Des combattants insurgés ont été aperçus par des habitants aux abords de la capitale. L’Émirat islamique leur a ordonné de ne pas essayer d’entrer dans la ville, selon un de leur porte-parole.
Les insurgés talibans sont entrés dans la périphérie de Kaboul dimanche matin, selon des sources gouvernementales afghanes citées par les agences Associated Press (AP) et Reuters. Dans la nuit de samedi à dimanche, ils s’étaient emparés de la ville de Jalalabad.
La capitale afghane Kaboul est la seule grande ville encore contrôlée par le gouvernement. Trois sources gouvernementales ont assuré à l’AP que les talibans étaient dans les districts de Kalakan, Qarabagh et Paghman. Les militants ont par la suite assuré que la capitale ne serait pas saisie de force. «Aucune vie, propriété et dignité ne sera ciblée et les vies des citoyens de Kaboul ne seront pas mises en péril», ont affirmé les insurgés, cités par l’AP.
Un porte-parole des talibans, cité par l’agence AFP, a déclaré que les militants avaient reçu l’ordre de rester aux portes de Kaboul et de ne pas entrer dans la ville. «L’Émirat islamique ordonne à toutes ses forces d’attendre aux portes de Kaboul, de ne pas essayer d’entrer dans la ville», a affirmé sur Twitter Zabihullah Mujahid, un porte-parole des talibans. Cependant plusieurs résidents cités par les médias occidentaux affirment que des militants sont bien présents dans des quartiers de la ville.
«Transfert pacifique du pouvoir»
Un «transfert pacifique du pouvoir» vers un gouvernement de transition va avoir lieu en Afghanistan, où les talibans sont proches de prendre le contrôle total du pays, a affirmé dimanche le ministre afghan de l’Intérieur, Abdul Sattar Mirzakwal.
«Les Afghans ne doivent pas s’inquiéter (…) Il n’y aura pas d’attaque sur la ville (de Kaboul). Et il y aura un transfert pacifique du pouvoir vers un gouvernement de transition», a déclaré Abdul Sattar Mirzakwal dans un message vidéo.
Situation «sous contrôle»
Le cabinet du président afghan Ashraf Ghani, a fait savoir dans un message posté sur Twitter que des tirs «sporadiques» étaient observés dans Kaboul mais que la capitale n’était pas attaquée, assurant que la situation était «sous contrôle». «Les forces de sécurité et défense du pays oeuvrent ensemble avec les partenaires internationaux pour garantir la sécurité de la ville», selon ce message cité par la BBC.
En à peine dix jours, les talibans, qui avaient lancé leur offensive en mai à la faveur du début du retrait final des troupes américaines et étrangères, ont pris le contrôle de quasiment tout le pays. La déroute est totale pour les forces de sécurité afghanes, pourtant financées pendant 20 ans à coups de centaines de milliards de dollars par les États-Unis, et pour le gouvernement du président Ghani, lequel semble désormais acculé à la capitulation et à la démission.
«Il serait presque impossible pour (Ghani) de rallier les forces de sécurité pour défendre Kaboul. Toutes perspectives de combat dans la ville elle-même déclencheraient une catastrophe humanitaire majeure», a déclaré à l’AFP Ibraheem Thurial Bahiss, un consultant de l’International Crisis Group (ICG), estimant que la pression devait monter sur le chef de l’Etat pour qu’il démissionne.
Destruction de documents sensibles
Face à l’effondrement de l’armée afghane, le président américain, Joe Biden, a porté à 5000 soldats le déploiement militaire à l’aéroport de Kaboul pour évacuer les diplomates américains et des civils afghans ayant coopéré avec les États-Unis qui craignent pour leur vie.
Le Pentagone évalue à quelque 30’000 le nombre de personnes à évacuer au total. Comme la veille, les hélicoptères américains continuaient dimanche leurs rotations incessantes entre l’aéroport et l’ambassade américaine, un gigantesque complexe situé dans la «zone verte» ultra-fortifiée, au centre de la capitale.
L’ambassade américaine a ordonné à son personnel de détruire les documents sensibles et symboles américains qui pourraient être utilisés par les talibans «à des fins de propagande».
Londres a parallèlement annoncé le redéploiement de 600 militaires pour aider les ressortissants britanniques à partir. Plusieurs pays occidentaux vont réduire au strict minimum leur présence, voire fermer provisoirement leur ambassade. Mais la Russie a indiqué dimanche ne pas prévoir d’évacuer son ambassade et oeuvrer pour la tenue d’une réunion urgente du Conseil de sécurité de l’ONU.
