Aïssatou Sophie Gladima, ex-ministre des Mines et de la Géologie de l’ancien régime, est depuis ce 21 mai 2025 pensionnaire de la prison pour femmes du quartier de Liberté à Dakar. C’est la décision prise à son encontre par la Commission d’instruction de la Haute cour de justice de la République qui l’a entendue durant plusieurs heures en présence de ses avocats. Elle a été inculpée de plusieurs chefs d’accusation : association de malfaiteurs, détournement de deniers publics, escroquerie portant sur les deniers publics, blanchiment de capitaux…, le tout sur la somme de 193,70 millions de francs CFA.
A l’origine des mésaventures de celle qui est la maire de Joal-Fadiouth - sur la Petite côte - le montant d’un milliard de francs CFA attribué à son ministère et provenant des fonds mobilisés par l’Etat lors de la pandémie Covid-19. Aïssatou Sophie Gladima décide alors d’ériger un centre gravimétrique à Kédougou (sud-est) au profit des orpailleurs victimes de la maladie dans cette zone aurifère du pays. Selon la Cour des comptes et la Division des investigations criminelles (DIC), des fonds ont été décaissés et versés à l’entreprise choisie pour la construction de l’infrastructure - Société commerciale du groupe Issa, SGCI - sans que le projet connaisse un début de commencement. Ce qui est considéré comme un acte irrégulier par la commission d’instruction.
Les réquisitions obtenues par l’enquête judiciaire auprès d’Oranbank attestent du paiement de trois chèques du Trésor d’un montant global de 119,870 millions de francs CFA émis par le ministère des Mines et de la Géologie en faveur du groupe dirigé par Ibrahima Issa, rapporte la résolution de mise en accusation de Aïssatou Sophie Gladima adoptée par l’Assemblée nationale le 8 mai 2025.
Des fonds décaisses et versés en toute irrégularité
« Il résulte de l’enquête que le montant de 80 millions de FCFA ayant servi au paiement du matériel qui est supposé avoir été acheté a fait l’objet d’une transaction tout à fait informelle. L’argent a été remis à un opérateur de transfert s’activant aux allées Papa Guèye Fall avant qu’un de ses correspondants ne remette au fournisseur chinois une somme équivalente en Chine en lieu et place d’un ordre de virement international », ajoute la même source.
Personnage clef de ces opérations, Alassane Diallo, ex Directeur de l’administration générale et de l’équipement (DAGE), est en fuite et fait l’objet d’un mandat d’arrêt international. Mais avant, il a confié à la police avoir agi sous l'autorité de la ministre, ordonnateur des dépenses.
Quant au patron de SCGI, il a été laissé en liberté sous contrôle judiciaire après paiement d'une caution, indique le journal Libération.
Le centre gravimétrique de Kédougou n’a pas encore vu le jour.
Aïssatou Sophie Gladima est ainsi la première femme ministre de l’ancien président Macky Sall a être placée sous mandat de dépôt et écrouée dans le cadre des enquêtes judiciaires relatives à la gestion des fonds Covid-19. C’est l’un de ses défenseurs qui s'est adressé à la presse au terme de sa première comparution devant la commission d’instruction de la Haute cour de justice.
« Ma cliente est innocente et se suffit largement de ce qu’elle a toujours gagné. Présentement, elle vit cette épreuve avec beaucoup de dignité (…) Elle a confiance en la justice de son pays car elle n’est aucunement impliquée dans ce qu’on lui reproche », a dit l’avocat aux journalistes.
Lundi 19 mai 2025, Ndèye Saly Diop Dieng, ancienne ministre de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection de l’enfance a été inculpée et placée sous contrôle judiciaire contre un cautionnement de 57 millions de francs CFA.
Sur un autre dossier de corruption présumée, l’ex ministre de la Justice Garde des Sceaux, Ismaïla Madior Fall, a également été inculpé et placé en résidence surveillée avec port du bracelet électronique. [IMPACT.SN]