Européennes: Macron taxé d'"opportunisme écologique" en France

Mercredi 22 Mai 2019

PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron réunit jeudi le premier conseil de défense écologique (CED), une mesure post-"grand débat national" qui peine à convaincre les associations de défense de l'environnement et les élus écologistes, qui y voient une forme d'"opportunisme" avant les élections européennes de dimanche.
 
Cette instance, annoncée par le chef de l'Etat lors de sa conférence de presse à l'Elysée le 25 avril, a vocation à se réunir "régulièrement" autour du Premier ministre Edouard Philippe et de plusieurs ministres, dont François de Rugy (Transition écologique), Bruno Le Maire (Economie), Agnès Buzyn (Santé) et Julien Denormandie (Logement).
 
Imaginé sur le modèle du conseil de défense, ce conseil sera chargé de fixer "les priorités (...), s'assurera de leur prise en compte dans l'action de la politique du gouvernement et du suivi de leur mise en oeuvre", explique l'exécutif.
 
Se tiendra ensuite "courant juin" une convention citoyenne composée de 150 citoyens tirés au sort et chargée selon Emmanuel Macron de "redessiner toutes les mesures concrètes d'aide aux citoyens sur la transition climatique".
 
"Ça s'appelle de l'opportunisme électoral", a dénoncé mercredi sur France Inter Yannick Jadot, tête de liste Europe Ecologie-Les Verts aux élections européennes. "L'écologie ça ne peut pas être qu’un discours face à l'urgence, ça ne peut pas être qu'une promesse, qu'un opportunisme électoral quelques jours avant une élection, l'écologie ça doit être de l'action".
 
Quant à la convention citoyenne, "c'est génial, nous les écologistes on a toujours été pour la participation citoyenne" mais beaucoup des idées nées de ces initiatives ont fini "à la poubelle", a-t-il dénoncé, citant les Etats généraux de l'agriculture et de l'alimentation, ou les 500.000 contributions sur l'écologie issues du "grand débat national".
 
"GADGET"
 
"Donc oui, (il faut mettre) toujours les citoyens au coeur de la transition écologique mais quand on les prend pour un gadget, là on déstabilise la démocratie et on rend tout le monde fou furieux", a ajouté Yannick Jadot, dont la liste est créditée d'environ 7,5% dans les sondages.
 
Le leader écologiste, qui espère reproduire le scénario des européennes de 2009 - où les Verts avaient obtenu 16% après avoir été crédités de 8% dans les sondages -, n'a pas mâché ses mots contre l'alliance La République en marche-Mouvement démocrate (LaRem-MoDem), qui a recruté l'ex-ministre Vert Pascal Canfin et fait de l'écologie un pillier de sa campagne.
 
"Ils veulent ratisser le vote écolo", a-t-il fustigé mardi sur RTL. "Ils ne veulent pas sauver le climat, ils ne veulent pas sauver la biodiversité, ils veulent, en période électorale, piquer les voix des écologistes".
 
D'autres écologistes ont pointé "le trop grand écart" entre les promesses écologiques figurant au programme de LaRem pour les européennes et les actes du gouvernement.
 
"Le compte n'y est pas", a ainsi estimé l'ancien député LaRem Matthieu Orphelin dans le JDD. "En l'état, je ne peux pas décemment voter pour la liste En Marche", a ajouté l'élu proche de Nicolas Hulot, l'ancien ministre de la Transition écologique qui a claqué la porte du gouvernement en août 2018 pour protester contre une politique de "petits pas".
 
Au-delà de la sphère politique, le conseil de défense écologique suscite prudence et scepticisme chez les ONG.
 
"Le président annonce la création d'un nouveau comité. Décidément, le temps de l'action climatique, ce n'est pas encore pour aujourd'hui", avait réagi Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France, au moment de sa création.
 
Face aux critiques, les membres du gouvernement dénoncent un faux procès et mettent en avant les mesures prises depuis le début du quinquennat d'Emmanuel Macron.
 
"Quand je vois les reproches que l'on nous fait sur l'écologie, c'est d'une injustice cataclysmique", estime un ministre. "Le bio dans les cantines, la fermeture effective de Fessenheim, la fin des néocotinoïdes, du glyphosate, l'arrêt des centrales à charbon, la fin programmée des hydrocarbures, Notre-Dame-des-Landes, tout cela c'est nous !"
 
Quant au conseil de défense écologique, "il peut avoir une issue référendaire", fait-il valoir.
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