Dans l’ouest de l’Ouganda, les vies brisées de milliers de déplacés climatiques

Vendredi 3 Décembre 2021

Madina Kabatuku, pieds dans l’eau, pelle à la main au milieu d’un paysage désolé, creuse avec l’énergie du désespoir pour ériger un cordon de terre et déjouer ce qui semble inéluctable. Bientôt, sa maison sera emportée. Depuis un mois, la rivière Nyamwamba est sortie de son lit et a pris possession de Kanyangeya, un village situé dans la vallée de Kasese, au pied des monts Rwenzori, dans le sud-ouest de l’Ouganda.
 
« Ici, il y avait des maisons et deux églises », indique-t-elle, en pointant du doigt une étendue d’eau d’où seuls émergent des bananiers et quelques plans de maïs, à moitié inondés. Derrière elle, sa maison de briques crues se tient encore bien droite. Des voisins lui ont donné du ciment pour la consolider.
 
Un peu plus en aval, Birula Perusi vit aussi au rythme du flux et du reflux du cours d’eau. « A chaque fois que l’eau pénètre dans la maison, nous sortons. Puis nous revenons. Même si c’est risqué, nous n’avons pas d’autre endroit où aller. Nous partirons quand elle sera tombée », explique-t-elle, en équilibre sur un tronc posé dans l’eau pour faire un pont entre sa maison et un bout de terre sèche. Avec ses huit enfants, elle ira rejoindre les autres victimes des inondations, dont le nombre ne cesse de croître dans cette région soumise à des épisodes de pluies de plus en plus violents et inattendus. (Le Monde)
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