Crise ukrainienne - Biden prêt à rencontrer Poutine « à tout moment »

Dimanche 20 Février 2022

Le président américain Joe Biden est prêt à « rencontrer » son homologue russe Vladimir Poutine « à tout moment, qu’importe le format si cela permet d’éviter une guerre » en Ukraine, a indiqué dimanche son chef de la diplomatie, Antony Blinken.
 
Le secrétaire d’État, se démultipliant dans la matinée sur les plateaux télé de toutes les grandes chaînes américaines, a aussi réaffirmé que la voie diplomatique était encore possible « jusqu’à ce que les chars soient réellement en mouvement et les avions dans le ciel ».
 
Après avoir échangé ces derniers jours avec de nombreux dirigeants européens, « le président Biden a indiqué très clairement qu’il était prêt à rencontrer le président Poutine à tout moment et qu’importe le format », a souligné Antony Blinken sur CBS.
 
Le dernier appel entre les deux dirigeants remonte au 12 février, après lequel le Kremlin avait dénoncé une hystérie américaine « à l’apogée ».
 
Le secrétaire d’État américain, balayant toute accusation d’une exagération de la crise, a réitéré que la Russie était « sur le point » d’envahir l’Ukraine, assurant que Vladimir Poutine suivait pour l’instant « le scénario, quasiment à la lettre » de ce que les États-Unis avaient prédit.
 
« Tout ce que nous voyons suggère que ceci est très grave, que nous sommes sur le point d’une invasion », a-t-il alerté sur CNN, estimant que le maintien de troupes russes en Biélorussie pour des exercices militaires renforçait lui aussi les craintes d’une invasion.
 
Volonté d’« intensifier » les efforts diplomatiques
 
La Russie et l’Ukraine ont appelé dimanche à intensifier les efforts diplomatiques tout en s’accusant mutuellement d’être responsables de la flambée de violences dans l’Est, où les combats avec les séparatistes font craindre aux Occidentaux une intervention de Moscou.
 
Après des échanges téléphoniques séparés avec le président Emmanuel Macron, ses homologues russe Vladimir Poutine et ukrainien Volodymyr Zelensky se sont tous deux dits prêts à poursuivre les pourparlers.
 
Le président français a tenté « les derniers efforts possibles et nécessaires pour éviter un conflit majeur en Ukraine », après une rencontre au Kremlin avec Vladimir Poutine le 7 février.
 
À l’issue de cette conversation téléphonique, M. Poutine a dit vouloir « intensifier » les efforts diplomatiques pour régler le conflit dans l’Est de l’Ukraine, où Kiev combat depuis 2014 des séparatistes prorusses soutenus par Moscou.
 
Les Occidentaux craignent que la flambée des combats depuis deux jours sur la ligne de front ne serve de prétexte à la Russie, qui a massé 150 000 soldats aux frontières ukrainiennes, pour lancer une attaque contre son voisin pro-occidental.
 
Vladimir Poutine a mis dimanche cette flambée de violences au compte de « provocations » ukrainiennes, alors que les séparatistes ont ordonné l’évacuation des civils et la mobilisation des hommes en état de combattre.
 
Troupes russes en Biélorussie
 
Parlant également à Emmanuel Macron au téléphone, Volodymyr Zelensky a lui dénoncé les « tirs provocateurs » des rebelles parrainés par Moscou et appelé à la reprise des négociations avec la Russie sous l’égide de l’OSCE et à l’instauration d’un « cessez-le-feu immédiat ».
 
Selon l’Élysée, l’importance d’un cessez-le-feu a également été soulignée lors de l’entretien Poutine-Macron.  
 
M. Macron doit désormais s’entretenir avec le chancelier allemand Olaf Scholz et le président américain Joe Biden « dans les prochaines heures ». Les chefs de la diplomatie russe et français, Sergueï Lavrov et Jean-Yves Le Drian, s’entretiendront eux lundi, selon Moscou.
 
Une réunion extraordinaire de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) consacrée à l’Ukraine doit aussi avoir lieu lundi.
 
Plus tôt dimanche, la Biélorussie, allié de Moscou, avait fait savoir que les quelque 30 000 soldats russes présents sur son territoire, selon le décompte des États-Unis, et qui devaient partir ce dimanche, resteront pour d’autres exercices militaires.
 
Cette « inspection des forces » se poursuivant, selon Minsk, du fait de la reprise des combats dans l’Est de l’Ukraine, qui ont redoublé d’intensité dimanche dans un conflit qui a déjà fait plus de 14 000 morts depuis 2014.
 
Malgré cette annonce, l’Élysée a répété que M. Poutine avait redit à M. Macron « son intention de retirer ses troupes » de la Biélorussie « au terme des exercices en cours ».
 
Sur la ligne de front dans l’Est de l’Ukraine, les journalistes de l’AFP ont pu entendre une série d’explosions.
 
Pour Oleksiï Kovalenko, un plombier de 33 ans interrogé dans un abri à Zoloté, « ça tire fort en ce moment ».
 
« Cet abri n’est pas aménagé, mais il a sauvé des vie en 2014. Il n’y a pas d’eau et les gens en amène avec eux », témoigne-t-il. « Beaucoup de gens partent, mais certains restent parce qu’ils n’ont nulle part où aller ».
 
« Vivre normalement »
 
Natalia Zibrova, 48 ans, dit elle « vouloir vivre normalement » et ne pas avoir à s’inquiéter « si les enfants auront le temps de fuir les bombes ». Résignée, elle reste chez elle en chaussons et robe de chambre, tandis que retentissent les tirs.
 
Moscou se défend de tout projet d’invasion de l’Ukraine mais réclame des garanties pour sa sécurité, dont la promesse que le pays n’intègrera jamais l’OTAN et la fin du renforcement des forces de l’Alliance à ses frontières, autant de demandes que les Occidentaux ont rejetées.
 
Vladimir Poutine a encore insisté sur ce point dimanche auprès d’Emmanuel Macron, appelant Washington et l’OTAN à « prendre au sérieux » les demandes russes.
 
La crise autour de l’Ukraine depuis fin 2021 a provoqué la pire escalade des tensions que l’Europe a connue depuis la Guerre froide, plusieurs pays occidentaux martelant que l’invasion russe pouvait survenir à tout moment.
 
Emboîtant le pas des États-Unis et de l’OTAN, qui ont dit craindre une « attaque de grande ampleur », le premier ministre britannique Boris Johnson a assuré dimanche que la Russie préparait « ce qui pourrait être la plus grande guerre en Europe depuis 1945 ».
 
Joe Biden a lui convoqué son Conseil de sécurité nationale pour une réunion de crise dimanche soir. Signe que la voie diplomatique reste ouverte, MM. Blinken et Lavrov doivent se rencontrer le 24 février. (AFP)
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