Réponse «rapide et forte»
Le président américain a menacé les talibans d’une réponse «rapide et forte» en cas d’attaque qui mettrait en danger des ressortissants américains lors de l’opération d’évacuation. Mais il a aussi défendu sa décision de mettre fin à 20 ans de guerre, la plus longue qu’ait connue l’Amérique, lancée dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001, pour renverser les talibans en raison de leur refus de livrer le chef d’Al-Qaïda, Oussama ben Laden.
«Une année ou cinq années de plus de présence militaire américaine n’aurait fait aucune différence, quand l’armée afghane ne peut ou ne veut pas défendre son propre pays», a-t-il affirmé.
Au fil de la journée, la panique s’est emparée de la capitale. Les magasins ont fermé, des embouteillages monstres sont apparus, des policiers ont été vus troquant leur uniforme pour des vêtements civils.
Une énorme cohue était visible auprès de la plupart des banques, les gens cherchant à retirer leur argent tant qu’il était encore temps. Les rues étaient aussi remplies de véhicules chargés à ras bord tentant de quitter la ville, ou de se réfugier dans un quartier que les gens estiment plus sûr.
Les «valeurs islamiques»
Dans le quartier de Taimani, au centre de la capitale, la peur, l’incertitude et l’incompréhension pouvaient se lire sur le visage des gens. «Nous apprécions le retour des talibans en Afghanistan, mais nous espérons que leur arrivée mènera à la paix et non à un bain de sang. Je me rappelle, quand j’étais enfant, très jeune, les atrocités commises par les talibans», a déclaré à l’AFP Tariq Nezami, un commerçant de 30 ans.
Beaucoup d’Afghans, surtout dans la capitale, et les femmes en particulier, habitués à la liberté qu’ils ont connue ces 20 dernières années, craignent un retour au pouvoir des talibans. Lorsqu’ils dirigeaient le pays, entre 1996 et 2001, ces derniers avaient imposé leur version ultra-rigoriste de la loi islamique.
Les femmes avaient interdiction de sortir sans un chaperon masculin et de travailler, et les filles d’aller à l’école. Les femmes accusées de crimes comme l’adultère étaient fouettées et lapidées. Les voleurs avaient les mains coupées, les meurtriers étaient exécutés en public et les homosexuels tués.
Les talibans, qui veillent à afficher aujourd’hui une image plus modérée, ont maintes fois promis que s’ils revenaient au pouvoir, ils respecteraient les droits humains, en particulier ceux des femmes, en accord avec les «valeurs islamiques». Mais dans les zones nouvellement conquises, ils ont déjà été accusés de nombreuses atrocités: meurtres de civils, décapitations, enlèvements d’adolescentes pour les marier de force, notamment. (ATS)
Les insurgés talibans sont entrés dans la périphérie de Kaboul dimanche matin, selon des sources gouvernementales afghanes citées par les agences Associated Press (AP) et Reuters. Dans la nuit de samedi à dimanche, ils s’étaient emparés de la ville de Jalalabad.
La capitale afghane Kaboul est la seule grande ville encore contrôlée par le gouvernement. Trois sources gouvernementales ont assuré à l’AP que les talibans étaient dans les districts de Kalakan, Qarabagh et Paghman. Les militants ont par la suite assuré que la capitale ne serait pas saisie de force. «Aucune vie, propriété et dignité ne sera ciblée et les vies des citoyens de Kaboul ne seront pas mises en péril», ont affirmé les insurgés, cités par l’AP.
Un porte-parole des talibans, cité par l’agence AFP, a déclaré que les militants avaient reçu l’ordre de rester aux portes de Kaboul et de ne pas entrer dans la ville. «L’Émirat islamique ordonne à toutes ses forces d’attendre aux portes de Kaboul, de ne pas essayer d’entrer dans la ville», a affirmé sur Twitter Zabihullah Mujahid, un porte-parole des talibans. Cependant plusieurs résidents cités par les médias occidentaux affirment que des militants sont bien présents dans des quartiers de la ville.
«Transfert pacifique du pouvoir»
Un «transfert pacifique du pouvoir» vers un gouvernement de transition va avoir lieu en Afghanistan, où les talibans sont proches de prendre le contrôle total du pays, a affirmé dimanche le ministre afghan de l’Intérieur, Abdul Sattar Mirzakwal.
«Les Afghans ne doivent pas s’inquiéter (…) Il n’y aura pas d’attaque sur la ville (de Kaboul). Et il y aura un transfert pacifique du pouvoir vers un gouvernement de transition», a déclaré Abdul Sattar Mirzakwal dans un message vidéo.
Situation «sous contrôle»
Le cabinet du président afghan Ashraf Ghani, a fait savoir dans un message posté sur Twitter que des tirs «sporadiques» étaient observés dans Kaboul mais que la capitale n’était pas attaquée, assurant que la situation était «sous contrôle». «Les forces de sécurité et défense du pays oeuvrent ensemble avec les partenaires internationaux pour garantir la sécurité de la ville», selon ce message cité par la BBC.
