.
 
"Seuls ceux qui ont traversé la nuit peuvent peut-être pardonner, nous faire le don de nous pardonner", a poursuivi le président français. Emmanuel Macron a aussi parlé de justice, et des dossiers dont la DW parlait ce jeudi matin dans sa matinale.  "Reconnaître ce passé, c'est aussi et surtout poursuivre l'oeuvre de justice. En nous engageant à ce qu'aucune personne soupçonnée de crimes de génocide ne puisse échapper au travail des juges". 
 
Pas de complicité 
 
Dans ce discours très attendu, Emmanuel Macron a donc insisté sur l'absence de "complicité" de la France : "Les tueurs qui hantaient les marais, les collines, les églises n'avaient pas le visage de la France", a-t-il déclaré: "Le sang qui a coulé n'a pas déshonoré ses armes ni les mains de ses soldats qui ont eux aussi vu de leurs yeux l'innommable, pansé des blessures, et étouffé leurs larmes."
 
Revenant sur le travail de mémoire, il a évoqué le "devoir" de la France : "celui de regarder l'histoire en face et de reconnaître la part de souffrance qu'elle a infligée au peuple rwandais en faisant trop longtemps prévaloir le silence sur l'examen de la vérité". 
 
Rapport de 1200 pages
 
En mars dernier, un rapport d'historiens consacré au rôle de la France au Rwanda avait déjà été publié. Ce rapport de 1.200 pages parlait alors des "responsabilités lourdes et accablantes" de la France et à l'"aveuglement" du président socialiste de l'époque François Mitterrand et de son entourage face à la dérive raciste et génocidaire du gouvernement hutu que soutenait alors Paris.
 
"Je pense que, malgré de légères divergences dans leurs conclusions, ces rapports posent des bases solides pour bâtir une meilleure relation entre nos deux pays", avait alors déclaré le président rwandais Paul Kagamé dans un entretien au magazine Jeune Afrique. Avant Emmanuel Macron, l'ancien président Nicolas Sarkozy s'était déjà rendu à Kigali. C'était alors la première fois qu'un président français se rendait au Rwanda depuis le génocide. (avec DW)
 
Nombre de lectures : 163 fois