BPI France – « Dépendance aux produits alimentaires, Endettement en forte progression, affaiblissement de la popularité du Président », le diagnostic qui doit inquiéter les autorités sénégalaises

Dimanche 26 Juin 2022

Dans le contexte des crises multiformes qui frappent notre pays, notamment au plan économique et social, la dernière synthèse de la Banque publique d’investissement (BPI France) devrait faire réfléchir les autorités sénégalaises. Un constat aggravé a posteriori par une situation politique et électorale extrêmement dangereuse qui met en scène le pouvoir et l’opposition depuis plusieurs semaines. Trois faiblesses caractérisent le Sénégal aujourd’hui et pourraient se transformer en boulet : « une dépendance aux produits primaires », une « forte  progression de l’endettement », en particulier celle « de la dette non concessionnelle », et « un affaiblissement de la popularité du président » (Macky Sall).

La dette extérieure qui était à 75% du produit intérieur brut pour l’année 2021 « pourrait baisser légèrement à 73% du PIB en 2022. Néanmoins « la vulnérabilité du pays en cas de nouveau choc est toutefois accrue. »  
 
C’est le constat établi pour la « Fiche Pays Sénégal Mai 2022 » par la « Direction Evaluation, Etudes et Prospective » de l’établissement public français.
 
« Risque de mécontentement populaire »
 
Sur le volet de la stabilité sociopolitique, BPI France écrit :
« Les tensions sociales se sont accentuées en 2021, dégénérant en manifestations violentes et l’opposition s’est renforcée face au Président Macky Sall, qui dirige le pays depuis 2012. Les élections locales se sont déroulées dans le calme en janvier 2022 mais une montée des tensions ne peut être exclue à l’approche du scrutin législatif de juillet 2022. La hausse des prix et du chômage risque d’alimenter le mécontentement de la population. »  
 
« Lutte insuffisante contre le blanchiment »
 
Ainsi, l’instabilité politique et les affrontements entre les forces de défense et de sécurité et des militants d’opposition pourraient avoir des répercussions sur le climat des affaires à une échéance indéterminée.
 
« Les performances en matière de gouvernance sont plutôt meilleures que dans les autres pays de la zone. (Cependant) le Sénégal figure depuis février 2021 sur la liste du GAFI en raison de l’insuffisance de ses dispositifs de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme. L’Etat s’est engagé à prendre les mesures pour pallier ces défaillances », poursuit l’organisme public français.
 
« Des forces »
 
Toutefois, le Sénégal n’est pas sans atouts, ce que BPI France appelles « forces ». Ce sont ses importantes ressources minières comme l’or et le phosphate, son potentiel pétrolier et gazier mondialement reconnu et dont l’exploitation devrait bientôt lui ouvrir des perspectives plus heureuses, une économie diversifiée et une « démocratie installée » en dépit des événements actuels.
 
Le diagnostic de BPI France qui date donc de mai 2022 ne prend pas en compte l’évolution récente du front politique avec la guerre ouverte entre le camp du président de la république Macky Sall et l’opposition regroupée autour de la coalition Yewwi askan wi (Yaw) autour de Khalifa Sall et Ousmane Sonko. La contestation des procédures devant mener aux élections législatives du 31 juillet 2022 a déjà fait 4 morts violentes lors des manifestations du 17 juin dernier. L’une des causes de ces violences est l’invalidation de la liste nationale des candidats titulaires de Yaw par le conseil constitutionnel.
 
BPI France est une banque publique d’investissement qui agit en société anonyme pour le financement et le développement des entreprises depuis sa création en 2012 et administrée par la Caisse des dépôts et consignations (CDC) de France. Elle a ouvert un bureau à Dakar depuis 2021 au sein de l’ambassade de France au Sénégal pour orienter et conseiller les investisseurs français. En même temps, elle collabore avec la Délégation générale à l’entrepreneuriat rapide des femmes et des jeunes (DER/FJ), l’ambassade et l’Agence française de développement (AFD), notamment dans un programme visant à renforcer les start-ups appelé « Appui à l’accélération des entreprises tech sénégalaises ».
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