En à peine dix jours, les talibans, qui avaient lancé leur offensive en mai à la faveur du début du retrait final des troupes américaines et étrangères, ont pris le contrôle de quasiment tout le pays. La déroute est totale pour les forces de sécurité afghanes, pourtant financées pendant 20 ans à coups de centaines de milliards de dollars par les États-Unis, et pour le gouvernement du président Ghani, lequel semble désormais acculé à la capitulation et à la démission.
«Il serait presque impossible pour (Ghani) de rallier les forces de sécurité pour défendre Kaboul. Toutes perspectives de combat dans la ville elle-même déclencheraient une catastrophe humanitaire majeure», a déclaré à l’AFP Ibraheem Thurial Bahiss, un consultant de l’International Crisis Group (ICG), estimant que la pression devait monter sur le chef de l’Etat pour qu’il démissionne.
Destruction de documents sensibles
Face à l’effondrement de l’armée afghane, le président américain, Joe Biden, a porté à 5000 soldats le déploiement militaire à l’aéroport de Kaboul pour évacuer les diplomates américains et des civils afghans ayant coopéré avec les États-Unis qui craignent pour leur vie.
Le Pentagone évalue à quelque 30’000 le nombre de personnes à évacuer au total. Comme la veille, les hélicoptères américains continuaient dimanche leurs rotations incessantes entre l’aéroport et l’ambassade américaine, un gigantesque complexe situé dans la «zone verte» ultra-fortifiée, au centre de la capitale.
L’ambassade américaine a ordonné à son personnel de détruire les documents sensibles et symboles américains qui pourraient être utilisés par les talibans «à des fins de propagande».
Londres a parallèlement annoncé le redéploiement de 600 militaires pour aider les ressortissants britanniques à partir. Plusieurs pays occidentaux vont réduire au strict minimum leur présence, voire fermer provisoirement leur ambassade. Mais la Russie a indiqué dimanche ne pas prévoir d’évacuer son ambassade et oeuvrer pour la tenue d’une réunion urgente du Conseil de sécurité de l’ONU.
Réponse «rapide et forte»
Le président américain a menacé les talibans d’une réponse «rapide et forte» en cas d’attaque qui mettrait en danger des ressortissants américains lors de l’opération d’évacuation. Mais il a aussi défendu sa décision de mettre fin à 20 ans de guerre, la plus longue qu’ait connue l’Amérique, lancée dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001, pour renverser les talibans en raison de leur refus de livrer le chef d’Al-Qaïda, Oussama ben Laden.
«Une année ou cinq années de plus de présence militaire américaine n’aurait fait aucune différence, quand l’armée afghane ne peut ou ne veut pas défendre son propre pays», a-t-il affirmé.
Au fil de la journée, la panique s’est emparée de la capitale. Les magasins ont fermé, des embouteillages monstres sont apparus, des policiers ont été vus troquant leur uniforme pour des vêtements civils.
Une énorme cohue était visible auprès de la plupart des banques, les gens cherchant à retirer leur argent tant qu’il était encore temps. Les rues étaient aussi remplies de véhicules chargés à ras bord tentant de quitter la ville, ou de se réfugier dans un quartier que les gens estiment plus sûr.
Les «valeurs islamiques»
Dans le quartier de Taimani, au centre de la capitale, la peur, l’incertitude et l’incompréhension pouvaient se lire sur le visage des gens. «Nous apprécions le retour des talibans en Afghanistan, mais nous espérons que leur arrivée mènera à la paix et non à un bain de sang. Je me rappelle, quand j’étais enfant, très jeune, les atrocités commises par les talibans», a déclaré à l’AFP Tariq Nezami, un commerçant de 30 ans.
Beaucoup d’Afghans, surtout dans la capitale, et les femmes en particulier, habitués à la liberté qu’ils ont connue ces 20 dernières années, craignent un retour au pouvoir des talibans. Lorsqu’ils dirigeaient le pays, entre 1996 et 2001, ces derniers avaient imposé leur version ultra-rigoriste de la loi islamique.
Les femmes avaient interdiction de sortir sans un chaperon masculin et de travailler, et les filles d’aller à l’école. Les femmes accusées de crimes comme l’adultère étaient fouettées et lapidées. Les voleurs avaient les mains coupées, les meurtriers étaient exécutés en public et les homosexuels tués.
Les talibans, qui veillent à afficher aujourd’hui une image plus modérée, ont maintes fois promis que s’ils revenaient au pouvoir, ils respecteraient les droits humains, en particulier ceux des femmes, en accord avec les «valeurs islamiques». Mais dans les zones nouvellement conquises, ils ont déjà été accusés de nombreuses atrocités: meurtres de civils, décapitations, enlèvements d’adolescentes pour les marier de force, notamment. (ATS)