Antony Blinken salue l’approche de la Côte d’Ivoire contre le djihadisme

Mercredi 24 Janvier 2024

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a cherché à contrer le déclin démocratique en Afrique de l’Ouest et appelé à lutter contre l’extrémisme au-delà d’une approche strictement militaire, avant de poursuivre sa tournée africaine en Angola.

 

M. Blinken a proposé une assistance américaine élargie en matière de sécurité, mais déclaré qu’il fallait une « approche globale », près d’un an après que l’armée a renversé le président désigné du Niger, Mohamed Bazoum, et alors que la Russie et la Chine progressent dans la région.

 

Cet effort signifie « travailler avec les communautés locales dans un partenariat, démontrer que les forces de sécurité sont là avant tout pour les protéger et répondre à leurs besoins », a-t-il déclaré mardi à Abuja, la capitale nigériane, avant-dernière étape de sa tournée.

 

Cette approche inclusive avait « abouti à des résultats » au Niger lors du mandat de M. Bazoum, a déclaré M. Blinken.

 

« Partout où il y a eu un changement inconstitutionnel de direction », a-t-il ajouté, « les choses n’ont fait qu’empirer ».

 

Antony Blinken s’est entretenu avec le président du Nigeria Bola Ahmed Tinubu, élu l’an dernier sur un programme de mesures économiques et sécuritaires pour le pays le plus peuplé du continent et première économie d’Afrique.

 

Tout en saluant ces réformes, il a souligné que certaines d’entre elles, notamment la suppression des subventions sur les carburants, allaient provoquer de la « souffrance » à court terme.  

 

Washington a salué l’appel du président Tinubu à ouvrir une enquête après une attaque de drone de l’armée nigériane qui a tué accidentellement en décembre au moins 85 villageois célébrant une fête musulmane.
 

Les États-Unis sont engagés à être « un solide partenaire de sécurité pour le Nigeria », a dit M. Blinken.

 

Le Nigeria est en proie à des attaques massives de groupes criminels et djihadistes. Le conflit djihadiste qui sévit depuis près de 15 ans dans le nord-est a fait plus de 40 000 morts et 2 millions de déplacés.

 

L’approche ivoirienne

 

Plus tôt mardi, le secrétaire d’État américain avait salué l’approche ivoirienne dans la lutte contre le djihadisme.

 

« Je dois applaudir l’approche de la Côte d’Ivoire : travailler avec les communautés, les écouter, s’assurer que les forces de sécurité comprennent leurs besoins, leurs inquiétudes », a déclaré le chef de la diplomatie américaine lors d’un point presse aux côtés du président Alassane Ouattara. « Je pense que cela peut servir de modèle très fort pour les autres pays », a-t-il ajouté.

 

Frontalière du Mali et du Burkina, la Côte d’Ivoire a pour l’heure réussi à endiguer la menace djihadiste, en mêlant une approche sécuritaire et de développement économique. Le dernier incident lié à ces groupes armés dans le nord du pays remonte à début 2021.  

 

Antony Blinken a annoncé que la coopération américano-ivoirienne allait se renforcer notamment dans la formation de troupes. Quelque 45 millions de dollars seront ajoutés à un programme de 300 millions visant à aider les pays ouest-africains à lutter contre l’insécurité.

 

Alassane Ouattara a de son côté évoqué « une convergence de vues sur la situation continentale » dans une région ouest-africaine qui a « beaucoup de difficultés avec les coups d’État dans un certain nombre de pays voisins de la Côte d’Ivoire ».

 

« Nous sommes d’accord qu’il faut que ces pays avancent le plus rapidement possible vers des régimes démocratiques », a-t-il dit.

 

La Côte d’Ivoire fait partie des voix fortes d’Afrique de l’Ouest contre les coups d’État militaires qui s’y sont multipliés ces trois dernières années, au Mali, en Guinée, au Burkina et au Niger.  

 

Le Nigeria et la Côte d’Ivoire se tiennent largement aux côtés des États-Unis – tout comme un autre partenaire clé, le Kenya – malgré le malaise d’une grande partie du continent face à la volonté occidentale d’armer l’Ukraine et, plus récemment, face au soutien américain à Israël dans sa guerre contre le Hamas.

 

Leur position contraste avec un autre poids lourd du continent, l’Afrique du Sud, accusée par les États-Unis d’autoriser les expéditions d’armes vers la Russie et qui a récemment agacé Washington en portant une accusation de génocide contre Israël devant la Cour internationale de Justice.

 

Le président Joe Biden avait reçu en 2022 les dirigeants africains pour manifester un regain d’attention américain pour le continent. Il avait promis de se rendre en Afrique en 2023, mais n’a pas concrétisé cet engagement.

 

M. Blinken dont c’est la première visite en Afrique subsaharienne depuis mars 2023 a cependant repris les mots de M. Biden pour dire : « Nous mettons le paquet sur l’Afrique ». [AFP]

 
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